Il y a toujours un envers à la médaille, dit cet adage qui s’applique bien à la situation économique actuelle du Québec et du Canada. PIB en hausse, chômage en baisse, inflation contenue… Tout cela comporte un prix : celui d’assister bientôt au retour des taux d’intérêt « normaux ».
Avec un taux de chômage de 6 %, soit le plus bas depuis 1976, année où Statistique Canada a remanié son questionnaire pour mieux identifier les individus au chômage, le Québec se rapproche d’une situation de plein-emploi. Dans le reste du Canada, la situation est aussi enviable, à l’exception des régions affectées par les prix déprimés des ressources.
La faiblesse du dollar canadien explique en partie la bonne performance de l’économie canadienne fortement axée sur l’exportation. Puis, il y a le fait que le Canada a été moins durement touché que les autres pays industriels par la crise de 2009 et que la confiance des consommateurs s’est maintenue à un niveau surprenant dans les circonstances.
Il y a maintenant plus de huit ans que nous n’avons pas subi de récession. Ce n’est pas la première fois que cela se produit, mais c’est la première fois que nous avons pu remonter la pente aussi rapidement après une crise.
Cela dit, tout n’est pas rose : le Canada et le Québec tirent de l’arrière en matière de gains de productivité et d’investissements des entreprises, ce qui pourrait avoir des conséquences négatives dans un avenir prévisible si le vent de protectionnisme qui souffle du sud s’amplifie.
En attendant, chacun profite de la conjoncture pour améliorer quelque peu son niveau de vie grâce à son travail, à des baisses d’impôt même légères et à des crédits plus généreux pour les familles, ou encore grâce à la performance de ses placements mobiliers et immobiliers.
L’absence d’inflation caractéristique des dernières années a permis à la Banque du Canada de maintenir les taux d’intérêt à des niveaux très bas pour soutenir une croissance anormalement faible dans les circonstances.
Du coup, malgré les augmentations salariales plutôt faibles, les ménages canadiens ont profité de l’abondance de capitaux disponibles à peu de frais pour emprunter et satisfaire leur appétit de consommateur. Mais cela pourrait changer dès la semaine prochaine alors que la Banque du Canada décidera d’augmenter ou non son taux directeur.
Selon une étude de l’OCDE, la dette totale des ménages canadiens a connu une augmentation presque cinq fois plus rapide que la moyenne des pays du G7. Les ménages canadiens sont ainsi devenus les plus endettés.
Une telle explosion s’explique évidemment par la faiblesse des taux et l’augmentation du prix des propriétés, mais aussi par la grande facilité des ménages à obtenir des marges de crédit adossées à la valeur de leur maison.
Alors que certains utilisent cet outil relativement nouveau pour rénover leur propriété, d’autres optent en priorité pour la consommation.
Or, contrairement aux gouvernements qui peuvent reporter indéfiniment le moment de rembourser leurs dettes, les particuliers doivent y parvenir avant la fin de leurs années actives malgré les aléas de la vie (séparation, perte d’emploi, maladie, etc.). On a la mémoire courte et huit années de croissance ininterrompue ont suffi pour nous faire oublier que nous vivons dans un système inévitablement cyclique où les crises surviennent subitement.
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