NDLR : Article remis en ligne le 27 avril 2017 en raison de sa pertinence à l'actualité courante.
Durant ses 9 années de pouvoir, Jean Charest a systématiquement planté ses pions à des postes clés de nos institutions, afin de les mettre au services du régime. Ce modus operandi s'est étendu à l'appareil judiciaire : Jacques Dupuis au ministère de la (in) sécurité publique, son ami Me Louis Dionne à la direction des poursuite pénales et criminelles, et d'autres affidés à la direction de la SQ, de l'UPAC, et de l'escouade Marteau. Sans oublier la nomination de certains juges (les post- its de la Commission Bastarache). De quoi prémunir le parti contre les mauvaises surprises...
Avec cette main-mise des Libéraux sur l'appareil judiciaire , on comprend les difficultés qu'ont pu avoir ceux qui œuvraient à la défense de l'intégrité des institutions contre la corruption endémique instaurée justement par le régime libéral. Prenons-en pour preuve le cas de ce fameux mandat de perquisition qui devait être exécuté en juin 2012, et qui, s'il l'avait été comme prévu en pleine crise étudiante coïncidant avec la période pré-électorale, aurait eu un effet dévastateur sur les espoirs de Charest d'être réélu.
Compte tenue de ces circonstances révélées dernièrement par les médias, la question de l'ingérence politique des Libéraux dans les activités de la Sureté du Québec a été évoquée timidement par certains journalistes. La réponse est pourtant évidente, il suffit de relire quelques articles de presse parue au cours des dernières années pour voir que la conclusion s'impose d'elle même.
L'ingérence politique des libéraux sur l'appareil judiciaire
« Selon un document rédigé par un enquêteur de l'UPAC, un mandat de perquisition ayant été autorisé le 1er juin 2012 n'a finalement pas été exécuté et reporté à une date ultérieure «pour des raisons opérationnelles et organisationnelles»... La directrice des communications du PLQ, Gabrielle Collu, a niée qu'il y ait pu avoir ingérence politique dans cette affaire. »
...
Le PLQ pas au courant mais, en fast-track pour détruire la preuve :
« Les cibles de l’UPAC ne sont pas identifiées pour protéger l’enquête en cours. Tout indique qu’elles savaient exactement ce qu’elles faisaient. Les acteurs impliqués entretenaient des liens privilégiés. Il est question de destruction de documents dans leurs échanges par courriel. Les enquêteurs n’ont d’ailleurs pas été en mesure de retrouver certains documents. »
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Questionnée (sur le report de la perquisition de 2012 à 2013) par La Presse, Anne-Frédérick Laurence, porte-parole de l'UPAC a niée toute ingérence politique...
Même si cette ingérence politique fut dénoncée, de l’intérieur même de ce corps de police, dans une lettre anonyme parvenue à La Presse en 2011, et dont l’authenticité ne fait aucun doute :
« L'auteur accuse sans détour le gouvernement d'ingérence:
« La Sûreté du Québec est une excellente organisation policière. Cependant, j'ai le regret de vous apprendre qu'il n'y aura aucun membre du gouvernement actuel qui sera accusé par la SQ ou l'UPAC! Pourquoi? Dans notre système actuel, il n'y a aucune indépendance entre le pouvoir policier et le pouvoir politique et c'est ce dernier qui dicte ses ordres au DG et aux DGA de la Sûreté. »
« Nos enquêtes sont orientées sur des cibles précises et nos enquêteurs doivent constamment tenir informés leurs supérieurs de leur évolution. Aucun membre du gouvernement ne sera enquêté sans que monsieur Martin Prud'homme, sous-ministre à la sécurité publique ou que monsieur Robert Lafrenière, commissaire de l'UPAC, en soient informés. »
Or, à qui ces deux hommes rendent-ils des comptes ?
La lettre, non signée, est écrite sur le papier officiel de la Sûreté du Québec. Sur l'enveloppe est imprimée l'adresse du quartier général, rue Parthenais, à Montréal. La Presse a pu faire vérifier son authenticité.
.....
Réaction du Directeur de la SQ M. Deschênes, lui même visé par cette grave allégation :
Cette allégation a piqué au vif M. Deschênes, qui tient à la réputation d'intégrité et d'indépendance de la SQ.
