Réponse à Joseph Facal

La descente de la CAQ

Sondages

« Rien n’est joué » dit Joseph Facal, comme pour encourager un peu les troupes de François Legault, incrédules, qui commencent seulement à prendre la mesure des sondages.

Au contraire, plus rien n’est jouable qui pourrait empêcher la descente de la C.A.Q.
Si le putsch contre Pauline Marois avait fonctionné, l’électorat québécois, déjà très mécontent du gouvernement libéral, méfiant à l’égard de toute l’agitation péquiste et de ce qui aurait pu en résulter, se serait retourné en direction de François Legault comme vers une police d’assurance. C’est lui et personne d’autre qui serait devenu irrésistible.
Les récents sondages montrent bien d’ailleurs que ce que les démissionnaires péquistes et surtout les mutins prévoyaient en faveur de Gilles Duceppe (une envolée certaine dans les sondages, advenant le départ de la madame) Pauline Marois est actuellement capable, et rapidement, de prendre elle-même son propre relais si on peut dire.
Tant que la tentative de putsch contre Pauline Marois était en cours, selon une tradition qui consiste à poignarder ses chefs avec application, l’électorat jaugeait d’où pourrait bien venir le changement auquel il aspire. Sans personne pour le contester, François Legault pouvait alors facilement occuper tout seul cette case sur l’échiquier.
Maintenant que Pauline Marois a réussi à survivre à ses amis indépendantistes, bien plus dangereux pour elle que ses ennemis fédéralistes, l’électorat bleu se tourne à nouveau en direction de son parti, et se détourne (peut-être définitivement) de François Legault.

Gaffeur, incapable de prendre le lead et occuper véritablement la case Changement, François Legault cède le pas à Pauline Marois, qui va occuper de plus en plus cette case, au point de tout l’occuper. Il y a ici une prime à la résilience en faveur de Pauline Marois, que François Legault va avoir beaucoup de mal à surmonter. D’autant qu’il apparaît de loin comme un de plus parmi toute cette gang de députés péquistes qui ont démissionné.
Incapable de bien tracer la ligne le départageant des libéraux, François Legault tâtonne en titi. Sa position attentiste, comparée à celle de Pauline Marois, est devenue extrêmement précaire, particulièrement sur la question nationale, et il n’en faudrait pas beaucoup que cette dernière soit en mesure d’incendier la C.A.Q. aux yeux de l’opinion publique. Au surplus, le P.Q. de Pauline Marois possède en réserve des armes redoutables, sans équivalent chez les caquistes, amplement capables de les encercler sur bien d’autres fronts que celui du Changement.
Si les libéraux n’entreprennent pas bientôt une grande campagne de publicité négative contre elle, (ce qui serait possible, mais ô combien risqué pour la cause fédéraliste, si une telle cause existe…) c’est-à-dire faire eux-mêmes le travail effectué gratuitement jusqu’ici par les activistes indépendantistes les plus durs, mais pas toujours les plus purs, c’est Pauline Marois qui va devenir irrésistible. Quant à moi, le processus est déjà enclenché. Préférant surfer et n’ayant jamais établi un dialogue fécond avec l’électorat, (tout le contraire de ce qu’avait réussi René Lévesque avant la création du P.Q. et tout le contraire, à cet égard, de la capacité immense d’Amir Khadir), il serait incapable maintenant de sortir une carte de sa manche sans perdre toute crédibilité. François Legault n’a pas mal joué les cartes qu’il avait, il n’avait tout simplement pas les bonnes.
Charest, le P.L.Q. ? Perdus quelque part dans le West Island. N’en sortiront plus. La porte qui s’était ouverte pour eux en 2003 s’est graduellement et définitivement refermée. Amen et alléluia.
Une autre porte s’ouvre, qui n’avait jamais été ouverte. Une nouvelle conjoncture s’installe tranquillement, mais radicalement. L’Indépendance garde encore toutes ses chances et va redevenir d’actualité.


Laissez un commentaire



7 commentaires

  • Stefan Allinger Répondre

    14 mars 2012


    Vous me faites rire ceux qui croient connaître le résultat des prochaines élections. Vous prenez vos rêves pour des réalités.
    Depuis l'élection du NPD au Québec je me garde d'affirmer quoi que ce soit concernant l'issu des élections futurs. Même les sondeurs hésitaient à publier les résultats de peur de perdre leur crédibilité. Le québécois francophone moyen est imprévisible, très émotif et très manipulable. Les anglos et les allos votent historiquement pour le PLQ.
    Bonne chance aux différents partis.
    Stefan Allinger

