C'est fait: Barack Obama est depuis hier le premier Afro-Américain à occuper la Maison-Blanche. Cette singularité, le 44e président des États-Unis l'a soulignée en évoquant la mémoire de son père pour mieux insister sur la nécessité qu'il y a de garder l'espoir et la confiance dans ce pays et ses institutions au moment où il est confronté à des défis aussi nombreux qu'énormes.
À l'écoute de la déclinaison formulée par Obama des problèmes qui assaillent sa nation ainsi que le monde, c'est à se demander si deux mandats suffiront. Car pour reprendre son expression, ses concitoyens sont invités, pour ne pas dire condamnés, à «refaire l'Amérique». À la réinventer, ni plus, ni moins. Ce faisant, il annonce l'amorce par son administration d'une rupture avec le fil tissé par Bush, tant sur le front domestique que sur celui des relations internationales, au cours des huit dernières années.
En fustigeant le chacun-pour-soi, la logique des droits et seulement des droits, pour mieux appeler au rééquilibrage de ces droits avec les devoirs de l'individu, Obama a fait évidemment écho au discours inaugural de janvier 1961 de John F. Kennedy. Mais dans la foulée, il a surtout écarté toute guerre des tranchées, tout tripotage idéologique sur la présence ou pas de l'État dans les affaires. Sur son rôle, sa mission. Mais encore? La question, selon lui, n'est pas de savoir si le gouvernement est trop gros ou trop mince, mais plutôt de savoir s'il est efficace ou pas. Et ce, dès aujourd'hui! Car...
Car Wall Street n'a pas accordé ne serait-ce qu'une journée de répit au nouveau président, ainsi qu'en témoigne une énième saignée des valeurs. De fait, le contexte étant ce qu'il est, l'économie s'est imposée, pour ainsi dire, en tête des priorités inscrites à l'ordre du jour du première journée de travail du 44e président. D'autant que les dernières nouvelles, les plus récentes d'entre elles, annoncent des lendemains plus rudes que ceux qu'on avait pourtant qualifiés de difficiles. Pour faire court, l'Amérique est aux prises avec les pires crises qu'elle a connues en 80 ans. Et comme l'Histoire ne se répète pas, cette dernière crise propose des problèmes aux contours si flous qu'on ne sait pas trop comment les aborder.
Chose certaine, les signaux envoyés ces jours-ci par la nouvelle administration permettent d'avancer ceci: Obama et son équipe d'économistes vont rompre, dans les semaines qui viennent, si ce n'est dans les jours qui viennent, avec la culture observée par Bush et son secrétaire du Trésor, Harry Paulson. Il faut s'attendre en effet à ce que le président fasse ce que son prédécesseur n'a pas voulu faire il y a des mois de cela, et que plusieurs lui conseillaient de faire. De quoi s'agit-il? Les milliards accordés aux ex-mastodontes de la banque et de l'assurance n'ayant pas eu les résultats souhaités, l'État va les décharger de leur fardeau. Comment? En reprenant les actifs contaminés par les subprimes et autres véhicules financiers à gogo. Espérons cette fois-ci que ce même État interdise aux patrons de ces établissements, qui ont mis le monde sans dessus dessous, de profiter de primes que, soit dit en passant, ils veulent conserver.
En ce qui concerne les relations avec le reste de la planète, il faut tout d'abord souligner que la conception binaire et empreinte d'une religiosité maniaque qui a singularisé Bush a eu les conséquences suivantes: un énième conflit au Proche-Orient, une nouvelle guerre au Moyen-Orient, une autre en Asie centrale, un certain refroidissement des relations avec des pays européens, la guerre toujours oubliée du Congo. À cela, il faut ajouter la montée en puissance de la Chine, une Russie plus insaisissable qu'en l'an 2000, la prolifération nucléaire en Corée du Nord et l'ambition manifestée à cet égard par l'Iran, etc. Bref, dire que le monde est dans un piteux état comparativement à ce qu'il était il y a huit ans relève de la lapalissade.
Sur l'ensemble de ces sujets, Obama a été ferme en prévenant le monde que les ennemis de la nation «seraient défaits» avant d'introduire une autre coupure avec la politique suivie par son prédécesseur. Contrairement à ce dernier, la politique étrangère ne doit pas être réduite à une stricte recherche de la sécurité. Elle doit être également en accord avec les idéaux des pères de la nation et certains de leurs successeurs. C'est dit, c'est à suivre.
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