"Le Canada perd sa bonne réputation"

Le président de la fédération canado-arabe critique le gouvernement Harper

Politique étrangère et Militarisation du Canada


C'est une histoire que beaucoup de Canadiens ont entendue: les Américains qui veulent voyager incognito arborent fièrement le drapeau canadien sur leurs bagages. C'est bien connu: le Canada passe mieux. Partout dans le monde, le drapeau rouge et blanc est synonyme de paix et de bonne volonté.
Mais cette époque est peut-être révolue, croient des membres éminents de la communauté arabe du Canada, consternés de voir leur pays d'adoption épouser la politique étrangère américaine.
"Malheureusement, nous avons un premier ministre qui se fait le perroquet de l'administration Bush", dit Khaled Mouammar, président de la Fédération canado-arabe. "Le Canada perd toute sa bonne réputation, dit-il. Avant, les gens faisaient la différence entre les Américains et les Canadiens. Avant, le Canada était perçu comme un médiateur objectif. Maintenant, nous sommes perçus comme l'adjoint des États-Unis. Et cela met en danger la vie de tous les Canadiens à l'étranger."
Ce Palestinien réfugié au Liban a immigré au Canada en 1965. Il vient de prendre sa retraite comme commissaire à l'immigration et au statut du réfugié.
Il craint que le Canada ne soit en train de donner un coup fatal au système des Nations unies. "Il y a deux tendances aux Nations unies, dit-il. L'unilatéralisme et le multilatéralisme. Avant l'invasion de l'Irak, le Canada a dit non à l'unilatéralisme. Aujourd'hui, il s'est joint à ce club, démarré par les États-Unis et le Royaume-Uni. Cela va détruire le système international. Et l'unilatéralisme ne fonctionnera pas. Le monde va devenir plus dangereux."
Fouad Sahyoun, Montréalais d'origine palestinienne, a grandi en Égypte après avoir dû quitter Haïfa en 1948. "Le Canada, pour nous, c'était le pays des Casques bleus, dit-il. On les voyait partout au Moyen-Orient. C'était des gens bien, des gens humains, des pacifistes. Ils étaient dans la construction des sociétés civiles, de la paix. Ce n'est plus le cas aujourd'hui."
Il a fui le Liban pour Montréal en 1990, après avoir travaillé notamment aux Nations unies. "Le Canada, pour nous, c'était l'idéal, dit-il. Mais aujourd'hui, le Canada est un pays de droite à l'image de États-Unis et c'est absolument bouleversant."
La communauté arabe du Canada est très morcelée, notamment au plan de la religion. Si la plupart des Canadiens d'origine arabe sont encore aujourd'hui chrétiens, l'immigration plus récente est en majorité musulmane.
Contre le gouvernement Harper
Mais les Arabes du Canada semblent s'unifier contre la politique du gouvernement Harper à l'égard de la guerre au Liban. "Les Libanais eux-mêmes sont divisés, dit Maria Mourani, députée du Bloc québécois, d'origine libanaise mais née en Côte-d'Ivoire. Mais, actuellement, le Liban est uni. Et ici, c'est une majorité de personnes qui sont complètement écoeurées, peu importe leurs origines et leur religion."
Omar Alghabra est député libéral de Mississauga. Né en Arabie Saoudite, il est arrivé au Canada à 19 ans. Cette année, à 36 ans, il a été élu à la Chambre des communes.
"Il ne fait pas de doute que Stephen Harper a, à lui seul, endommagé la réputation de notre pays, pas seulement dans les pays arabes, mais dans le monde entier, dit-il. Je crois qu'il sera plus difficile à l'avenir de bâtir des relations positives sur le plan politique et économique."


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