L'indépendance un bien en soi - Réponse à C. Montmarquette

L'indépendance remède au «mondialisme»

Chronique de Gilles Verrier

En réponse à l'article [« L’indépendance d’abord »->26661] : Une stratégie de droite -
Je n'étais pas sûr au début si cet article était une blague ou si c'était vraiment sérieux tant il me semble coulé dans une autre époque, cette époque révolue où les bourgeoisies nationales dominaient encore la destinée des nations...
L'indépendance est désirable pour le Québec et c’est d’abord une question de liberté. La liberté pour cet ensemble humain constitué historiquement, géographiquement et culturellement qu’est la nation québécoise de définir ses politiques sans être à la merci d’un autre ensemble humain constitué politiquement en dépit du premier, et qui s'est arrogé le « droit » de la majorité. Avant d’être un positionnement sur l’échiquier politique, l'indépendance est d’abord pour une nation la volonté de se constituer en « échiquier », soit un ensemble cohérent où la démocratie devient jouable. Avant d’être une question de droite et de gauche, l'indépendance est une question de liberté et de démocratie.
Votre confusion entre le national et le social embrouille votre analyse des forces en présence, c’est le moins qu’on puisse dire. À vous croire, il faudrait renoncer à l'indépendance à moins qu’elle ne soit menée par les forces qui représentent aujourd’hui moins de 5 % de la faveur populaire ? Faut-il déceler dans votre prise de position une blague, une crainte ou un dédain à peine voilé de tout nationalisme à moins qu’il ne soit encadré par la gauche, une posture des socialistes traditionnels que je reconnais certes, mais qui fait de ces derniers, à notre époque, des dinosaures du mondialisme. L'anachronisme de cette « posture » socialiste me semble crispée dans le temps et résister à toute mise à jour roborative devant la nouvelle donne, caractérisée par l’émergence d’une hyper classe apatride, attelée à la mise en place du nouvel ordre mondial (NWO).
À notre époque du « mondialisme », la renaissance de la nation pourrait le mieux forger le fer de lance de la résistance au « communautarisme », au morcellement de l'opposition et à la réduction des êtres humains en individus anonymes détachés les uns des autres dans leurs frontières et au-delà, graduellement poussés dans cette servitude nouvelle que nous sommes nombreux à redouter. L'internationalisme solidaire ne peut désormais s’envisager que par le biais de la coopération entre des nations fortes, retrouvant ou acquérant leur souveraineté. Votre mise en garde contre toute souveraineté qui ne serait pas à l'image de vos idées envoie le mauvais message et influence négativement les Québécois et les peuples du monde...
Le patriotisme et la souveraineté nationale sont plus que jamais des biens en soi, des gages de démocratie, du maintien de la diversité et de la liberté et cela vaut davantage pour les petites nations dont l’accès à la liberté doit être absolument inconditionnel puisque leur indépendance sera toujours tributaire du recul de la barbarie devant la civilisation; un cadeau donné par le reste du monde, sachant que l'indépendance des petits peuples ne sera jamais garantie que par la grandeur morale et spirituelle des puissants. Seul l'essor des valeurs respectueuses de la liberté chez les Canadians, chez nos voisins et à l'échelle mondiale nous garantiront la liberté et la paix. Par notre soif de liberté, nous sommes appelés à interpeller les autres et à les grandir à leurs propres yeux. C’est en cela que nous sommes un grand peuple, dans notre idéal d'indépendance qui a vocation de ranimer les valeurs de la civilisation occidentale qui a verbalisé et fondé les concepts de démocratie et de liberté. L'indépendance du Québec en tant que telle peut faire grandir le monde dans le sens de la liberté et de la fraternité. Pour l'égalité, nous compterons toujours sur des gens comme vous, M. Montmarquette, dont on ne saurait se passer. Mais je m'étonne qu'un progressiste soit si méfiant devant cette perspective révolutionnaire.
Le PQ, non plus que QS ne feront l'indépendance. Nous sommes à une époque semblable à celle de Georgi Dimitrov ou de Simon Bolivar, si ces noms vous disent quelque chose, une époque où les forces vives de la résistance doivent s’unir pour accomplir leur projet libérateur.

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Gilles Verrier139 articles

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Entrepreneur à la retraite, intellectuel à force de curiosité et autodidacte. Je tiens de mon père un intérêt précoce pour les affaires publiques. Partenaire de Vigile avec Bernard Frappier pour initier à contre-courant la relance d'un souverainisme ambitieux, peu après le référendum de 1995. On peut communiquer avec moi et commenter mon blogue : http://gilles-verrier.blogspot.ca





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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    31 mars 2010

    Très bon texte. J'ajoute que l'indépendance pour une nation, c'est une fin en soi et non pas un moyen. L'indépendance n'est pas de gauche ni de droite. C'est un geste libérateur qui permet à un peuple de décider lui-même de son destin national, pour le meilleur et pour le pire. C'est exactement la même chose qu'un mineur qui accède à la majorité et à la liberté. Ce qu'il fera de sa vie, nul n'en sait rien et rien ne nous permet de dire d'avance que les choix qu'il fera seront les bons. L'exemple de l'Islande et de l'Irlande face à la crise de 2008 est très pertinent.
    La question nationale n'a pas à être subordonnée à quelque idéologie que ce soit. Elle doit être au dessus des idéologies et des partis politiques. Ce qui n'empêche nullement les partis politiques d'avoir leur propre agenda social.
    Quand l'ennemi est à l'intérieur des murs, c'est pas le temps de discuter de la couleur des tapis.
    Pierre Cloutier

  • Serge Charbonneau Répondre

    30 mars 2010

    Qu'on soit de gauche ou de droite, je crois qu'on s'entend pour dire que l'Indépendance est un remède à bien des choses.
    J'apprécie aussi la référence à Simon Bolivar.
    Je connais moins Georgi Dimitrov, mais sûrement qu'il avait à cœur le bien-être de la majorité. Il s'est tenu debout devant le pouvoir.
    Il y a les Dimitrov, les Bolivar, les Chávez (alias le gros verrat de nos journaux), les Morales, les Castro (le dictateur sanguinaire de nos journaux) qui travaillent pour leur pays et leur population et il y a les Rockfeller, les Soros, les Berlusconi, les Desmarais, les Charest, les Black, les… qui travaillent pour leurs propres intérêts.
    Qu'on soit de gauche ou de droite, je crois qu'il faut toujours faire valoir nos intérêts.
    Nous avons tous des intérêts "personnels", bien sûr, mais on ne devrait jamais négliger ou «oublier» nos intérêts collectifs.
    Serge Charbonneau
    Québec

  • Isabelle Poulin Répondre

    29 mars 2010

    Pour mieux comprendre, j'ajoute les biographies de Georgi Dimitrov et de Simon Bolivar et quelques liens, à vous de voir !
    http://en.wikipedia.org/wiki/Sim%C3%B3n_Bol%C3%ADvar
    http://en.wikipedia.org/wiki/Georgi_Dimitrov
    http://en.wikipedia.org/wiki/Reichstag_(building)
    http://en.wikipedia.org/wiki/Reichstag_(building)
    http://dprogram.net/2009/01/22/secrets-of-the-reichstag-fire/