Québec-France: un lien indéfectible

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Il faut renforcer les liens entre la France et le Québec : cette relation va au-delà de Macron et de Legault


La semaine dernière à Paris, le premier ministre François Legault a démontré sa volonté d’assurer la continuité et la prospérité de la relation franco-québécoise. Il faut s’en réjouir. Mais au-delà de l’aspect économique qui est mis en avant comme le mantra de cette coopération renouvelée, nous avons à coeur de redire notre attachement à une relation complète, moderne et efficace entre le Québec et la France,sans esprit d’exclusive.


Sur le plan économique, François Legault a raison de vouloir redoubler d’ambition. En annonçant la mise en place de missions commerciales ciblées, de filières d’excellences et de grappes industrielles franco-québécoises, sa volonté de décupler les échanges commerciaux entre le Québec et la France va dans le bon sens.


D’autres initiatives en matière d’économie sociale et d’environnement seraient les bienvenues, tandis que les groupes de travail communs sur l’électrification des transports, la science et les données ouvertes ne sauraient être négligés.


La France représente le deuxième investisseur au Québec, où il existe plus de 300 filiales d’entreprises françaises. Des milliers d’étudiants et de travailleurs qualifiés contribuent également à la prospérité du Québec. Cet attrait — qu’aurait pu partiellement décourager la hausse des droits de scolarité — ne se dément pas.


Lever les obstacles à la mobilité


Le gouvernement français s’est montré quant à lui désireux d’accueillir davantage d’étudiants québécois. Afin de faciliter cette mobilité, entravée par le coût du logement dans les métropoles françaises, pourquoi la Caisse de dépôt et placement du Québec n’investirait-elle pas dans la construction de résidences étudiantes en France ? Un placement qui s’avérerait aussi judicieux financièrement que socialement utile.


L’Office franco-québécois pour la jeunesse (OFQJ) demeure un formidable générateur de possibilités. Toutefois, les frais excessifs de permis d’étude et de travail pratiqués par le Canada sont inéquitables vis-à-vis des jeunes Français. Comment justifier les discours prônant le libre-échange des marchandises si, dans le même temps, le Canada prélève une rente sur la mobilité humaine ? Selon un principe de réciprocité avec la France, il serait juste qu’Ottawa abaisse ces tarifs.


Renforcer le dialogue


La coopération décentralisée, scientifique et universitaire est l’un des points forts de notre relation. Plusieurs accords de partenariat ont été signés ces dernières années. L’Institut maritime franco-québécois à Rimouski est un bel exemple de ce que nous pouvons faire en commun. Cette coopération scientifique pourrait être encore plus ambitieuse si des équipes de recherche communes travaillaient sur des projets majeurs concernant, par exemple, la maladie d’Alzheimer ou le cancer.


Sur le plan sociétal, au miroir de nos expériences respectives, nous pouvons co-élaborer des solutions intelligentes aux défis communs de nos sociétés (vieillissement de la population, robotisation, gestion durable des ressources…) et même les transcrire dans nos lois par l’entremise de la commission interparlementaire franco-québécoise. Les associations qui participent à ces échanges d’idées et d’expertises doivent être soutenues. Elles contribuent à faire vivre la dimension citoyenne de notre relation.


D’un point de vue politique, notre relation bilatérale a vocation à demeurer « directe » en évitant les intermédiaires, « unique » par les affinités qui nous lient et « stratégique » pour renforcer notre capacité d’action commune dans la francophonie et dans le monde. Les rencontres alternées des premiers ministres, lancées en 1977 par René Lévesque et Raymond Barre, pourraient donner lieu, tous les ans, à un Conseil des ministres commun.


Encadrer les GAFA


Mais le sujet stratégique sur lequel une initiative franco-québécoise forte est requise de toute urgence concerne la fiscalité appliquée aux géants du numérique, les fameux GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon et autres). En France, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a annoncé qu’un projet de loi visant à imposer ces entreprises à hauteur de 3 % minimum de leur chiffre d’affaires dans l’Hexagone sera présenté « en Conseil des ministres d’ici à la fin février », avant d’être « rapidement soumis au vote du Parlement ». La contribution fiscale des services numériques est « un enjeu majeur du XXIe siècle » et « une question de justice et d’efficacité », a estimé le ministre.


Cette initiative française découle d’une absence de consensus au niveau européen. De la même manière, le Québec est le seul État au Canada qui ose faire bouger un tant soit peu les lignes avec une taxe de vente adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale en juin dernier et entrée en vigueur depuis janvier 2019. En somme, devant cette évolution nécessaire de notre fiscalité, les Européens hésitent et le Canada résiste. Le Québec et la France ont donc toute légitimité pour porter cette mesure sur la scène internationale, comme ils ont su si bien le faire ensemble au moment de la négociation de la Convention de l’UNESCO sur la diversité culturelle, adoptée en 2005.


En définitive, la relation entre France et le Québec n’est pas vouée à la banalisation ni au cantonnement à un seul domaine. Si la dynamique des sociétés civiles et la volonté politique sont au rendez-vous, il ne fait aucun doute que cette coopération bilatérale franco-québécoise plurielle, transatlantique, en langue française, continuera de représenter un atout différenciateur et mutuellement bénéfique pour nos deux nations.

 









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