Le bon sens en péril

Harper et la culture


Si l'on en croit les artistes, la culture québécoise est «en péril». La situation est grave à ce point qu'il faut multiplier les manifestations, les spectacles, les conférences de presse. Au Club Soda mardi soir, Michel Rivard a soutenu qu'«il y a toute une relève qui ne verra pas le jour, il y a des films qui ne se feront pas, il y a des artistes qui vont être muselés».
Avant qu'on en vienne à accuser Stephen Harper d'être la réincarnation de lord Durham, il importe de ramener cette affaire de compressions dans la culture à ses véritables dimensions. Les compressions en question ont été mal gérées. Deux des programmes abolis étaient essentiels à la présence internationale de nos artistes et la ministre responsable aurait dû prévoir des mesures de remplacement avant de mettre la clé dans la porte.
Cela dit, selon la Conférence canadienne des arts, la diminution nette du budget de Patrimoine Canada consacré aux arts et à la culture est de 18 millions. C'est une baisse d'à peine 2% sur un budget de 777 millions. Certes, les programmes Routes commerciales et PromArt étaient précieux et devront être remplacés. Toutefois, la survie de la culture canadienne dépend-elle du maintien du programme Fonds mémoire canadienne (11,6 millions)? Du Programme d'accès des autochtones du Nord à la radiodiffusion (2,1 millions)?
Avant de crier à l'assassinat de notre culture (»Conservatueur de culture», accuse une publicité du NPD), il faut se souvenir que le gouvernement fédéral continue de verser des sommes considérables dans ce secteur. À titre d'exemple:
1,1 milliard pour la Société Radio-Canada;
182 millions au Conseil des arts du Canada (une augmentation de 30 millions; quel artiste en a publiquement remercié le gouvernement Harper?);
40 millions pour les fêtes du 400e anniversaire de Québec, essentiellement consacrés à des activités culturelles (plutôt que de s'en réjouir, des artistes ont dénoncé la «canadianisation» des fêtes);
28 millions pour les festivals;
120 millions pour le Fonds canadien de télévision;
22 millions pour le Fonds de la musique;
65 millions à l'Office national du film;
108 millions à Téléfilm Canada; etc.
Les réaménagements des budgets de Patrimoine Canada ne mettent pas la culture en péril. Ils occasionnent des tracas à certains acteurs de l'industrie culturelle, ce qui n'est pas la même chose. C'est déplorable, des correctifs doivent être apportés. Mais ça ne justifie pas une mobilisation d'une telle ampleur.
La main sur le coeur, les partis de l'opposition ont promis d'annuler ces compressions et d'augmenter considérablement les sommes consacrées au soutien aux arts. Vraiment? Peu importe si certains des programmes abolis ne servent plus de fins utiles? Peu importe la situation financière du gouvernement?
Le ton qu'ont adopté le premier ministre Harper et les artistes laissent penser qu'en réalité, ce n'est pas de soutien à la culture qu'il s'agit. Le premier fait de la démagogie sur le dos des artistes pour plaire à sa clientèle; les seconds font de la démagogie sur le dos d'un gouvernement qui, en plus d'avoir le malheur d'être de droite, menace d'affaiblir le mouvement souverainiste.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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