Selon un sondage effectué auprès des historiens américains, le président Bush s'est révélé le plus médiocre de tous ceux qui ont occupé la Maison-Blanche. Plus précisément, près des deux tiers d'entre eux le jugent ainsi. Les autres? Ils le classent en deuxième position derrière James Buchanan ou Herbert Hoover. Pour faire court, soulignons que 98 % d'entre eux estiment que son administration des affaires est synonyme de... faillite!
La première et grave erreur commise par le 43e président des États-Unis d'Amérique est un choix. En fait, il y en eut deux. Tout d'abord, il fit de Dick Cheney son vice-président avant de nommer Donald Rumsfeld patron du Pentagone et par ailleurs ennemi juré, au sein des républicains, de Bush père. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ces princes des ténèbres n'étaient pas des néoconservateurs, des idéologues, mais bien des mercenaires de la politique habités par un goût prononcé pour les rapports de force, pour la diplomatie de la canonnière. Des politiciens...
Des politiciens ayant le sentiment de revanche chevillé au corps depuis qu'ils avaient été dans l'obligation, alors qu'ils étaient des mandarins des administrations Richard Nixon et Gerald Ford, de réaliser une soustraction des pouvoirs détenus par l'exécutif au profit du Congrès. Bref, dès leur entrée en fonctions, ils devaient s'employer à aiguiser la fibre vanité de Bush pour mieux le rallier à l'ambition de leurs ambitions: l'imposition d'une présidence impériale. Cela rappelé, on ne sera pas étonné que journalistes et politiciens aient surnommé cette paire les Vulcains: les dieux du feu.
Dans la foulée des attentats du 11-Septembre, Bush et ses acolytes se sont employés à tordre le cou à la vérité en détournant les conclusions de certains rapports de la CIA, à cultiver une indifférence fanatique à l'égard des réalités géopolitiques, à se moquer des avis de certains alliés, y compris ceux donnés par des membres du cabinet comme Colin Powell. En un mot, Bush a mis en relief son incapacité à présider aux arbitrages. Attitude qui devait s'avérer funeste tout au long de l'épisode irakien. De cet épisode qui se confond avec catastrophe pour un certain nombre de nations, y compris... les États-Unis.
Que l'on se souvienne: au mois d'août 2002, Dick Cheney, dans un discours devant les vétérans, affirma que Saddam Hussein entretenant des liens étroits avec al-Qaïda en plus de posséder tout un arsenal d'armes de destruction massive, les États-Unis se devaient de le détrôner par la force. On se rappellera que d'Europe, mais également des États-Unis, des voix se sont élevées pour souligner la folie comme la bêtise de l'opération envisagée par Bush, mais aussi par Tony Blair, ce converti, donc ce croisé, qui se posa en menteur en chef du dossier en montant de fausses preuves sur les armes chimiques et autres du Satan Hussein.
Toujours est-il qu'avant même qu'un soldat américain ne mette le pied en Irak, bien des observateurs se disaient estomaqués que Bush n'ait pas noté que la grande majorité des Irakiens étaient des chiites, donc frères en religion des Iraniens. Des chiites bien décidés à mettre un terme à mille ans de domination sunnite. Ces mêmes analystes se disaient éberlués que Bush n'ait pas compris que le renversement d'Hussein serait tout bénéfice pour l'Iran. Cinq ans plus tard, que constate-t-on? Les hommes qui détiennent les postes-clés en Irak sont tous issus de partis fondés par des Irakiens lors de leur exil en Iran. On notera que l'ironie de cette histoire est la suivante: les États-Unis ont renversé Hussein pour le profit de Téhéran tout en payant la facture. Le pire, pour les États-Unis s'entend, c'est que cette montée en puissance de l'Iran s'est accomplie au détriment, au grand détriment, des deux principaux alliés arabes de Washington que sont l'Égypte et l'Arabie saoudite.
Cela étant, Bush a manifesté son incompétence sur un autre front: l'économie. Certes, il n'est pas l'unique responsable de la pire crise en 80 ans. Mais en adhérant aux lunes ou plus exactement à une idéologie, celle dite des néolibéraux, qui déteste l'État à un tel point que c'est à se demander si le souhait réel de ces derniers n'est pas le retour à l'état de nature, à la brutale sauvagerie, Bush est allé jusqu'à précipiter le pays dans un gouffre financier qui annonce aussi un affaiblissement sur le plan international. Comme si ses gaffes en Irak et ailleurs n'avaient pas suffi.
Avant que Bush ne s'installe à la Maison-Blanche, tout un chacun s'accordait pour désigner Nixon comme le pire président de l'après-guerre. Mais tout un chacun lui accorde le mérite d'avoir mis un terme à la guerre au Vietnam, d'avoir reconnu la Chine et d'avoir amorcé le dégel réel avec l'Union soviétique. Bush? Rien. Il aura été le président de rien.
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