  • Marcel Haché Répondre

    14 mars 2012

    Merci à tous ceux et celle qui ont répondu ici à mon texte.
    D’abord, André Gignac, je souris souvent des mes propres opinions. Je reste néanmoins fidèle à mes convictions. Peut-être sommes-Nous un peuple seulement mollasson, capable d’obtenir une indépendance mollassonne, avec un parti et des électeurs mollassons, je ne sais trop. Nos opinions se valent facilement et peuvent faire sourire si nous sommes indulgents.
    Ma conviction est que même mollassonne, notre indépendance serait préférable à ce tout un peuple a vécu longtemps, que Nous vivons encore, et que cette maudite molasse, héritée, est comme une composante imprégnée lors d’un passage obligé. Ça vous fatigue et ça me fatigue aussi, mais moins que vous semble-t-il, ma conviction étant que c’est APRÈS l’indépendance, toute mollassonne qu’elle puisse avoir été dans son avènement, que Nous pourrons devenir les géants et les géantes que Nous aurions dû être toujours.
    M. Le Hir
    Je crois que nous sommes d’accord. J’espère que votre commentaire en 4 points soit entendu et compris par …par ceux parmi nous qui forment la brigade légère…
    Roger Warren
    J’aime bien Marine Le Pen. Je persiste ici à prétendre que le discours récent de Jean Marie Le Pen, à Lille, est un magnifique discours dont tous les indépendantistes, tous, de droite comme de gauche, pourraient s’inspirer. Évidemment, ce n’est pas un magnifique discours qui pourrait plaire à tous les multi-culturalistes, souverainistes comme fédéralistes.
    Mona Simard
    On vante souvent la résilience de Pauline Marois. Je crois qu’elle le mérite. Au peak des pires attaques qu’elle a dû subir, il ne m’a pas semblé qu’il y avait là une carriériste qui protégeait sa carrière, non plus qu’une femme qui poursuivait son rêve de devenir la première femme P.M., mais j’ai vu une femme très digne ne pas répondre aux commentaires désobligeants et ne pas devenir désobligeante elle-même.
    Permettez : du stuf de chef !
    Didier, Didier, Didier
    L’Histoire est remplie de ces oligarchies qui, croyant tout savoir et tout contrôler pour le bien du peuple lui-même, pour le peuple lui-même, se sont aperçu en définitive qu’ils ne contrôlaient plus rien, parce qu’ils n’avaient rien compris du peuple, qui n’en faisait, lui, qu’à sa tête et qu’à son cœur.
    Je ne sous-estime pas votre point de vue, bien au contraire, nous serions sans doute sur la même barricade après l’Indépendance. Mais l’Indépendance, c’est l’Histoire. Les oligarques, c’est la p’tite histoire, avant de devenir la préhistoire.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 mars 2012

    La couverture positive qu'a reçu madame Marois de la part des médias mainstream fédéralistes démontre que l'establishment n'a rien à craidre du PQ et que le PQ est vraiment un parti de l'establishment qui ne changera rien au statu quo socio-économique favorable à la riche aristocratie capitaliste de la finance et des affaires et au statu quo du fédéralisme canadien.

    D'ailleurs, madame Marois n'est-elle pas elle-même membre de la riche aristocratie capitaliste de la finance et des affaires?

  • Archives de Vigile Répondre

    13 mars 2012

    Il arrivera à Legault ce qui arrive règle générale aux transfuges. Il sera battu aux prochaines élections générales. La statistique sur les vire-capots est immuable et historique: 4 transfuges sur 5 se font battre aux élections suivantes. Ce sera également le lot de Rebello et cie. Peut-être les caquistes auraient-ils pu échapper à la fatalité en incarnant réellement «le» changement? En répétant par exemple la prouesse de Jack Layton de le faire miroiter sans le définir? Mais c'est plutôt un bouillie pour les chats de théoricien technocratique qu'ils nous servent. A tout prendre, le changement, c'est en l'occurrence Pauline Marois qui nous libérera des libéraux et de leur aplatventrisme néo-libéral canadian.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 mars 2012

    Le PQ monte dans les sondages malgré l'inertie des leaders "indépendantistes" québecois.
    Le Bloc monte dans les sondages malgré l'inertie de Paillé et cie.
    Pour paraphraser Marine Le Pen qui dit que les francais sont des "lions dirigés par des ânes",qui sommes nous?
    Des moutons insignifiants dirigés par des vers de terre?

  • @ Richard Le Hir Répondre

    13 mars 2012

    M. Haché,
    Cela fait maintenant deux ans que l'indépendance est redevenue d'actualité.
    Quant à la CAQ, j'ai signalé à plusieurs reprises au cours de la dernière année qu'elle ne parviendrait pas à s'imposer comme force politique pour les raisons suivantes :

    1. Pas le bon chef
    2. Pas de soutien en région
    3. Pas d'organisation
    4. Pas de place sur l'échiquier politique dans un contexte de polarisation sur la question nationale
    Par ailleurs, l'expérience du PQ et de l'ADQ le démontre, cela prend plusieurs années pour monter un parti capable d'aspirer à former le gouvernement.
    Richard Le Hir

  • Archives de Vigile Répondre

    13 mars 2012

    @ Marcel Haché
    Vous me faites rire lorsque vous parlez d'indépendance avec Marois. C'est toujours la même vieille porte qui s'ouvre avec sa gouvernance souverainiste; du connu, du réchauffé. Avec la langue française qui disparaît tranquillement du paysage québécois et avec cette arrivée massive d'immigrants pour diluer notre cohérence sociale; où est Marois pour défendre nos intérêts collectifs et culturels? Jamais le PQ ne réalisera l'indépendance du Québec; ce parti est aussi fédéraliste que celui de Charest. Vous vivez d'illusions! Soyez un peu plus sérieux!
    André Gignac 13/3/12