Vous êtes sensibles aux enjeux et aux revendications des communautés autochtones, vous souhaitez leur donner votre appui, mais vous ne savez pas comment vous y prendre? Un organisme montréalais a lancé cette semaine un guide pour ceux qui souhaitent être des alliés des luttes des Premières Nations, Métis et Inuits.
La Trousse d’outils pour les alliées aux luttes autochtones (Nouvelle fenêtre), élaborée par le RÉSEAU pour la stratégie urbaine de la communauté à Montréal, offre une vue d’ensemble sur quelques concepts importants pour comprendre les communautés autochtones, de même que des lignes directrices pour être un bon allié.
Le document, fruit d’un effort collaboratif, a été créé afin de répondre à des questions auxquelles doivent souvent répondre les Autochtones.
« Je ne pense pas que les gens comprennent le fardeau émotionnel d’avoir constamment la même conversation et de répondre aux mêmes questions. La brochure, en gros, enlève un peu de poids de nos épaules », explique Dakota Swiftwolfe, qui a travaillé sur le document avec une dizaine d’autres personnes au sein du RÉSEAU, dont Wahsontiiostha Brooke Deer et Leilani Shaw.
La trousse définit le terme « allié(e) » comme le fait de « perturber les espaces oppressifs en éduquant les autres sur les réalités et l’histoire des personnes marginalisées ».
Selon le guide, pour être un allié, il faut :
- Soutenir activement la lutte;
- Se tenir debout, même si vous avez peur;
- Transférer les avantages de votre privilège à ceux qui en ont moins;
- Reconnaître que la conversation ne porte pas sur vous.
Ultimement, l’« allié(e) » peut devenir un « complice » ou « corésistant(e) » s’il s’implique davantage dans les luttes autochtones, notamment contre les « institutions oppressives ».
« L’idée est d’aller au-delà de la mentalité d’allié. Les termes complices ou corésistants ont plus d’impact, et ils viennent avec beaucoup plus de responsabilités et de conscience de soi », souligne l’agente aux communications du RÉSEAU, Leilani Shaw.
Termes à éviter
Le document inclut également des termes à proscrire - « indien », « sauvage », « esquimau », « peau rouge », « squaw » -, mais également des phrases ou des questions à éviter. Par exemple, on y décourage fortement de parler de « culture autochtone » (il y en a des centaines) ou de « peuples autochtones du Canada » (les Autochtones n’appartiennent à personne).
À proscrire également la phrase : « Vous êtes Indien? Vous devez être alcoolique ». Cette phrase, c’est Leilani Shaw qui l’a elle-même entendue d’un étranger dans la rue, au centre-ville de Toronto.
« C’est venu d’une personne qui nous a abordés, moi et mes amis. C’est la première chose qu'elle a pensé me demander », affirme la Mohawk de Kahnawake, près de Montréal. « Mais ce n’était pas l’endroit ni le moment de l’éduquer », ajoute-t-elle.
L’objectif du guide n’est pas de culpabiliser les gens, assurent les conceptrices du document, mais plutôt « d’identifier des comportements nuisibles » et d'aider le public à « prendre des décisions plus conscientes ».
Existe-t-il un allié parfait? Wahsontiiostha Brooke Deer hésite. « C’est un processus d'apprentissage. Tu ne peux pas dire “je suis allé à un atelier, donc je suis un allié” », soutient la Mohawk de Kahnawake, qui travaille au Réseau en plus de faire sa maîtrise en science de la gestion à Concordia.
« Je connais de super-alliés, mais je ne crois pas que l’allié parfait existe », ajoute-t-elle.
La Trousse d’outils pour les alliées aux luttes autochtones existe en anglais et en français en format électronique et en brochure (papier).