«Et, et, Zorro est arrivé
_ Sans s’presser
_ Le grand Zorro, le beau Zorro
_ Avec son ch’val et son grand chapeau.»
_ HENRI SALVADOR
Et soudainement est apparu, non pas Zorro, pas encore, pas tout de suite, mais le grand Bonhomme Sept-Heures qui s’était donné comme mission de faire peur au monde, afin de bien préparer le terrain à son double, Zorro Legault.
Et c’est ainsi que nous, pauvres Québécois incultes, nous avons appris, par la bouche du Bonhomme Sept-Heures, que nous avons le pire taux de réussite scolaire, que nos entreprises sont les moins performantes, que nos revenus par habitant sont inférieurs qu’ailleurs au Canada, que notre société est immobile et improductive, que nos services de santé coûtent le plus cher, que nos syndicats font la loi et l’ordre comme nulle part, que le Québec recule ou tourne en rond au lieu d’avancer depuis quarante ans, c’est-à-dire depuis que nous revendiquons haut et fort la souveraineté du Québec.
Je ne crois plus en l’indépendance du Québec, clame-t-il fièrement, c’est du passé tout ça. Fini les chicanes constitutionnelles stériles avec le gouvernement canadien qui nous ont fait perdre du temps et de l’argent, « il est temps qu’on passe à autre chose ». Comme si, pendant toutes ces années d’affrontement, le Québec n’avait pas gagné du terrain, arraché quelques pouvoirs de plus, malgré la tiédeur du gouvernement libéral actuel. Comme si notre sort, aussi bien comme seul peuple de langue française en Amérique du Nord que comme entité économique distincte, ne dépendait pas justement de notre statut soit de peuple colonisé et dépendant à jamais du ROC, soit de peuple libre et indépendant pour toujours. Comme si le fait de voter en faveur d’un parti souverainiste nous empêchait « de nous prononcer sur l’éducation, la santé, l’économie et plusieurs autres sujets qui nous préoccupent ». Pure démagogie de la part de ce Bonhomme Sept-Heures qui, à l’instar du chef de l’ADQ, M. Deltell, toujours accompagné, dans l’ombre, d’un M. Deuxième, Jean Allaire, est lui aussi accompagné d’un M. Deuxième, Charles Sirois, lequel jure n’avoir aucune ambition politique.
Je ne suis ni souverainiste ni fédéraliste, ni de gauche ni de droite, clame François Legault aussi fièrement que s’il s’agissait d’annoncer qu’il aime autant la margarine que le beurre. Moi qui ai toujours rêvé d’être un millionnaire communiste, afin de pouvoir participer justement à une meilleure redistribution de la richesse, mais qui n’ai jamais réussi à accumuler plus de 500 dollars dans mon compte en banque, je dois comprendre que M. Legault est, lui, un multimillionnaire qui n’a pas les mêmes habitudes que moi et qui ne rêve pas d’une société où il n’y aurait plus d’injustice et où les mots fraternité, liberté et égalité seraient la règle.
Alors donc, une fois bien préparé le terrain et après avoir secoué l’imaginaire des Québécois par la peur, François Legault, alias Bonhomme Sept-Heures, s’est transformé, la seconde d’après, en un Zorro à la voix faussement rassurante qui promet de faire du Québec une province prospère comme les autres. Il faut couper dans le gras, dit-il, réduire la taille du gouvernement, sabrer dans les effectifs qui sont trop nombreux, abolir ceci ou cela, tout en augmentant le salaire des médecins. Ainsi assagis, nous recevrons toutes les considérations d’Ottawa et des grands patrons de l’économie, ceux-là que conspuent justement les Indignés un peu partout dans le monde. Ainsi revenus dans le droit chemin, nous allons rentrer dans les bonnes grâces du ROC et allons nous enrichir. Un peu plus et il nous parle d’un nouveau « beau risque » à la sauce Harper.
Monsieur Legault, avec ses multiples personnalités, veut nous entraîner sur la voie du déshonneur, en reniant notre passé, notre fierté et nos revendications séculaires. Est-ce cela qu’il veut laisser en héritage à ses deux garçons? Mes enfants à moi, du moins les plus vieux, il y a longtemps qu’ils ont compris que la liberté et l’indépendance ont un prix, et ce n’est pas celui du déshonneur, mais bien de la revendication, celle qui nous permet d’avancer fièrement, la tête haute.
Monsieur Legault, en reniant volontairement le combat nécessaire pour notre indépendance, vous avez perdu votre honneur. L’indépendance doit se réaliser « si nous ne voulons pas disparaître dans les débris de l’histoire des autres ». (Victor-Lévy Beaulieu).
L’honneur perdu de François Legault
Monsieur Legault, en reniant volontairement le combat nécessaire pour notre indépendance, vous avez perdu votre honneur. L’indépendance doit se réaliser « si nous ne voulons pas disparaître dans les débris de l’histoire des autres ». (Victor-Lévy Beaulieu).
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