La limonade de M. Lisée

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Le départ du clan Cloutier permet de renouveler le Parti québécois

Pour Jean-François Lisée, ce début d’année électorale est peu rassurant. Sous sa direction, les appuis au Parti québécois étaient déjà en chute libre. Voilà aussi qu’hier, en un seul jour, il perd Alexandre Cloutier, Nicole Léger et Agnès Maltais.


Ces trois piliers pourtant solides ne solliciteront pas de nouveau mandat. Même s’ils ont chacun leurs raisons et ont annoncé leur départ sans se livrer au moindre règlement de comptes avec leur chef actuel, le portrait qui s’en dégage est néanmoins celui d’une équipe affaiblie.


Dans les faits, la démission d’Alexandre Cloutier est au PQ ce que serait celle d’un Pierre Moreau chez les libéraux. La perte d’un jeune ex-candidat à la chefferie et vedette de la relève est un dur coup à encaisser.


Le départ de M. Cloutier témoigne aussi plus largement d’une fatigue politique réelle au sein d’un caucus inquiet avec raison pour la suite des choses. Or, cette fatigue n’est pas de génération spontanée.


La grande éclipse


Elle est le produit combiné d’un trop long séjour à l’opposition. D’une option souverainiste en panne. D’une succession étourdissante de chefs et d’orientations depuis quinze ans. De divisions internes sur les questions identitaires depuis la charte des valeurs. Et enfin, d’un PQ éclipsé par la CAQ comme solution de rechange aux libéraux.


Au PQ, le pire danger est qu’à moins de dix mois des élections, cette même fatigue cumulée vire au découragement. À moins que Jean-François Lisée, comme disent les Anglais, trouve le moyen de transformer en limonade la ribambelle de citrons qui lui tombe sur la tête. Et il y en aura d’autres, c’est certain.


Une manière possible de tenter de le faire serait de recruter des candidats de forte pointure. Pour un parti à 20 % dans les sondages, la commande est vaste, mais une chose est sûre : jusqu’à maintenant, face à la CAQ, la carte du « bon gouvernement » jouée par M. Lisée ne réussit pas à empêcher une part importante de sa propre base d’aller magasiner son vote ailleurs.


Nommer l’éléphant


D’où l’urgence concrète de recruter des candidats aussi capables de nommer l’éléphant qui crèche lourdement dans la pièce. Cet éléphant étant l’absence au PQ de sa raison d’être, la souveraineté, en vue du scrutin de 2018.


C’est pourquoi plusieurs espèrent le retour au bercail d’un Jean-Martin Aussant, ex-fondateur d’Option nationale et héritier politique de Jacques Parizeau. Idem pour Pierre Karl Péladeau, le seul chef depuis des années à avoir fait grimper les appuis au PQ et à son option, même chez les plus jeunes. Bref, des candidats aussi capables d’en attirer d’autres de la même eau malgré les vents contraires.


À quelques mois des élections, cela est-il encore même possible ? Ou est-ce que toute « opération sauvetage » risque plutôt d’être remise après le scrutin du 1er octobre, une fois la poussière retombée, quelle qu’elle soit ? Les paris sont ouverts.