Américanisation

L’importation de la culture du proxénète au Québec

Hip-hop, proxénétisme et question raciale

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Chronique de Thomas Franche

L’année dernière, j’ai vu, par hasard, une vidéo de deux humoristes noirs d’expression bilingue vivant à Montréal, Aba & Preach (j’aimerais les appeler « Québécois », mais ils ont l’air de refuser notre identité). Au sujet de leur contenu presque exclusivement en anglais, je leur ai dit qu’il y a des tas de gens aux États-Unis qui font exactement le même contenu qu’eux et qu’ils devraient se distinguer en faisant quelque chose qui reflète la société à laquelle ils appartiennent : créer en français. Ils m’ont répondu ceci :
 


 


Dans une autre vidéo, ils s’insurgent que les Québécois veuillent les forcer à parler le français ; selon eux, être Québécois ne veut pas dire être francophone. Ils reprochent aussi aux Québécois d’être racistes – le tout livré dans le style « proxénète/gangster» propre aux États-Unis.


 










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Bien qu’ils habitent à Montréal, ils produisent tout en anglais parce qu'ils n'ont probablement consommé que de la culture pop américaine. Ils ne connaissent apparemment rien d’autre de la culture. Leur contenu me rappelle celui d’une chanteuse américaine qui s’appelle Cardi B. Curieusement, la chroniqueuse Aurélie Lanctôt chantait récemment les louanges de cette chanteuse. Voici sa poésie : 

« Look, my bitches all bad, my niggas all real I ride on his dick, in some big tall heels Big fat checks, big large bills Front, I’ll flip like ten cartwheels Cold ass bitch »

Le discours de ces personnes est toujours le même : un soi-disant racisme qui est présent partout, ou encore, une variation sur les thèmes de la drogue ou du sexe. Même des groupes métissés comme les Dead Obies de Longueuil produisent beaucoup de contenu anglophone dans le style « pimp ». Malgré la vulgarité de son propos, ce groupe s’est frayé un chemin sur les ondes de Radio-Canada.


 


 

La question qui se pose est la suivante : pourquoi ces personnes sont-elles toujours en train d’importer artificiellement au Québec les problèmes d’intégration raciale des Etats-Unis ? Pourquoi font-ils la caricature noire étatsunienne ? Des personnes comme Aba & Preach, Cardi B. et plusieurs autres sont sans doute complètement inconscients de la façon dont leur vision du monde a été créée pour eux, afin de les empêcher de voir au-delà de la couleur de leur peau. Parlons de l’échec du nationalisme civique au Québec et des fausses identités de certaines minorités ethniques inventées de toute pièce.

 


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Dans l'article « The Myth of the Great Black Pimp », Adissa Banjoko voyait un lien entre les révolutionnaires Black Panthers des années 1960 et les « pimps » des années 1970. Le proxénète est l’archétype de ce que Marx appelle les lumpenproletariat – des groupes de personnes qui ne servent qu’à créer des problèmes. Faute de discipline, le lumpenproletariat est incapable de devenir ce que Marx considère comme de « vrais révolutionnaires ».



Après que les Black Panthers furent éteints en 1969, un ancien photographe noir de Time/Life, Gordon Parks, devint ensuite le réalisateur de plusieurs films mettant en vedette les noirs, lançant le genre cinématographique de Blaxploitation. Dans ses mémoires, Gordon Parks indique qu’il a eu accès à Hollywood à la suite de son article pour Time/Life sur les Black Panthers.



On sait maintenant que Time/Life était une société-écran de la CIA. Gordon Parks était l’homme qu’a instrumentalisé Time/Life et la CIA pour pénétrer dans des organisations noires. 


« Le magazine Life avait essayé de pénétrer le monde noir pendant trois ans, sans succès. Les réseaux noirs restés fermés aux journalistes et photographes blancs. Étant donné que je suis noir, Life m'a demandé d’essayer d’y entrer et j'ai accepté. » (A Hungry Heart, p. 214 – traduction libre)

Après avoir quitté Time/Life, Parks a rencontré Jim Aubrey qui lui a remis le scénario du film Shaft, l’histoire d’un détective noir de Harlem, viril et suave. Shaft a été un grand succès, battant des records de fréquentation partout aux États-Unis. Parks a ensuite collaboré avec Aubrey sur deux autres films, The Super Cops et Shaft’s Big Score. Aubrey a remis à Parks le scénario du Superfly, un film présentant le proxénète comme nouveau modèle pour les jeunes noirs. Le fils de Parks, Gordon Parks Jr., a fini par réaliser Superfly. Il est aussi intéressant de noter que la troisième épouse de Parks, Gene Young, pensait que Jim Aubrey était « probablement un agent de la CIA ». (A Hungry Heart, p. 308).


 


 

Superfly est devenu le succès du Blaxploitation en 1972. Avant Shaft et Superfly, le noir idéal était un révolutionnaire, du type que symbolisaient le mieux les Black Panthers. Après Blaxploitation, le noir idéal est devenu le « pimp ». Le succès des films de Blaxploitation signifiait qu'Hollywood avait pris le contrôle sur l'esprit noir, ainsi que la fin de la solidarité noire créée par les mouvements des droits civiques des années 1960 et du « Black Power ».

