Hugo Chávez devant les médias internationnaux

Le bataillon médiatique oublie une importante conférence de presse

Une guerre est en cours en Amérique latine. Une guerre dont nous sommes les témoins aveugles. Aveugles parce que les bataillons médiatiques qui participent activement à cette guerre nous voilent délibérément la réalité.

Médias et politique

C'est dommage que si peu de gens, maîtrisent la langue de Cervantès.
Hier, le Président diabolisé (depuis déjà une décennie) du Venezuela a donné une conférence de presse pour les médias internationaux. La soldate Beatriz Lecumberri du bataillon de l'AFP était présente. Le démon Chávez lui laissa les premiers mots pour donner le coup d’envoi à cette rencontre. La soldate Lecumberri de AFP a donc eu l'honneur de poser la première question. Le démon Hugo Chávez lui répondit de façon plus qu'exhaustive. Une réponse de près d'une heure.
Non seulement il répondit à sa question concernant les allégations du gouvernement Uribe de Colombie l'accusant d'avoir acheté des armes de la Suède pour les vendre ou les donner à la guérilla «marxiste»[1] des FARC, mais il en profita pour donner un cours d'armement et d'Histoire.
La bête noire (puisque ce qualificatif si constamment employé pendant la saine (sic) l'administration Bush identifie maintenant, «le gros verrat» dans l'esprit de bien des gens) a non seulement mis en contexte avec une précision incroyable les accusations colombiennes, il donna un cours d'armes de combat, suivi d'un important cours d'Histoire régional. Aussi, il nous fit part de plusieurs anecdotes et circonstances que son rôle de gradé de l'armée vénézuélienne lui a permis de vivre en tant qu'acteur important dans les événements de la région.
Cette conférence de presse était plus qu'intéressante. Une conférence de presse d'une très grande importance pour comprendre ce qui se passe en Amérique latine.
Ce matin, cherchez un seul reportage de la soldate Beatriz Lecumberri (AFP) concernant cette importante conférence de presse, vous n'en trouverez pas (en tout cas, je n'ai rien trouvé).
Dans les journaux mondiaux (toujours à l'unisson), on trouve deux titres. Le plus "adéquat" est: «Les armes suédoises des Farc ont été volées au Venezuela en 1995, dit Chavez».
Remarquez le «dit Chávez» qui annule en quelque sorte la crédibilité de la nouvelle. Tout le monde sait (après se l'être fait dire depuis des années) que Chávez est (en théorie et selon les soldats de l'information internationale) un fieffé menteur (sic). Donc, bien que Chávez ait démontré d'une façon incontestable l'absurdité de l'accusation colombienne, toute sa remarquable démonstration reste sans effet. Le bataillon médiatique est simplement contre la bête noire, peu importe la réalité, les faits, les circonstances et les preuves.
Une fois de plus nous constatons que le bataillon médiatique opère pour un camp et que l'information journalistique est une illusion terrible.
Pour compenser ce maigre entrefilet, je vous invite à assister à cette importante conférence de presse tenue au palais de Miraflores de Caracas, hier, mercredi le 5 août 2009.
« Chávez demuestra la falsedad de las pruebas de Uribe sobre las supuestas armas incautadas a las FARC » Chávez démontre la fausseté des preuves de Uribe concernant les armes supposément saisies aux FARC (en octobre 2008). Article et vidéo en 4 parties
http://www.radiomundial.com.ve/yvke/noticia.php?30010
C'est avec une clarté et une précision chirurgicale que la bête noire (titre qu'on nous a enraciné dans le profond de notre cerveau) démontre l'absurdité de cesdites preuves.
De plus, Chávez, ce Président diabolisé, qui n'a jamais opprimé sa population, qui a été élu et confirmé dans son poste plusieurs fois par la voie des urnes (toujours amplement surveillées par des centaines d'observateurs étrangers (400 aux élections de décembre 2006), qui n'a jamais envahi aucun pays, qui ne s'est jamais ingéré dans la politique interne d'aucun pays (autrement qu'amicalement lors de rencontres bilatérales ou multilatérales (MERCOSUR, UNASUR, ALBA)), nous a livré avec émotivité ses valeurs et ses convictions.
Il a aussi fait part de comment il avait vécu plusieurs événements concernant cette guerre interne de Colombie ainsi que les attaques répétées contre lui.
Malheureusement, aucun reportage rapportant fidèlement cette vibrante conférence de presse n'est disponible dans nos médias.
Par contre, on peut trouver un second titre faisant référence d'une façon plus que partielle à cette rencontre d'hier avec les médias internationaux:
«Tensions Venezuela/Colombie: Chavez interdit l'importation de 10.000 voitures»
Un titre que vous pouvez retrouver dans l'ensemble de la presse dominante.
Un titre vide mettant au premier plan un aspect négligeable de cette présentation de Hugo Chávez.
C'est cet aspect, totalement secondaire, que les bataillons médiatiques ont choisi de transmettre à la population. C'est l'aspect le plus inoffensif pour ne pas que l'image du gros verrat ne s'améliore.
Il faut noter la présentation "malhonnête" de AFP (repris par TV5 [2]).
L'article se termine en disant:
«M. Chavez a poursuivi en déclarant que les lance-roquettes et fusils automatiques trouvés en Colombie dans un camp des rebelles marxistes avaient été volés dans un arsenal vénézuélien il y a 14 ans, démentant l'affirmation des Colombiens selon laquelle ces armes avaient été fournies par le Venezuela aux Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).
