La queue empoisonnée de l'ADQ

ADQ - les dérives


Gilles Taillon me fait penser à cet ancien raélien qui vient de publier un livre où il fait cette stupéfiante confidence sur son maître: il n'a pas fait de voyage en soucoupe volante.
On ne voit plus la planète de la même manière après ça. Ça vous rapetisse sacrément les horizons.
M. Taillon regarde sa planète, tout aussi désolé.
Le type n'est pas député. Il devient chef d'un parti sans le soutien de ceux qui le sont. Il gagne par la marge ridicule d'un vote inventé. Et, aussi faiblement installé soit-il, son premier geste est d'écarter son concurrent, Éric Caire.

Après ça, Gilles Taillon est jeté à la porte et amèrement déçu qu'on ait comploté contre lui...
Ce qui se passe à l'ADQ révèle assez sa psychologie politique. L'ADQ est une association des désenchantés du Québec moderne, de ses débats, de ses structures, de ses institutions.
Fédérer libéraux déçus, péquistes désillusionnés et créditistes requinqués n'est pas une mince affaire. Aucun parti n'est facile à manier, certes. Mais la clientèle de l'ADQ avait plus que son lot de militants en colère et d'amateurs de brassage de cage. N'importe quelle cage. Brassez d'abord, pensez plus tard.
Mario Dumont a brassé la cage des finances publiques, du débat constitutionnel, des accommodements raisonnables, de la santé, de la réforme de l'éducation, des commissions scolaires, de la radio-poubelle. Envoye, on brasse.
Mario Dumont a été un formidable brasseur. Mais quand son parti a été en position de s'attaquer réellement au pouvoir, de changer de cycle et d'entrer dans la cage, en somme... il s'est liquéfié.
Dans un regroupement de mécontents et de gens qui se méfient des institutions, on excelle dans l'art de dénoncer, de soupçonner et de supposer mille magouilles. Pour gouverner, diriger, il faut changer de perspective et, soudainement, se compromettre.
La manière comique avec laquelle Gilles Taillon a été fait chef était déjà suave. Mais partir en dénonçant un complot et en jetant le doute sur l'intégrité de ceux avec qui il voulait bâtir le Québec hier encore, c'est une sorte de morale à cette fable politique: ils se sont appliqué leur propre poison. Ils se sont mordu la queue.
Gérard Deltell, qui fut des années durant un très bon journaliste à Québec, se retrouve maintenant avec ces décombres à gérer. Grosse affectation, M. Deltell.
Nouvelle administration!
Dans les restaurants mis à l'amende pour malpropreté, quand on annonce une «nouvelle administration», on change de chef. À Montréal, on a gardé Gérald Tremblay. Il a annoncé hier qu'il veut «travailler différemment».
On n'en attendait pas moins!
Bien hâte de voir comment fonctionnera le mariage entre Diane Lemieux et lui. Ce sera assurément autre chose. Ce maire est maintenant sous haute surveillance, tant à l'hôtel de ville qu'à Québec.
Laurent Lessard nous a dit hier qu'il l'a à l'oeil - il est bien mieux, vu qu'il n'a pas envie d'une commission d'enquête.
Je ne me souviens pas avoir entendu un ministre des Affaires municipales parler ainsi de Montréal. On aurait qu'il parlait à un enfant en pénitence. Non pas que ce ne soit pas mérité. Mais voyez dans quelle position se retrouve Montréal: sous un tutorat moral.
Le maire, sincère autant que modeste, n'en doutez pas, y est allé de l'euphémisme de l'année: il faudra «sans doute revoir le fonctionnement de certaines instances».
On ne le contredira pas là-dessus!
Guide du nouveau Canadien
Des types de Hérouxville ont trouvé le guide du nouveau citoyen vraiment bon. Ça ne veut pas dire qu'il est mauvais pour autant.
Franchement, pour une publication de propagande du gouvernement fédéral, c'est même plutôt bon. Je veux dire que l'Histoire étant un matériau explosif, on l'a assez bien maniée, pas trop édulcorée. Bien des citoyens de vieille souche y apprendraient des choses...
Évidemment qu'on chante les louanges nationales; à quoi faudrait-il s'attendre d'un gouvernement qui accueille de nouveaux citoyens? À une séance d'auto-flagellation?
On aborde même les camps d'internement de la Première Guerre mondiale et la dépossession des Canado-Japonais dans la Seconde. Il est question de la Rébellion de 1837 et du mouvement souverainiste. N'espérez pas pour autant un inventaire exhaustif de toutes les turbulences et avanies nationales.
Il y a ce fameux paragraphe aux accents hérouxvilliens, selon lequel le Canada rejette fermement les «pratiques barbares». Je soupçonne que c'est plus pour usage interne que pour information aux nouveaux venus. Mais entre vous et moi, je ne vois pas pourquoi un État ne ferait pas ce genre de déclaration de principes.

J'ajoute qu'il y a là-dedans un exposé intelligent des règles des droits fondamentaux et du parlementarisme, une description du pays, de ses loisirs, sports, chasse et pêche et industries.
On dira qu'il est beaucoup question du rôle militaire du Canada, en particulier des deux grandes guerres. On y a tout de même perdu plus de 100 000 citoyens, sans compter plus de 200 000 blessés.
On a oublié de mentionner les Casques bleus, une invention qui a tout de même valu un prix Nobel à un ancien premier ministre, qui avait peut-être le défaut d'être libéral.
Mais à part les mille changements qu'on pourrait y faire, cela fait plutôt honnêtement le tour de ce pays pas si simple à expliquer en 62 pages.


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