À propos du corporatisme dénoncé par Éric Bédard**

La tyrannie des systèmes

Chronique de Louis Lapointe

Le problème du monde universitaire est le même que celui qui gruge le monde rural, les corporations professionnelles, le système de santé, les mégas entreprises fusionnées et l'hydre médiatique, c'est le corporatisme.
Le corporatisme est un mécanisme par lequel on s'en remet uniquement aux spécialistes pour questionner le système, alors que la plupart des entités qui le composent appartiennent au public. Les professeurs d'université, les agriculteurs, les avocats, les comptables, les médecins et les PDG ont toujours raison dans le système qu'ils gèrent et dans le méta système qu'ils contrôlent à travers les lobbys et les conseils d'administrations d'entreprises privées et publiques qu'ils investissent en occupant majoritairement les sièges.
Confier un problème à un spécialiste est un réflexe normal. Toutefois, dans le système corporatiste, ce ne sont pas toujours les spécialistes les plus compétents qui ont le plus d'influence, ce sont les mieux branchés.
Comme il faut toujours plus d'argent pour nourrir le système qui est condamné à toujours grossir, justement à cause des coûts de système, il faut nécessairement plus de pouvoir pour aller chercher cet argent. C'est là qu'arrive l'effet pervers d'un système géré uniquement par des spécialistes et pour des spécialistes, puisque la première qualité qu'on recherche chez un spécialiste investi de pouvoir, c'est son réseau, pas sa compétence.
Alors que nous sommes persuadés que nous avons confié la gestion du système à des spécialistes, nous nous retrouvons avec une meute de politiciens, de lobbyistes, de resquilleurs et de chevaliers d'industrie.
Ainsi, quand les spécialistes nous disent plus d'argent, plus de privé, plus de pouvoirs et plus de fusions, que doit-on comprendre ?
La réponse va de soi, plus de corporatisme et plus de tyrannie des systèmes.
Source : La tyrannie des systèmes: le corporatisme
***
Sur le même sujet :
L’œuvre au noir*

Repenser le Barreau du Québec?

Quelle crise des universités?
***
** La Révolution tranquille est-elle un bloc ?, Éric Bédard

Featured bccab87671e1000c697715fdbec8a3c0

Louis Lapointe534 articles

  • 889 081

L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





Laissez un commentaire



4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    5 juillet 2010

    Nous en savons quelque chose, Il y a aussi le fait du chacun pour soi et la peur de perdre la face.
    La connaissance aussi isole. C’est Shakepeare qui disait « J’aimerais mieux mourir incompris que passer ma vie à m’expliquer »
    Le système tendant à se maintenir, pas étonnant si les changements soient si difficiles à se faire.
    Michel Thibault ing. f. m. sc.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 juin 2010

    Intérêt corporatiste : Fascisme
    Voilà où nous en sommes réduits et malheur à ceux qui osent questionner l'ordre établi...

  • Jean-Louis Pérez-Martel Répondre

    23 juin 2010

    Monsieur Lapointe, bonjour,
    Être ou ne pas être nationaliste
    Si c'était le contraire au Québec, seulement au Québec, qu'arriverait-il avec une majorité de francophones à la direction de ces corporations, institutions, entreprises, commissions, syndicats, etc., qui se sont donné ces mécanismes corporatistes afin de défendre les intérêts nationaux du Québec, même au détriment de plus de transparence, d’efficience et de coûts ?
    JLP

  • Archives de Vigile Répondre

    22 juin 2010

    Vous écrivez :
    « C’est là qu’arrive l’effet pervers d’un système géré uniquement par des spécialistes et pour des spécialistes,...»
    J'ajouterais :
    «... très très ambitieux à n'importe lequel prix pour servir les maîtres invisibles de nos marionnetes bavardes télévisuelles...»
    Qui choisit ces personnes ?
    Les "patroneux" politiciens et hauts fonctionnaires du "système" qui distribuent les cadeaux aux parents et amis "sûrs". A quoi servent les supers directions des ressources humaines des grandes organisations privées ou publiques? A compiler les candidatures et à "conseiller" sans plus ?
    A-t-on les moyens de se payer ce "système" déliquescent ?
    Les incompétents se protègent, se connaissent et se reconnaissent.