« Je ne mets pas en doute la provenance de la lettre, a-t-il dit. Je ne peux pas la mettre en doute: j'ai demandé à nos gens de faire enquête [pour savoir qui l'a écrite]. Mais je trouve inacceptable et même injuste que l'intégrité de (la SQ), soit mise en doute par des insinuations dans un document anonyme. »
...
Fin du contrôle libéral sur la SQ
Dès la prise du pouvoir, le gouvernement du Parti Québécois, bien au fait du dossier, a agi de manière décisive pour rétablir l'intégrité de la SQ. En octobre 2012, le nouveau ministre de la sécurité publique, M. Stéphane Bergeron, signifiait son congé au Directeur Deschesne, emportant avec lui sa garde rapprochée :
Radio Canada, mercredi 10 octobre 2012
Le gouvernement péquiste annonce que le directeur de la Sûreté du Québec Richard Deschênes ( nommé par les libéraux en 2008 pour un mandat de cinq ans.) est remplacé par Mario Laprise.
« Quand ce genre de changement survient, le directeur général se refait un cabinet », a expliqué M. Veilleux. Mario Laprise a en effet obtenu l'autorisation de modifier à sa guise sa garde rapprochée. (Pierre Veilleux, réélu président de l'Association des policiers provinciaux du Québec (APPQ)
Le mandat du nouveau Directeur de la SQ, Mario Laprise : rétablir l'intégrité de l'État (*)
Réaction prévisible, l'ex-policier de service chez les Libéraux dénonçait l'ingérence politique du gouvernement à SQ :
Robert Poëti a soutenu que M. Laprise, « homme compétent », était sympathique au Parti Québécois. Dans ce même article, La Presse en profite pour discréditer cette nomination.
La réplique est venu du nouveau ministre de la Sécurité publique, M Stéphane Bergeron, en décembre 2012. La révélation d`un événement grave à l'interne, qui n'aurait jamais été dénoncé par l'ex Directeur Deschesne puisqu'il était directement mis en cause :
Trois ex-officiers de la SQ soupçonnés d'abus de confiance et de fraude
« Selon nos informations, il s'agit de l'ancien directeur général de la SQ Richard Deschesnes (2008 à 2012), de l'ancien directeur adjoint aux enquêtes criminelles Steven Chabot (jusqu'en 2010) et de celui qui l'a remplacé à sa retraite, Jean Audette (2010 à 2012).
Toujours d'après nos sources, Steven Chabot aurait empoché lui-même l'indemnité de départ dont parle le ministre Bergeron, et le consultant professionnel payé avec l'argent du fonds secret serait un policier retraité de la SQ proche de Richard Desjardins qui a lancé une entreprise. » (Voir le vidéo en lien
Un coup de matraque durement ressenti pour l'ex-directeur Deschesne et 2 ex-membres de son état-major. Et tout aussi durement ressenti chez la haute gomme Libérale.
....
Un malheur ne vient jamais seul. Autre coup dur pour les Libéraux de Couillard, le 22 décembre 2012. La perte de contrôle de l'Escouade Marteau :
L'escouade Marteau aura un nouveau chef. Denis Morin serait remplacé par Michel Pelletier
Et, selon Le Devoir, 2 novembre 2013 Le PLQ plongé dans l’embarras : « L’escouade Marteau est en position de gâcher la prochaine campagne de Philippe Couillard. »
...
Autre élément sur la perte de contrôle des Libéraux sur l'appareil judiciaire. Le départ du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), Me Louis Dionne, (promu juge par Charest avant la dernière élection). Un ami sur lequel Jacques Dupuis, l'ex-ministre de la sécurité publique, pouvait se fier pour gérer les poursuites. Il aurait refusé de déposer des accusations dans le dossier Tomassi en 2011, prétextant un manque de preuve :
« Le DPCP a demandé ce mois-ci des compléments de preuve aux enquêteurs de l'UPAC, qui estimaient que leur dossier était complet. Irrités, les policiers se sont tout de même pliés promptement aux demandes de la poursuite, selon nos sources. »
Rappelons qu'en cette même année 2011, les procureurs réclamaient publiquement le départ de Me Louis Dionne, le directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) pour, entre autres motifs, sa proximité avec le premier ministre Charest:
« ... le président de l'Association des procureurs aux poursuites criminelles et pénales, Christian Leblanc... Selon lui, l'indépendance entre le gouvernement et le Directeur des poursuites criminelles et pénales n'est pas réelle.
