Jeudi le 7 novembre dernier, Graham Fraser, le commissaire aux langues officielles du Canada, a déposé son 7e rapport annuel dans lequel il a également dressé un bilan de la situation depuis son entrée en fonction en 2006. Selon lui, il y aurait une réelle «érosion subtile» du bilinguisme dans la fonction publique du Canada impliquant des «lacunes embarrassantes» en la matière spécialement dans les aéroports du Canada anglais. À cet effet, que ce soit l’aéroport d’Edmonton, d’Halifax, d’Ottawa, de Toronto, de Winnipeg et de Vancouver, aucune n’a obtenu la note de passage au niveau du bilinguisme. Quelques mots étant souvent prononcés en français pour ensuite passer à l’anglais pour le reste du dialogue avec les clients.
Si les conservateurs soulignent sans surprise la montée du bilinguisme au pays tout en qualifiant les observations de Monsieur Graham de «spéculation», les propos du commissaire sont clairs et pointent vers le fait que cette montée du bilinguisme repose davantage sur des francophones apprenant l’anglais que l’inverse. Par ailleurs, le commissaire a dénoncé la nomination de juges unilingues à la Cour suprême en plus de mettre en lumière que la coupure de 19 000 emplois dans la fonction publique il y a 2 ans a eu un impact significatif au niveau du bilinguisme. Notons que le chef du Nouveau Parti Démocratique (NPD) Thomas Mulcair a mentionné que le rapport de Graham Fraser traduit l’indifférence du gouvernement de Stephen Harper sur la question du bilinguisme.
Cette situation pour le moins gênante pour le gouvernement conservateur est selon moi révélatrice de la fausse reconnaissance de la nation québécoise, juridiquement entérinée à Ottawa par le gouvernement Harper en 2006. Cette action politique, qui visait à faire taire ceux qui revendiquaient pour un traitement différentiel (avec raison) pour le Québec en tant que berceau de la majorité des franco-Canadiens, a toujours été une reconnaissance formelle, vide qu’elle est de toutes actions réelles visant à dispenser des services français dignes de ce nom. En réalité, cette reconnaissance pour ainsi dire fictive, ne s’est jamais répercutée dans la pratique par une réelle prise en compte du fait français comme un élément constitutif de la fédération canadienne.
On peut encore une fois constater, à travers le rapport du commissaire aux langues officielles que la langue française et les humains qui vivent à travers elle est la dernière des préoccupations des conservateurs d’Ottawa. Ceux-ci se permettant non seulement de couper dans les services offerts, mais en plus de ne pas s’assurer que les services restants soient réellement adéquats pour répondre aux anglophones comme aux francophones sur l’ensemble du territoire canadien. Comme l’a mentionné la militante indépendantiste Caroline Moreno citée par Érick Frappier dans Le petit livre des citations indépendantistes, «il y a une langue officielle au Québec : le français et l’anglais. Il y a deux langues officielles au Canada : l’anglais.» (Éditions Trois-Pistoles, 2009, p.51)
Rapport accablant du commissaire aux langues officielles
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