La partisanerie qui rend aveugle

Pacte électoral - gauche et souverainiste



Louise Beaudoin, Pierre Curzi et Lisette Lapointe ont annoncé hier leur démission du Parti québécois.

Photo : Stevens Leblanc - Agence QMI


Louise Beaudoin, Députée de Rosemont - Je suis membre et militante du Parti québécois depuis 1970. Aujourd'hui, je le quitte. Je ne le quitte pas de gaieté de cœur, mais je le fais sans amertume, sereinement. La raison immédiate, le déclencheur, le révélateur qui motive mon départ du Parti québécois tient, bien sûr, au fond et à la forme du projet de loi sur l'amphithéâtre à Québec.
Sur la forme, Mme Marois a pris seule la décision de présenter mais aussi d'appuyer du même coup le projet de loi privé sans consultation du caucus au préalable et puis elle a imposé la ligne de parti. Sur le fond du projet de loi, l'urgence de l'adopter en bousculant les règles n'a pas été démontrée. Par ailleurs, ce projet de loi créerait un dangereux précédent, comme l'a expliqué Mme [Julie] McCann devant la commission parlementaire.
Façon de faire de la politique
Mais, plus fondamentalement, comment pouvons-nous, par exemple, notamment en tant que parlementaires, accepter de protéger contre toute contestation judiciaire les contrats à venir découlant de l'entente de principe, contrats que personne n'a vus, puisqu'ils ne sont pas encore rédigés? Ce doit être la fille de juge en moi qui se rebiffe.
Mais ceci est conjoncturel, mais révélateur d'une certaine manière de faire de la politique, et c'est pourquoi la cause plus profonde de ma démission concerne justement une certaine façon de faire de la politique à laquelle, je le reconnais, j'ai longtemps adhéré. Mais c'est à mon retour en 2008, peut-être parce qu'une pause de cinq ans m'a permis de voir les choses autrement, que j'ai commencé à m'interroger sur la partisanerie qui souvent rend aveugle, qui nous force à toujours être dans la certitude, jamais dans le doute, sur le ton guerrier que l'on se croit obligés d'employer, sur la manière de se comporter avec des adversaires que l'on a tendance à considérer comme des ennemis, sur l'unanimisme imposé et sur la rigidité implacable de la ligne de parti: des maux dont la politique, je crois, est en train de mourir ici et ailleurs.
Population cynique
J'en suis venue à la conclusion que cette façon de faire alimentait le cynisme d'une population de plus en plus critique vis-à-vis de la classe politique et que, pour vivre les choses autrement, il valait mieux que je quitte mon parti. La souveraineté se réalisera grâce à la réappropriation par la population des raisons profondes identitaires, culturelles, économiques et sociales de la mener à bien. Pour y arriver, c'est ma conviction, il faut changer la politique, la transformer.
Je sais que certains de mes collègues au Parti québécois vont mener le combat de l'intérieur; j'ai choisi de le faire de l'extérieur. C'est pour toutes ces raisons que je tiens à retrouver une liberté de parole totale que j'exercerai en tant que députée souverainiste indépendante de Rosemont, et les citoyens de ma circonscription peuvent compter sur moi pour continuer à les représenter au mieux de mes capacités.
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Louise Beaudoin, Députée de Rosemont


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