 












Deux modèles à suivre, créés artificiellement pour encadrer l’esprit de la jeunesse noire.

 


Parks indique clairement dans ses mémoires que le but du film était de fournir un modèle à la jeunesse noire (A Hungry Heart, p. 317). Il ne mentionne jamais le genre de comportement que devaient inspirer des personnages comme Shaft, et plus tard Superfly, en tant que nouveaux modèles pour la jeunesse noire. De plus, il ne mentionne jamais le dérangement qu’allait causer ce comportement pour affaiblir encore plus la structure de la famille noire. Il ne mentionne jamais l'effet néfaste sur les femmes noires avec la glorification de ces protagoniste-proxénète. La valorisation du « pimp » signifiait qu'il était parfaitement acceptable que les hommes noirs exploitent les éléments les plus vulnérables de leurs propres communautés.

 


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Selon leurs propres archives, l’Open Society Foundation de George Soros a donné 33 millions de dollars pour la promotion de la tourmente raciale. Ceci est le genre de fait qui a transformé un cas isolé comme celui à Ferguson en cause célèbre nationale (#BlackLivesMatter). À Ferguson, ce qui a apparemment commencé comme des « manifestations spontanées » au niveau local a vite été exploité comme un soulèvement révolutionnaire, avec des manifestations artificiellement gonflées par les fonds d’Open Society Foundation :


« Des autobus de manifestants de la conférence Samuel Dewitt Proctor à Chicago, de la Drug Policy Alliance, de Make the Road New York, d’Equal Justice USA et de nombreux autres, ainsi que des réseaux de la Fondation Gamaliel - tous financés en partie par M. Soros - ont descendu à Fergusson à partir d'août pour organiser des manifestations. » (Kelly Riddel, Washington Post)

Opal Tometi, co-créateur de #BlackLivesMatter, qui dirige « Black Alliance for Just Immigration » a reçu 100 000 $ de financement Soros en 2011. Colorlines, qui s'est fortement impliquée dans la promotion de #BlackLivesMatter, a reçu 200 000 $ de Soros en 2011. L’Organization for Black Struggle et Missourians Organizing for Reform étaient deux autres groupes recevant également un financement de Soros. Il en va de même pour Dream Defenders et bien d’autres. Alors, le problème, est-il réel ou artificiellement créé pour mieux diviser ? Des personnes noires au Québec regardent cela, se croient eux-mêmes victimes et se solidarisent avec d’autres personnes aux Etats-Unis qui n’ont rien à voir avec leur réalité en sol québécois.



On nous dit que les vies des Noirs comptent. En 1972, la jeunesse noire faisait la fil sur plusieurs pâtés de maison pour assister à la glorification du proxénète noir par Hollywood : Superfly. Seulement deux ans plus tard, il y eut 970 homicides à Chicago, un record historique (80% des victimes étaient malheureusement des noirs). Y a-t-il un lien ? Pourquoi d’aillleurs ne parle-t-on pas de ces meurtres ? Serait-ce parce que la fondation de George Soros ne paye personne pour en parler ?



Ainsi, tous ceux qui écoutent de la musique « gangsta rap » et parlent anglais tentent d’importer un phénomène étranger au Québec en inventant de toute pièce des histoires selon lesquelles les Québécois seraient racistes. En important ici des mythes de la culture noire américaine et en basant leur identité sur ces récits, ces personnes ne se rendent même pas compte qu’elles encouragent une culture artificiellement créée à leur intention, par le biais de Blaxploitation et de la musique rap. Ils croient qu’ils sont les descendants spirituels d’un conte mythologique de la sainte civique irréductible Rosa Parks par le seul fait qu’ils ont une peau plus foncée. Ne serait-ce pas mieux de laisser tomber cette culture créée artificiellement et importée ici et de contribuer à construire le Québec tous ensemble ?



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1 commentaire

  • Guy Huard Répondre

    23 novembre 2021

    Aba & Preach auraient intérêt à lire ton article... Des noirs américains affranchis tiennent le même discours que toi. Les mesures sociales que certains ont pu croire le résultat des revendications des noirs américains ont eu pour effet de fragiliser les familles ouvrières noires et d'absoudre les pères de leur responsabilité en ressac d'une soi-disant libération de la femme la rendant dépendante des prestations sociales. Le résultat a été l'absence endémique des pères dans ces couches sociales avec l'effet que l'on rencontre partout: décrochage social, petite criminalité, guerres de gang, problèmes de drogues, meurtres. Parallèlement, Planned Parenthood a été déployé par les eugénistes autant pour contenir le nombre, donc le coût pour l'état, que pour pourrir plus avant les mentalités. On peut ajouter pour faire bonne mesure l'épidémie de crack orchestrée par la CIA sur la Côte Ouest pour écouler la drogue achetée pour financer son trafic d'armes en Amérique latine. Les jeunes noirs américains ont de quoi se révolter mais, comme tu l'expliques, le piège était là pour les neutraliser. Cette même culture "gangsta rap" fait aussi d'énorme ravages dans tous les barrios d'Amérique Latine.