La Libye des faits

Géopolitique — Afrique du Nord



On tue des gens en Libye. Que se passe-t-il ? On parle beaucoup de la Libye, mais en en disant très peu; on se borne à éructer des slogans pour conforter des préjugés. Comment échapper à l’enfumage constant des médias, ici encore plus grossier qu’a l’ordinaire ? Deux (2) petits trucs.
1. D’abord comprendre que PERSONNE n’a le fin mot de l’affaire. Ni vous ni moi, bien sûr, mais ni Sarkozy ni Obama, ni Kadhafi non plus, car la situation est un enchevêtrement d’intérêts nationaux et personnels – ceux-ci d’autant plus signifiants que ceux-là sont mal définis – et qu’il y a donc une infinité de joueurs dont l’importance relative n’est pas uniquement fonction de leur pouvoir… mais aussi de la priorité changeante qu’ils accordent à ce dossier. On ne sait donc vraiment pas ce qui en sortira. Il serait intéressant de faire un parallèle avec le nord de l’Italie, début Renaissance. Intrigues, zizanie, des mercenaires… des alliances au jour le jour, déloyauté et duplicité sans fin…
2. Prendre pour acquis qu’il n’y a que des FAITS dont on soit sûr, car toutes les interprétations des uns et des autres sont uniquement en fonction de l’agenda de celui qui interprète. La vérité n’est pas prise en considération, seulement la vraisemblance… et l’on n’est pas trop exigeant. Donc, s’en tenir aux faits.
Quels sont les faits concernant la Libye et les événements qui s’y déroulent ? On peut voir le site Wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Libye et le blogueur Loatse m’a fait parvenir des renseignements complémentaires que j’ai ajoutés et dont je n’ai aucune raison de douter de la véracité
D’abord, la Libye est le pays le plus riche de la région : trois (3) fois le niveau de vie de l’Égypte ou de la Tunisie ses voisines. Ça, ce n’est pas du génie; c’est le pétrole…. ! Mais Il y a plus. La Libye, selon le Programme des Nations unies pour le développement, a aussi le meilleur IDH (Indice de développement humain) d’Afrique. Pour ça, avoir du pétrole ne suffit pas. Il faut vouloir et pouvoir utiliser les revenus du pétrole pour qu’ils profitent a la population. On le fait en Libye comme nulle part ailleurs.
Il faut le vouloir pour que les services sociaux à la population et les aides à la consommation soient les meilleurs du monde. En Libye on l’a voulu. Les soins médicaux sont gratuits, l’éducation secondaire et universitaire sont gratuites. Le taux d’alphabétisation est supérieur à 90%. Chaque étudiant libyen qui veut faire ses études à l’étranger reçoit une bourse de 1 627,11 Euros par mois, et tout étudiant diplômé qui ne trouverait pas d’emploi reçoit le salaire moyen de la profession qu’il a choisie. Ça ne se discute pas: CE SONT LES FAITS.
Et il y a d’autres faits indiscutés. Les Libyens n’ont pas d’impôt à payer et la TVA n’existe pas en Libye. La Libye est le pays le moins endetté du monde: la dette publique est à 3,3% du PIB, alors qu’elle est à 84,5% en France et à 88,9% aux USA. Côté gestion, la Libye est exemplaire.
On donne beaucoup aux Libyens. Le droit au logement, par exemple, est jugé indiscutable et un logement doit appartenir à celui qui l’occupe.
 L’Etat paye donc le premier appartement ou maison (150 mètres carrés) de tout nouveau couple qui se marie et tout(e) citoyen(ne) libyen(ne) n’ayant pas de logement peut s’inscrire auprès de l’État pour qu’il lui en soit attribué un. S’il veut faire des travaux dans sa maison, il peut s’inscrire auprès d’un organisme de l’Etat et ces travaux seront effectués gratuitement par des entreprises de travaux publics choisies par l’État.
Chaque citoyen(ne) libyen(ne) peut s’investir activement dans la vie politique et dans la gestion des affaires publiques, aux niveaux local, régional et national, dans le cadre d’un système de démocratie directe ( “JAMAHIRIYA” ) qui tient compte de la représentation des spécificités régionales et tribales. Cela va des Congrès populaires de base permanents, jusqu’au Congrès général du peuple, le grand congrès national qui se réunit une fois par an. Sur 3,5 millions d’adultes, 600 000 citoyens participent activement à la vie politique.