Ces armes se trouvaient à la base de Cararabo, proche de la frontière colombienne, et furent volées en 1995, a affirmé le président Chavez, qualifiant les accusations de Bogota de "sale action" destinée à détourner l'attention alors que la Colombie s'apprête à autoriser l'ouverture sur son sol de sept bases militaires américaines.»
Il est faux de dire: «Chavez a poursuivi en déclarant…»
Chávez n'a pas «poursuivi», il a débuté sa conférence de presse avec ces accusations colombiennes des armes supposément saisies aux FARC en octobre 2008. Sa conférence a duré plus d'une heure sur ce seul point.
Il a parlé environ 5 à 10 minutes, tout au plus concernant l'aspect économique entre le Venezuela et la Colombie, en s'appliquant à démontrer que par ses décisions politiques il avait augmenté de façon incroyable le commerce entre les deux pays, et ce, au bénéfice de la Colombie. Il a dit, qu'étant donné les circonstances (ces attaques diffamatoires répétées contre son gouvernement), il était tout simplement pour faire affaire avec l'Argentine et le Brésil qui eux se comportent en gouvernement honnête et "ami" et non pas comme Uribe qui vient signer des accords en jouant hypocritement l'amitié et en ayant un poignard dans sa manche près à lui planter dans le dos.
Une guerre est en cours en Amérique latine. Une guerre dont nous sommes les témoins aveugles. Aveugles parce que les bataillons médiatiques qui participent activement à cette guerre nous voilent délibérément la réalité.
Cette conférence de presse, malgré son importance, malgré la justesse des preuves et des éléments démontrés, ne nous est pas fidèlement rapportée. La soldate Beatriz Lecumberri, une des vaillantes soldates de AFP, n'a rien fait transpirer des propos du Président vénézuélien.
On nous garde confortablement dans nos préjugés et on travaille à conserver intacte dans notre esprit l'image de la bête noire.
On constate, une fois de plus que le bataillon médiatique joue un rôle de premier plan dans cette guerre.
Tout le monde sait que la première victime d'une guerre est la Vérité. Nous en avons, une fois de plus la preuve.
La couverture du Coup d'État au Honduras est aussi une autre preuve flagrante. La dictature s'est maintenant installée en douce et ce régime dictatorial est devenu le gouvernement «de facto».
C'est honteux de constater comment nos (sic) vils soldats de l'information servent de façon félonne les intérêts qui les emploient et desservent à ce point l'information.
L'Information qui, dans une société démocratique, est la pierre angulaire de la santé du système. Sans une information honnête, toute démocratie ne devient qu'illusion.
Il faut que les citoyens en soient conscients. Il faut que le citoyen s'informe par lui-même.
Internet est un outil extraordinaire pour parvenir à mieux s'informer. Sans internet, jamais nous ne pourrions voir l'importante conférence de presse qui s'est tenue hier à Caracas.
Il faut profiter d'internet et il faut être conscient que probablement, cet outil d'information extraordinaire nous sera retiré peu à peu. Soit par des coûts le rendant inaccessible, soit en contrôlant l'information qui y circule.
Il faut profiter d'internet le temps que nous le pouvons et il faut essayer d'empêcher qu'on nous enlève peu à peu, en douce, cet outil trop démocratique.
La démocratie est d'une fragilité bien plus grande que l'on peut l'imaginer.
Serge Charbonneau
Québec
P.S.: Hugo Chávez a dit attendre un invité de marque aujourd'hui à Caracas. Il a failli vendre la mèche hier, mais a décidé au dernier moment de nous garder la surprise. Peut-être ai-je mal compris, mais, il faut s'attendre à une rencontre, peut-être, importante.
Il faut aussi chercher les reportages ou la diffusion en direct de la prochaine rencontre de l'UNASUR prévue la semaine prochaine à Quito. Il sera question des sept nouvelles bases militaires US en sol colombien. L'UNASUR va sûrement condamner cette présence illégitime de militaires états-uniens sur le sol sud-américain. Mais peu importe les condamnations, l'empire ne recule pas. Il n'y a qu'à voir l'installation sans encombre de la nouvelle dictature au Honduras. Malgré que la communauté internationale ait condamné sans ambages et unanimement le Coup d'État, rien n'a empêché la dictature de prendre le pouvoir. On peut noter la «faiblesse» de la communauté internationale, de l'ONU ainsi que de tous les regroupements de pays, pour contrer ce gouvernement obscur et global qui contrôle (ou tente de contrôler totalement) le monde.
[1] Guérilla «marxiste». Les bataillons médiatiques ont pris l'habitude de toujours mentionner le qualificatif «marxiste». Bien que ce qualificatif ne veuille rien dire quant à la réalité actuelle de la guérilla colombienne, il sert à nourrir le bon vieux sentiment de la «maladie» de l'anti-marxisme. Une maladie qui sert à alimenter les préjugés, préjugés servant à voiler les valeurs morales et la simple réalité de l'injustice du pouvoir oligarchique et de l'incroyable fossé entre les classes sociales (surtout en Amérique latine).
2] [http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/info/p-1911-Tensions_Venezuela_Colombie_Chavez_interdit_l_impo.htm?&rub=2&xml=newsmlmmd.e905fabab4b29a4ff6a3c2fd293e2049.5e1.xml