Le Protecteur du citoyen, le Directeur général des élections, le Vérificateur général, relèvent tous de l'Assemblée nationale, a insisté M. Leblanc. Comment se fait-il que le DPCP se rapporte, lui, au gouvernement ?, s'interroge-t-il.
La question est d'autant plus importante dans la mesure où Louis Dionne relève directement du Conseil exécutif, le ministère du premier ministre, a-t-il continué. (...)
La leader parlementaire adéquiste, Sylvie Roy, réclame quant à elle la démission pure et simple de Louis Dionne. Comme les procureurs, elle estime que c'est à l'Assemblée nationale que revient la responsabilité de nommer le DPCP, qui ne devrait pas relever directement du gouvernement.»
Conclusion
Depuis que le nouveau gouvernement a décapité la pieuvre libérale à la Sureté du Québec, surprise surprise, les enquêtes sur la corruption ont débloqué. Et elles mènent dangereusement vers les hauts dirigeants de ce parti « le plus corrompu de notre histoire récente » comme le qualifiait l'ex-ministre libéral de la Justice, Marc Bellemare.
En septembre dernier les enquêteurs étaient à la porte de Philippe Couillard, qui, à l'entendre, est sorti « blanchi » de cette rencontre, en fait un interrogatoire en règle. Ce qu'il y avait de blanc, c'était surtout la couleur de son visage le lendemain de l'événement. Sans doute causée par la frayeur d'avoir à confronter une police que son parti ne contrôle plus.
....
(*) La Loi de la police stipule que la Sûreté du Québec (ANNEXE G) :
SERVICES POLICIERS SELON LES NIVEAUX ÉTABLIS PAR L’ARTICLE 70 :
Niveau 6 : Crime touchant les revenus de l’État, sa sécurité ou son intégrité
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9 commentaires
Archives de Vigile Répondre
29 novembre 2013Basta fâché lui-même n'était-il pas une bonne connaissance sinon un ami de Dupuis?
Jean-Claude Pomerleau Répondre
29 novembre 2013Le rapport d'enquête sur les allégations de nature criminelle à l'endroit de trois hauts gradés de la Sûreté du Québec (SQ) a été transmis au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP). Une décision quant à des accusations devrait tomber dans les toutes prochaines semaines, un an après le début de cette affaire.
(...)
http://www.lapresse.ca/actualites/national/201311/29/01-4715975-dirigeants-de-la-sq-lenquete-est-terminee.php
...
JCPomerleau
Jean-Claude Pomerleau Répondre
29 novembre 2013ENQUÊTE | SÛRETÉ DU QUÉBEC
Steven Chabot déclare la guerre à l’état-major
L’ancien numéro deux de la SQ poursuit l’actuel numéro un pour atteinte à sa réputation
http://www.journaldemontreal.com/2013/11/28/steven-chabot-declare-la-guerre-a-letat-major
...
JCPomerleau
P.s Ce matin au 98,5, Jean La pie-erre, spinnait pour nous vendre l'idée d'une police politique... du Parti Québécois. tentant de nous faire oublier que c'est la police politique des libéraux qui a été décapité.
Jean-Claude Pomerleau Répondre
7 novembre 2013Lagacé de La Presse vient de découvrir la police politique:
La Sûreté du Québec, police politique, police de calibre pee-wee
http://blogues.lapresse.ca/lagace/2013/11/07/la-surete-du-quebec-police-politique-police-de-calibre-pee-wee/#comment-356189
JCPomerleau
Michel J. Dion Répondre
6 novembre 2013En réponse à Luc Bertrand:
je vous cite:
Je crois que vous devez comprendre qu'il est normal, que, à priori, le PQ de Mme Marois ne semble pas avoir de plan concret pour amener le Québec à l’indépendance... Et c'est bien, car le plan est vraiment là et est bien enclenché, et nous sommes fort probablement plus près de notre projet de pays que vous le pensez. Il s'agit de lire entre les lignes. Et c'est tout à fait normal que ce plan soit quelque peu «caché» ou mal saisi. EX: si vous êtes en pleine partie de poker à gros sous, montreriez vous votre jeu en public et à votre adversaire..? Plusieurs gouvernements péquistes antérieurs ont fait cette erreur et se sont fait damer le pion par l'adversaire fédéraliste ! Il faut apprendre des erreurs du passé...
