Il y a quelque chose de profondément déplaisant dans le déguisement indépendantiste de Québec solidaire. QS qui parle du pays! Qui évoque René Lévesque!
Les mêmes qui zigonnent avec le très fédéraliste NPD! On comprend la colère de Gilles Duceppe, jadis victime de la duplicité des mêmes «solidaires»...
Quant à l'alambic de sa «Constituante», QS la présente comme le pied de l'arc-en-ciel mais cela foutrait la Belle province dans un bordel citoyen de force 5!
Évidemment QS, une fois encore, cherche d’abord à nuire au PQ, le porteur historique du projet d’indépendance. Ça fait dix ans qu'il le parasite, qu'il le phagocite, qu'il le grignote; QS, c'est la gangrène du nationalisme québécois, il en a déjà l'odeur...
On pourrait croire que les marxistes de souche sont commandités par Ottawa tellement leur travail de sape est bien orchestré.
Pour le reste, c’est tel que tel... On ne sait pas trop ce qu’ils veulent faire du Québec à part ajouter encore et encore à la liste déjà longue des programmes sociaux. Faudrait peut-être relire Hegel...
C’est que les soviets locaux n’aiment pas vraiment que l’on regarde de près ce qu’ils proposent : la décroissance, les nationalisations, la gratuité et la dépense à gogo. Sans parler de l’autoritarisme sectaire qui transpire de son programme.
Y a-t-il un pays au monde où le marxisme et ses variantes ont été un succès? À Cuba? Au Vénézuéla? Au Congo? La dictature du prolétariat a produit un monstre bureaucratique sous les griffes desquelles les Russes ont souffert plus que quiconque. Les camps n'ont pas été inventés par les nazis mais par les partisans de Marx...
Même sur les traités internationaux, QS a réponse à tout. Mais que dirait Manon Massé à Trump s'ils devaient discuter de la gestion de l'offre?
-Moué, chu lâ, pour le monde. Faque, le lait pis l'beûrre, on veut l'payer cher...
Voilà pourquoi QS parle du pays et non pas de son programme ou de ses contradictions. Mme Massé elle-même est incapable de le vendre convenablement; elle est à l'aise dans les clichés, l'empathie, la compassion. Le reste, «ça lâ moins d'importance»...
Alors, après avoir poignardé le PQ dans le dos, après avoir rejeté une feuille de route souverainiste commune, voilà Jeanne d’Arc 2.0 à cheval sur l’indépendance et/ou le climat, ça dépend des jours.
C’est pour échapper aux questions, n’en doutons plus! Durant un mois, QS a promené sa duchesse comme si les élections étaient un carnaval. Mais les choses se corsent et les questions, enfin, sont posées en direct à la télé.
QS ne serait pas vraiment marxiste. Et GND n’a-t-il pas participé à un festival marxiste? Mme Massé n’y trouvait rien à redire l’an dernier, estimant qu’il était «intellectuellement» nourrissant de voir le monde à travers une «grille marxiste». Pourquoi n'est-ce plus cool d'être marxiste?
Le refrain solidaire change maintenant que les gens cherchent à comprendre ce que vendent les sous-fifres de Gaétan Châteauneuf, le vrai boss de Québec solidaire, et ex patron de la CSN du Montréal-Métro, plaque tournante du militantisme anticapitaliste dans la métropole. L'extrême-gauche sait où trouver des systèmes de son quand elle veut perturber la paix sociale; les experts en cette matière se connaissent et se fréquentent.
Un oeil sur les sondage, QS dit flairer un «mouvement». Espérons plutôt que le contribuable le plus taxé d’Amérique se réveille, alerté par les sabots des licornes.
Aussi doué pour l’humour que pour la simulation, QS a provoqué un bégaiement généralisé en disant vouloir demander aux fonctionnaires des Finances si un Québec indépendant serait financièrement viable!
Les bons vivants de la Direction des emprunts ont dû se précipiter au Continental! : «Sylvain! Un double! Ça presse!»
Mais les fonctionnaires n’auraient d’autre choix que de répéter l’oracle parisien de Jean Charest : «Bien sûr que le Québec a les moyens de faire la souveraineté»!
Il aurait d’ailleurs pu ajouter que les Québécois le savent depuis longtemps, ils n’en voient tout simplement plus la nécessité. Ce n’est pas une affaire de fric mais d'effort. Au fil du temps, l'échine s'est ramollie et le colonisé n'est plus capable de ramasser ses fraises...
Comment lui faire croire maintenant qu’il doit sortir du Canada alors qu’il est choyé incomparablement en programmes sociaux? Il a son Secrétariat du bingo, sa Commission de toponymie, son Institut des mines, son Institut de la statistique, son Institut d'hôtellerie, son Centre du leadership, bref, il en a tellement qu'il ignore ce qu'il possède...
Le créole de souche se dit alors: «Chu bin moué, bon!»
Pas la peine d’alerter le club optimiste des Finances. On sait que QS souffle sur les braises de l’indépendance pour faire croire au peuple qu’il avance alors qu’il n’ira nulle part...
PHOTO D'ARCHIVES, SÉBASTIEN ST-JEAN
Au reste, pour savoir ce qu’il en serait du pays, pas besoin de déranger les nénuphars de la rue St-Louis. On peut relire le dernier budget de l’An 1, celui pondu par François Legault du temps où le PQ croyait faire l’indépendance avec André Boisclair...
C’était le bon temps des surplus budgétaires; Ottawa nageait dans les milliards siphonnés d’un océan à l’autre. Il n'y avait qu'à vouloir un pays pour s’en payer un...
Ah, qu’elle était juteuse l’indépendance. Il n’y avait qu’un pas jusqu’aux vallées verdoyantes, disait-on, même si personne n’y croyait plus...
Aujourd’hui, à Ottawa, un déficit n'attend pas l'autre. Les prestidigitateurs des Finances auraient donc bien du mal à changer l’eau en vin et l'utopie en lingot d’or.
On comprend que tout ça sert à divertir, que QS veut gagner du temps jusqu’au 1er octobre. Il ne tient pas à préciser ses idées et se trouve beaucoup plus à l’aise sous le radar, là où il peut dire ce que tout le monde veut entendre...
Cette discrétion relative tient aussi de la statégie: le conseil central qui ne veut pas «brûler» son poulain, l'archange Gabriel, après l'avoir si bien nourri... On le reverra fin seul sur les podiums quand l’extrême-gauche lâchera la bride, dans quelques années tout au plus... En attendant, le carnaval des soviets met en vedette Manon Massé; le résultat sera conséquent et conforme aux objectifs...
En attendant, les péquistes doivent s’arracher les cheveux devant la parade des patriotes du dimanche. Ils finiront chauves, au mieux blanchis. Ils croient toujours pouvoir éviter le pire mais on se demande s’ils se remettront jamais de l’élection de 2018...
