La fin des nations?

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« On se tourne vers notre gouvernement provincial, comme si le Québec était déjà indépendant. »


En cherchant un livre dans ma bibliothèque, hier, je suis tombé sur un essai que j’ai acheté en 2002 : La fin des nations, de Thierry Wolton.  


À l’époque, j’avais trouvé la thèse de ce livre intéressante : l’idée de nation n’a plus de raison d’être, l’avenir appartient à la « démocratisation planétaire », à la gouvernance mondiale, à l’effacement des frontières, blablabla.  


L’Europe ? Une farce!  


Dix-huit ans plus tard, ce livre écrit par un intellectuel de renom m’apparaît aussi niaiseux que Le manifeste du parti communiste ou Le Petit Livre rouge de Mao.  


On a vraiment cru ces balivernes ? 


« L’Europe est mieux placée que l’État-nation pour répondre aux défis planétaires », écrivait Wolton, le plus sérieusement du monde.  


Je serais curieux de voir la réaction de ce grand esprit au texte que le rédacteur en chef adjoint du quotidien italien La Repubblica a publié dans Le Figaro il y a quelques jours... 


« L’Union européenne ne nous a envoyé aucun médecin, aucun masque, et n’a aménagé aucun hôpital de campagne. 


Pourquoi l’Europe, avec son colossal appareil administratif et technique, n’a-t-elle rien fait pour prévenir l’épidémie et coordonner le confinement ? Pourquoi l’Europe ne s’est-elle pas chargée de mettre en place un plan de production commun d’équipements élémentaires, comme des appareils respiratoires et des vêtements de protection ? 


Même si nous vivons une situation extrêmement dramatique, l’Union européenne est apparue étrangère aux problèmes des citoyens : une entité bureaucratique incapable d’interventions concrètes. Il n’y a eu ni solida-rité ni supervision. » 


Charles de Gaulle était beaucoup plus visionnaire que Thierry Wolton. « On peut bien sauter sur sa chaise en criant “L’Europe ! L’Europe ! L’Europe !”, cela n’aboutit à rien, cela ne signifie rien », disait-il en décembre 1965. 


« Est-ce que le peuple français, le peuple allemand, le peuple italien, le peuple belge songeraient à se soumettre à des lois que voteraient des députés étrangers, dès lors que ces lois iraient à l’encontre de leur vérité profonde ? » demandait-il trois ans plus tôt, en mars 1962. 









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Nous  


Vers qui se tournent les citoyens pour se protéger, aujourd’hui ? 


Vers l’Union européenne ? L’ONU ? Le Commonwealth ? L’OTAN ? 


Non : vers leur gouvernement national.  


Au Québec, ce réflexe est encore plus marqué : on se tourne vers notre gouvernement provincial, comme si le Québec était déjà indépendant.  


Faut dire que le PM qui loge à Ottawa est un adepte de l’ouverture des frontières tous azimuts, façon Wolton. 


Il aura fallu la pression du peuple (et la menace d’une défaite cuisante aux prochaines élections) pour que le leader du Canada agisse enfin... comme le leader du Canada. Malgré ce que déclaraient les « citoyens du monde » (j’en étais) il y a 20 ans, non seulement le concept d’État-nation n’est pas mort, mais il n’a jamais été aussi vivant. Quand on se sent assiégé, menacé, on ne réagit pas intellectuellement, avec des abstractions, des « machins », pour reprendre le fameux mot de De Gaulle sur l’ONU, mais viscéralement, avec nos tripes.  


Et nos tripes, c’est notre culture, notre passé, notre histoire, notre langue, nos valeurs, notre territoire et, oui, nos frontières.  


Comme disait Mathieu Bock-Côté hier, des frontières, ça s’ouvre. 


Mais ça se ferme aussi.  


Rien de mieux que le gouvernement du Québec pour protéger les Québécois---. 


Édito de Richard Martineau












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