Le PQ établit ses rapports de force un à un, le projet de la charte en est un bel exemple. Le rapatriement progressive de l'assurance-emploi ne tardera sûrement pas, et avec un gouvernement péquiste majoritaire, une constitution québécoise verra sûrement le jour. Soyez patients, les avancées vers notre libération nationale suivent très bien leurs cours !
Éric Lévesque Répondre
6 novembre 2013Aussitôt que l'exécutif se joint au judiciaire, c'est une dictature, peu importe les nuances, parce qu'on détient les 3 pouvoirs en place.
Archives de Vigile Répondre
6 novembre 2013« Nos enquêtes sont orientées sur des cibles précises et nos enquêteurs doivent constamment tenir informés leurs supérieurs de leur évolution. Aucun membre du gouvernement ne sera enquêté sans que monsieur Martin Prud’homme, sous-ministre à la sécurité publique ou que monsieur Robert Lafrenière, commissaire de l’UPAC, en soient informés. »
Extrait d’une lettre anonyme provenant du QG de la SQ parvenue à La Presse en 2011
Dans ces circonstances, comment expliquer que Robert Lafrenière soit toujours en poste ?
Lire 'Le commissaire dont l’intégrité est à géométrie variable'
http://bit.ly/gsE8GN
Luc Bertrand Répondre
6 novembre 2013Je conseille fortement à Stéphane Bergeron de poursuivre le ménage de haut en bas au Ministère de la justice et à la Sûreté du Québec, tant que le Parti québécois formera le gouvernement.
Je lui souhaite aussi que l'UPAC et l'escouade Marteau démasquent d'autres grosses têtes du Parti libéral, de la mafia et des groupes de motards criminels d'ici au dépôt du prochain budget au printemps 2014. Qu'il suffise de mentionner que, même avec les révélations de la Commission Charbonneau sur les liens entre le PLQ, les partis municipaux et les fonctionnaires avec les entrepreneurs en construction et les firmes de génie-conseil, sans compter les nombreuses annonces économiques depuis l'été et le manque de visibilité de Philippe Couillard, le gouvernement Marois a été incapable de créer une fenêtre favorable à sa réélection majoritaire.
Le boulet que constitue Pauline Marois, son électoralisme à courte vue et son absence de plan concret pour amener le Québec à l'indépendance risquent de nous coûter très cher si la population décidait finalement de lui préférer Philippe Couillard et son "nouveau" Parti libéral. Même si ses adversaires indépendantistes (ON, PI) restent affaiblis et désorganisés, il n'y a vraiment rien pour pavoiser au Parti québécois. En assumant aveuglément la gouvernance impuissante et illusoire de la province de Québec, le PQ n'aide ni sa cause ni celle de l'indépendance, comme le démontre l'impopularité de son gouvernement dans les sondages depuis le début de l'année. Si au moins les coupures budgétaires et dans les services publics étaient faites dans un contexte de transition des pouvoirs fédéraux à ceux d'un pays, la population pourrait accepter d'en assumer le sacrifice vu le caractère temporaire de la situation. Ce n'est malheureusement pas le cas et la direction du PQ ne semble malheureusement pas réaliser son erreur. Il y a des limites à blâmer le peuple pour son statut de gouvernement minoritaire quand on a soi même manqué de courage pour rester cohérent avec son option et sa raison d'être!
Jean-Claude Pomerleau Répondre
6 novembre 2013J'aimerais souligner que mon texte est en quelques sorte le suivie de celui, M Jean Archambeault, publié sur Vigile en 18 décembre 2012 :
La Sûreté du Québec (SQ), police politique sous haute surveillance.
http://www.vigile.net/La-Surete-du-Quebec-SQ-police
Son texte démontre qu'il a été un des premiers à comprendre l'importance de l'enjeu de la police politique. C'est aussi à cela que sert Vigile.Merci M. Archambeault.
...
Il est important de comprendre que les nombreuses nominations des libéraux à des postes clés dans nos institutions, démontrent qu'ils conservent des capacités de nuisances importantes contre notre gouvernement(ex : on a qu'à penser aux sorties du Conseil du statut de la femme et de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, sur la Charte des valeurs).
Déloger ces pions libéraux incrustés partout dans l'appareil de notre État prendra du temps... Et ce temps, seul un gouvernement majoritaire peut le garantir.
JCPomerleau