Comme plusieurs artistes, Fred Pellerin s’affiche avec le carré rouge, comme ici lors de la Journée de la Terre, le 22 avril dernier, avec Roy Dupuis.
Christine St-Pierre, la ministre de la Culture, regrette que Fred Pellerin ait refusé d’être fait chevalier de l’Ordre national du Québec. À cause de la crise sociale, le conteur-chanteur préfère pour l’instant s’abstenir de festoyer sa « nouvelle chevalerie ». Ne serait-ce que par délicatesse à l’égard de son peuple, explique-t-il.
Hier, la ministre St-Pierre estimait que Fred Pellerin « a le droit de porter le carré rouge, on est dans la liberté d’expression, mais nous, on sait ce que ça veut dire le carré rouge, ça veut dire l’intimidation, la violence, ça veut dire aussi le fait qu’on empêche des gens d’aller étudier ; pour nous, c’est ce que ça veut dire et pour une grande, grande, grande partie des Québécois, c’est ce que ça veut dire ». La ministre St-Pierre répondait ainsi à une question posée par Le Journal de Québec.
Pour Micheline Sarrazin, l’agente du conteur-chanteur, ce refus des honneurs « n’est en aucune façon un geste partisan, ni de violence. La lettre de Fred est très claire là-dessus. Je ne sais pas si la ministre a lu la lettre. Si les gens qui portent le carré rouge sont violents, les gens qui sont en face d’elle le sont-ils eux aussi ? Qu’est-ce qu’on peut répondre à ça ? La ministre vient en somme de dire que des centaines de milliers de gens sont violents. »
Devant la polémique déclenchée par la ministre St-Pierre, Fred Pellerin se contentait pour sa part de renvoyer à sa lettre adressée à l’Ordre national du Québec : « Je n’ai pas l’intention de publier aucun communiqué de presse ou autre. Je ne veux faire aucun coup d’éclat (au contraire !). Je ne veux pas me lancer dans une suite d’entrevues. »
Le nom de Fred Pellerin figurait encore jeudi sur les listes d’une vingtaine de Québécois devant recevoir cette semaine le titre de chevalier de l’Ordre national du Québec.
Dans sa lettre adressée à l’Ordre, le conteur explique avoir été « viré à l’envers de fierté. […] J’en suis flatté, dans le sens du poil debout sur les bras. […] On allait me piquer à la veste un bout de brillance au nom du peuple québécois. Mon peuple », écrit-il.
« Mais il se trouve, poursuit-il, que ce peuple à qui on me demande de faire honneur en tant que membre de l’Ordre se trouve présentement plongé dans une crise sociale d’ampleur. Je m’en voudrais de célébrer et de trinquer à l’honneur de ce peuple dans le contexte actuel, où même notre démocratie se fait secouer par la base. »
Remerciant l’Ordre pour sa « comprenure », Fred Pellerin dit aussi qu’accepter la médaille de l’Ordre serait faire un « faux pas dans [s]a neuve chevalerie » et qu’il préférait finalement refuser l’honneur qu’on lui décernait. « Choix très difficile à faire, mais j’ai eu beau m’essayer l’idée du 7 juin dans tous les sens, je n’aurais pas été capable de me rendre au bout. »
Selon l’artiste, l’Ordre lui aurait fait savoir qu’il pourra être décoré l’an prochain. Soulignons que le chef d’orchestre Jacques Lacombe et la chanteuse Isabelle Boulay ont aussi, pour diverses raisons, laissé leur chaise vide, jeudi, lors de la cérémonie.
Lors de cette cérémonie, le premier ministre Jean Charest a gratifié Jacqueline Desmarais, épouse du milliardaire Paul Desmarais, ainsi que Jean-Louis Beaudoin, ex-juge à la Cour d’appel, du statut de grand officier, plus haute distinction de l’ordre national du Québec.
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