La communauté Wikipédia est une grande famille... qui pratique l'exclusion et la censure. L'équipe de campagne d'Éric Zemmour vient d'en faire l'expérience. Avec ses 5,2 millions de vues, la page du candidat à la présidentielle, la plus consultée de l'année 2021, affiche depuis hier un bandeau d'avertissement : « Cet article semble être une page autobiographique ou autocentrée qui a fait l'objet de modifications substantielles, soit par le principal intéressé, soit par une ou plusieurs personnes en lien étroit avec le sujet. » Le coupable désigné de cette infamie, Gabriel « Cheep », contributeur Wikipédia pourtant reconnu par ses pairs, est désormais banni de la communauté.
Une erreur stratégique grossière, assure Samuel Lafont, responsable de la stratégie numérique pour la campagne d'Éric Zemmour, qui saisit aussitôt l'occasion de dénoncer le fonctionnement de l'encyclopédie en ligne : « Les wokistes discréditent Wikipédia en révélant que, sous la neutralité affichée, un combat politique s'y joue depuis des années. Que la seule présence d'un contributeur factuel dérange la communauté militante de gauche. »
Les wokistes n’ont (encore) pas réfléchi avant d’agir. Ils discréditent eux-mêmes Wikipedia en révélant que sous la neutralité affichée, un combat politique s’y joue depuis des années. Que la seule présence d’un contributeur factuel dérange la communauté militante de gauche.
— Samuel Lafont (@Samuel_Lafont) February 17, 2022
Et ce n'est pas Boulevard Voltaire qui dirait le contraire : nous aussi sommes les victimes de la parole unique qui seule a droit de cité dans la communauté Wikipédia. Sans cesse dénigré, qualifié de « média d'extrême droite », Boulevard Voltaire se voit refuser tout appel à plus d'objectivité. Nous sommes menacés de ce que Wikipédia appelle une « guerre d'édition » qui pourrait nous conduire au blocage définitif de notre page.
« La plus grande encyclopédie du monde », qui s'est donné cette mission grandiose de « créer un accès libre et gratuit à la connaissance », est alimentée par plus de cent mille bénévoles à travers le monde. Visitée par près de 500 millions de visiteurs, elle propose à travers 30 millions d'articles un savoir universel qui, dans la réalité, ne repose que sur les épaules (pour la version française) de « 250 administrateurs élus par les membres qui disposent de pouvoirs spéciaux comme celui de geler le contenu d'une page afin d'assurer le respect de la règle de la neutralité des points de vue », selon Marie-Noëlle Doutreix, auteur d'une thèse sur Wikipédia et l'actualité. Une organisation pyramidale et sous contrôle, donc, pour un site qu'on pourrait croire à tort un lieu de débat et d'échanges constructifs.
Tous les contributeurs censés enrichir les pages ne sont pas logés à la même enseigne et ne disposent pas des mêmes droits. Au vu des dernières guerres d'édition qui ont fait rage et des censures les plus fréquentes, l'adoubement des « administrateurs » a quelque chose à voir avec une certaine idéologie. Dans son édition de juin 2021, L'Express, qui consacrait un dossier au site, titrait : « Wikipédia, une encyclopédie sous influence ». Boulevard Voltaire ne saurait mieux dire... Et les choses ne vont pas en s'arrangeant avec le temps : depuis 2020, Wikipédia multiplie les efforts pour accroître la diversité de la communauté, jugeant les personnalités africaines insuffisamment représentées (le 25 mai 2019, elle lance le projet « Noircir Wikipédia ») ou en féminisant ses contenus pour gommer la masculinisation outrancière de ses contributeurs (les deux tiers d'entre eux étant des hommes souvent diplômés). Les féministes et les woke sont à la manœuvre et imposent leur code de conduite : pour ne pas tomber dans le « mégenrage massif », dans la communauté Wikipédia, on ne dit plus désormais « utilisateur » mais « utilisateur.ice ».
Pour financer la machine, le réceptacle du savoir universel fait régulièrement des appels aux dons. Mais selon L'Express, l'institution Wikimédia « n'aurait nul besoin de solliciter ses lecteurs aussi souvent » ni de « dramatiser autant sa communication ». Car l'argent est bel et bien là : en 2020, la fondation aurait reçu 129 millions de dollars, un montant près de 8 fois supérieur à celui encaissé en 2010 grâce au soutien de particuliers. « De grandes entreprises comme Google ou des philanthropes tels que Craig Newmark, fondateur du site de petites annonces Craigslist, ont aussi mis la main à la poche. ». Wikimédia France a, pour sa part, reçu une aide de 426.000 euros du grand frère américain, l'an dernier, auxquels il faut rajouter les 515.000 euros de dons récoltés.
C'est chez Wikipédia que se font et se défont les réputations. Pour Axel Thomasset, directeur de l'e-réputation chez Havas Paris, cité par L'Express, le site collaboratif est « le dernier instrument de la lutte des classes ». C'est surtout le nouveau temple du wokisme qui permet à des « sachants » de distiller le vrai et le beau au petit peuple définitivement suspecté d'être bas de plafond. Mais le voile se déchire...