Laissez un commentaire



3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    8 août 2009

    Je ne veux pas inonder vos pages Serge,
    Mais, permettez-moi cet ajout de l'article : «Le Cinquième pouvoir» d'Ingnatio Ramonte paru dans Le Monde Diplomatique,qui m'apparaissait des plus intéressants.
    Extrait :
    (...) Chacun constate que, comme la nourriture, l’information est contaminée. Elle nous empoisonne l’esprit, nous pollue le cerveau, nous manipule, nous intoxique, elle tente d’instiller dans notre inconscient des idées qui ne sont pas les nôtres. C’est pourquoi il est nécessaire d’élaborer ce qu’on pourrait appeler une «écologie de l’information». Afin de nettoyer, de décrasser l’information de la «marée noire» des mensonges. Dont on a pu, une fois encore, mesurer l’énormité a l’occasion de la récente invasion de l’Irak. Il faut décontaminer l’information. De même qu’on a pu obtenir des aliments «bio», a priori moins contaminés que les autres, il faudrait obtenir une sorte d’information «bio». Les citoyens doivent se mobiliser pour exiger que les médias appartenant aux grands groupes globaux respectent la vérité, parce que seule la recherche de la vérité constitue en définitive la légitimité de l’information (...)
    Lire la suite de ce saisissant article au lien ci-dessous :
    [Le cinquième pouvoir - Ignatio Ramonet
    Information «bio» et «écologie de l'information»->http://www.monde-diplomatique.fr/2003/10/RAMONET/10395]

  • Christian Montmarquette Répondre

    8 août 2009

    Merci hautement pour ces informations Serge.
    Tout ce cirque me rappelle tellement ce qui s'est passé en Palestine l'hiver dernier...
    Chaque foutu d'intro de nouvelle (et en particulier à Radio-Canada) commençait par :
    «Encore une autre attaque aux roquettes des Palestiniens contre Israël !»..
    ...Alors que c'était Israël (alors, en plein contexte électoral) qui avait rompu la paix et délibérément attaqué Gaza à des fins électoralistes pour gagner des votes !
    Les Palestiniens, affaiblis, emmurés lançaient à toutes fins pratiques des pétards à mèche avec des tire-pois pour se défendre, contre, faut-il le dire, la seconde ou la troisième puissance militaire du monde !
    Une véritable « honte médiatique»
    J'avais envoyé en commentaire pour dénoncer l'inobjectivité de Radio-Canada sur ce sujet à «Maisonneuve en direct »...
    Mais... Bien évidemment...
    Ça n'a jamais été publié...
    Heureusement... Avec Internet...
    Il y a désormais un peu plus d'espoir...
    C'est d'ailleurs ce qui a permis à l'UFP et à Québec Solidaire de prendre des forces...
    La qualité et la diversité de l'information, c'est absolument fondamental !
    Je recommande une petite recherche sur le travail d'Ignacio Ramonet qui en dit long sur l'inféodation des médias à notre belle époque des communications..
    Christian Montmarquette
    Résistance Palestine
    PAJU : Palestiniens et Juifs unis :
    Ignacio Ramonet
    Autres sujets d'intérêts :
    La persuation clandestine - Vance Packard
    La fabrication du consentement - Noam Chomsky
    La fabrication du consentement

