La question de la journaliste et chef de bureau du HuffPost à Ottawa, Althia Raj, posée à Jagmeet Singh lors du débat en anglais sur le caractère « discriminatoire » de la Loi sur la laïcité de l’État québécois [Loi 21] revêt, à mon sens, un mépris éhonté envers les institutions démocratiques québécoises, notamment le fait que cette loi a été adoptée à l’Assemblée nationale du Québec.
À titre informatif, il m’apparaît pertinent de retranscrire ici l’intégralité de la question de Mme Taj : « Votre campagne porte sur le courage, mais vous n’avez pas montré le courage de lutter contre la loi discriminatoire du Québec. Elle interdit aux personnes qui, comme vous, portent des symboles religieux d’exercer certains emplois dans la province. Si vous étiez premier ministre, autoriseriez-vous une autre province à discriminer ses citoyens? [...] Ne placez-vous pas les intérêts de votre parti au Québec au-dessus de vos principes et des droits égaux de tous les citoyens? »
Dans son préambule, Althia Taj affirme clairement que la Loi 21 est « discriminatoire », une approche tendancieuse qui prépare la voie à sa question tout autant tendancieuse, à savoir « autoriseriez-vous une autre province à discriminer ses citoyens? »
Toutefois, là où le bât blesse avec le plus d’acuité réside dans le fait qu’une telle question condescendante et méprisante envers le peuple du Québec ait réussi à s’infiltrer à travers le crible des organisateurs du débat… Elle est où la belle unité canadienne?
Loi 21 : le discours de Trudeau monte d’un cran
La politique est ainsi faite que le discours d’un politicien s’adapte souvent à l’auditoire auquel il s’adresse. Il en est ainsi de la Loi 21 qui reçoit l’aval d’une grande majorité de Québécois alors que, du côté anglophone, les critiques fusent de partout. Il ne fallait donc pas être surpris si, devant le public anglophone, le débat des chefs donne libre cours à Justin Trudeau d’augmenter d’un cran sa position concernant la loi sur la laïcité au Québec.
En effet, lors du Face-à-face en français à TVA, il a abordé du bout des lèvres son intention de « défendre les droits des minorités », le premier ministre sortant se contentant d’ajouter que « c’est une conversation, pour l’instant, qui se passe au Québec. » Par ailleurs, au débat en anglais, Justin Trudeau s’est montré beaucoup plus déterminé dans ses propos, arguant que « le gouvernement fédéral devra peut-être intervenir dans ce dossier, parce que le fédéral a besoin de protéger les droits des minorités, les droits linguistiques, les droits des femmes ».
À n’en pas douter, la Loi 21 heurte violemment l’ardeur multiculturaliste de Justin Trudeau et le culte qu’il voue à la Charte des droits et libertés fédérale, héritage de son père. Conséquemment, M. Trudeau aura beau emprunter tous les chemins tortueux que lui imposent les différences entre le Québec et le ROC, il ne pourra résister à la tentation de contester devant les tribunaux la constitutionnalité de la Loi 21 s’il est reporté au pouvoir.
Henri Marineau, Québec
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