La violence des vertueux

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« Avoir peur de ces censeurs, toutefois, c'est de l'hygiène démocratique élémentaire. »

Il y a plusieurs problèmes avec les migrants irréguliers qui continuent d’arriver à notre frontière par le chemin Roxham avant même que le printemps ne soit installé. L’un d’entre eux, c’est la manière dont on en parle.


D’un côté, des gens qui pensent que le Québec fait face à une invasion massive. De l’autre, des intervenants qui voient de la xénophobie dans la moindre inquiétude que ce phénomène peut susciter.


Les premiers proposent souvent des solutions simplistes. Les seconds en ont trouvé une qui l’est encore plus : dans un article de La Presse canadienne du 23 avril, ils réclament qu’on s’interdise de parler des migrants. Tout simplement.


Des curés


Militants cachés sous des habits d’experts, curés grimés en sommités, ils prononcent un verdict surprenant. Du nombre, Herman Deparice-Okomba, directeur du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence. Selon lui et ses acolytes, le seul fait de se questionner sur la démarche de ces demandeurs d’asile et de ce que leur accueil représente pour le Québec serait dangereux.


Qu’importe que les 25 000 migrants de l’an dernier représentent une augmentation de 50 % par rapport au seuil d’accueil prévu et qu’on en attende encore plus cette année. Qu’importe que ces personnes soient en situation irrégulière, ce qui n’empêche pas nos experts patentés de déjà les fondre dans le grand tout de l’immigration légitime.


Qu’importe, surtout, que le gouvernement fédéral, responsable voire promoteur de cette situation, refuse de soulager le Québec en répartissant cet afflux vers d’autres provinces ou d’investir pour assurer un traitement diligent des demandes de gens dont l’existence est en ballottage, faut-il le rappeler. Pour nos experts de la culpabilisation, même les très obéissants ministres libéraux provinciaux encouragent la xénophobie en réclamant que le Québec soit compensé pour ses frais.


À leur tour d’écouter


Il y a une violence froide dans le propos en apparence vertueux de ces promoteurs de l’accueil inconditionnel. On cherche à interdire la discussion, à refuser aux citoyens de s’exprimer sur un enjeu important pour la société dans laquelle ils vivent.


Ça fait dix ans que, de commission Bouchard-Taylor en débat sur la charte, ces gens-là condamnent pour délit d’opinion quiconque aurait un point de vue différent du leur sur l’intégration. Pourtant, s’il est vrai que même en cette ère de fake news chacun n’a pas droit à ses faits, il faut rappeler que oui, nous devons défendre nos intérêts et nos valeurs. Parmi elles, la liberté de débattre.


C’est le temps de les remettre à leur place, ces individus hostiles à la parole publique. Ces gens font autant pour susciter la peur que les leaders de la Meute, en renvoyant vers elle tous ceux qui osent croire que nos politiques d’immigration puissent être autre chose que parfaites.


Histoire de permettre la discussion sereine dont nous avons besoin, ce serait à leur tour d’écouter. Parce qu’à ce qu’on voit, ce n’est pas comme si le projet de société qu’ils mettent de l’avant avait réellement un autre effet que d’ajouter à la méfiance mutuelle.


À la fin, avoir peur des migrants, c’est vrai que c’est exagéré. Avoir peur de ces censeurs, toutefois, c’est de l’hygiène démocratique élémentaire.


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Claude Villeneuve137 articles

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L’auteur est blogueur au Journal de Montréal et au Journal de Québec. Il a été président du Comité national des jeunes du Parti Québécois de 2005 à 2006 et rédacteur des discours de la première ministre Pauline Marois de 2008 à 2014.