  • Archives de Vigile Répondre

    8 août 2009

    Un certain Thomas Coex qui dit être "journaliste" (pour semble-t-il AFP, par son adresse courriel) m'écrit.
    Il me dit avoir assisté à la conférence de presse de Hugo Chávez.
    Sans me donner plus de précision, il me lance une attaque personnelle puérile.
    Comme le personnage est public (un "journaliste") comme le sujet est public (la conférence de presse du Président Hugo Rafael Chávez Frias) je vous transmets la "précision" émotive que me fait parvenir ce "professionnel" de l'information.
    J'invite aussi publiquement tous les "professionnels" de l'AFP à commenter, en plus de mon texte (qui tente de mettre en lumière cette conférence précieusement gardée dans l'ombre par les soldats de l'AFP), les propos de leur confrère, Monsieur Thomas Coex.
    Je trouve un peu "lâche" que de tels propos soient envoyés à mon adresse personnelle. Ce sujet et ces propos sont du domaine public. Le sujet est la coloration idéologique de l'information et l'honnêteté de nos soldats médiatiques.
    Cette missive du soldat Thomas Coex de AFP, aurait dû être un commentaire dans ces pages. Alors, le voici (incluant ses fautes d'orthographe):
    -----
    - Message d'origine -
    De : thomas.coex
    À : Serge Charbonneau
    Envoyé : 7 août, 2009 16:48
    Objet : au sujet de votre prose sur Chavez et les medias internationaux
    C est desolant de lire tout cela de la part d une personne qui melange
    tout, dit tout et son contraire et surtout ne sait pas chercher l
    information la ou elle est. Il y a eu de nombreuses reprises des papiers d
    analyse des agences de presse internationales, mais beaucoup plus dans les
    medias hispanisants. J etais present egalement a cette conference de presse
    au palais de Miraflores (je suis journaliste) et je peux vous dire que tout
    votre charabia montre que vous ne connaissais rien et ne savez pas ce qu il
    se passe reelement dans ce genre de conf de presse. Ca devient plus qu
    enervant de tomber via des recherche google sur des propos qui injurient
    une journaliste (Beatriz Lecumberri de l AFP. Vous devriez vous renseigner
    sur la production de l agence a l issue de cette conference de presse et
    surtout vous excuser pour avoir diffamer une professionnelle du journalisme
    qui a pris tous les risques dans sa carriere pour informer le monde entier
    depuis tous les zones de guerre des 10 dernieres annees. C est quand meme
    plus professionel que de faire des analyses digne du bistrot du conmmerce
    depuis son mac assis tranquillement au Canada.
    -----
    Ce sont des propos édifiants, vous en conviendrez.
    Une constante chez ces gens qui se battent avec ardeur contre tout ce qui ressemble à autre chose que l'exploitation néolibérale globale, c'est la faiblesse de leur discours. Aucune argumentation, aucun fait précis, que des attaques personnelles sans précision dans les reproches. Si je dis des faussetés et qu'on me le démontre, j'avouerai rapidement mes torts et je m'excuserai publiquement.
    Des attaques personnelles du genre de celles de monsieur Thomas Coex, sont malheureusement trop courantes. On nous accuse facilement d'avoir tort, mais sans jamais le démontrer. De plus, on joue TOUJOURS sur la crédibilité, la notoriété, le "titre" des désinformateurs ou maquilleurs de la réalité. Par exemple, en disant: «Beatriz Lecumberri de l AFP. Vous devriez vous excuser pour avoir diffamer une professionnelle du journalisme qui a pris tous les risques dans sa carriere pour informer le monde entier depuis tous les zones de guerre des 10 dernieres annees.»
    Ai-je "diffamé" cette professionnelle? Je l'ai qualifié de soldat de l'information et j'ai dit avoir cherché son compte-rendu sans le trouver.
    Mme Lecumberri a pris le micro et a posé une question. Je voulais lire son compte-rendu de la réponse que le Président Chávez lui a fait. Une réponse complète.
    Dois-je m'excuser d'avoir noté qu'aucun compte-rendu n'a été livré au public?
    J'ai demandé à Monsieur Coex de m'envoyer le lien où je peux lire le compte-rendu de Mme Lecumberri ainsi que son propre compte-rendu (puisque cet individu dit être un journaliste présent lors de la conférence de M. Chávez).
    Aucune réponse (à l'heure actuelle).
    Bon, j'espère que ce petit commentaire saura égayer votre journée tout en alimentant votre réflexion. Comme disait Monsieur l'ex-Président Bush: «Les forces du mal sont partout» et je poursuivrais en disant qu'il faut, en tant que citoyen de pays encore démocratique, lutter contre le terrorisme médiatique (soyez indulgent pour cette presqu'exagération).
    Serge Charbonneau
    Québec