La Libye est le 7ème fond souverain financier dans le monde; ses réserves fiduciaires sont supérieures à celle de la Russie qui a 25 fois sa population ! La Libye se sert de sa richesse pour ses citoyens, mais aussi, en y investissant des milliards, pour participer activement au développement de l’Afrique et à son indépendance vis-à-vis des Occidentaux.
Qu’est-ce qu’on reproche à la Libye ? A chacun d’interpréter, mais il y a des FAITs. Indiscutés. Il faut en tenir compte.
Le fait qu’il y avait des rivalités de longue date entre la Cyrénaïque et la Tripolitaine, par exemple, mais que personne n’avait parlé d’une rébellion armée depuis bien longtemps, avant que CNN et la BBC ne le fasse en février 2011.
Le fait que la France, puis les autres pays sous couvert de l’Otan, sont intervenus en Libye sous prétexte de bombardements à Tripoli et de massacres à Benghazi, mais qu’il est maintenant avérés que ces événements n’ont jamais eu lieu.
Le fait que la France l’Angleterre, les USA, puis plus tard l’Otan sont intervenus – en anticipant la demande d’un groupe de rebelles (CNTI) composé d’anciens ministres et alliés renégats de Kadhafi, de militants islamistes de diverses origines et de gens venus directement des USA – reconnaissant comme le gouvernement légitime de la Libye cet ensemble hétéroclite qui n’a jamais obtenu la moindre reconnaissance de la population.
Le fait que ce gouvernement de rebelles ainsi légitimé a prioritairement veillé au départ des équipes chinoises qui préparait sur place l’exportation prochaine de pétrole vers la Chine.
Le fait que la coalition de l’Otan – qui est intervenue sous prétexte de protéger les civils – bombarde maintenant ces civils comme les forces de Kadhafi ne l’ont jamais fait.
Le fait que des centaines de milliers de Libyens manifestent maintenant à Tripoli et ailleurs pour soutenir Kadhafi… alors que les médias occidentaux peinent à mettre à l’écran quelques douzaines de “rebelles” bigarrés, tirant en l’air comme à la Fantasia..
Le fait, surtout, que les 30 pays coalisés ont saisi USD$ 33 milliards de fonds libyens déposés de bonne foi dans leurs institutions financières par le régime Kadhafi … ce qui semble bien indélicat.
Un dernier fait, enfin, qui laisse rêveur. Le 15 février 2011, le Fond monétaire International (FMI), concluant une enquête approfondie d’un an, a félicité le colonel Kadhafi pour sa bonne gestion de la Libye et l’a encouragé à « continuer d’améliorer l’économie », mentionnant son « ambitieux agenda de réformes »
http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http://www.imf.org/external/np/sec/pn/2011/pn1123.htm&title=rapport%20du%20FMI
N’est-il pas surprenant que des émeutes éclatent à Benghazi, au moment où le régime libyen reçoit cet aval du FMI contrôlé par les mêmes nations qui vont l’attaquer ? Le 26 février, Mostafa Mohamad Abdeljalil, ancien ministre libyen de la Justice sous Kadhafi, annonce la formation d’un gouvernement provisoire (CNTI) à Benghazi. Le 19 mars, en accord avec la résolution 1973 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, une intervention militaire aéronavale est déclenchée par la France, suivie par le Royaume-Uni et les États-Unis… Que diable Kadhafi a-t-il bien pu faire dans ces 32 jours qui séparent les félicitations de l’anathème?
À la lumière de ces faits et de ce changement de cap imprévu, il faudrait bien que ceux qui soutiennent l’intervention en Libye nous expliquent en quoi le régime Khadafi est devenu insupportable en quelques jours de février cette année, et comment on peut penser que cette intervention ait eu d’autres buts que: a) d’empêcher la Chine d’avoir accès au pétrole libyen, et b) de faire main basse sur USD $ 33 milliards des fonds d’un pays souverain. A défaut d’explications, on ne peut voir dans cette intervention qu’un BRIGANDAGE qui comme Occidentaux nous déshonore. L’Histoire y verra la même chose.
Pierre JC Allard

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[Avocat (1957), économiste (1965)->http://nouvellesociete.wordpress.com/auteur/]. Premier directeur général de la Main-d’oeuvre au gouvernement du Québec, directeur général de l’Institut de Recherches et de Normalisation Économique et Scientifique (IRNES) et vice-président adjoint (Finance/Administration) du Groupe SNC.





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