Les réformistes canadiens-français sont de retour*

Le centre-droit identitaire vs la gauche du multiculturalisme

Le PQ doit renoncer à la dynamique de la Québécité

Tribune libre

Si le centre-droit veut détruire le PQ, c’est que la gauche du multiculturalisme veut détruire l’âme nationale du peuple canadien-français
Le Québec est aujourd’hui en crise politique, financière, institutionnelle et culturelle parce que la nation canadienne-française a été instrumentalisée de manière à ce que, depuis la prisse du pouvoir par le PQ en 1976, les tenants du multiculturalisme insistent à qu’elle renonce à son identité ethnique qui la caractérise depuis 250 ans comme entité nationale distincte au Canada.
Dans le livre intitulé « Mondialisation, citoyenneté et multiculturalisme » ―publié en 2000, traitant une série de textes présentés lors d’un colloque tenu au Musée des beaux-arts de Montréal les 28 et 29 mars 1998― apparaît un passage du document « Citoyenneté, nationalité et culture » présenté par Diane Lamoureux, politicologue et professeure au département de science politique à l’Université Laval, dans lequel on peut lire cette affirmation :
« Le caractère pluraliste croissant du Québec, son multiculturalisme donc, risque de saper le projet souverainiste qui continue d’être largement porté par une idéologie ethnicisante »
La gauche de l’option ‘’idéologique’’ du multiculturalisme, en privilégiant l’amalgame multiethnique, ne fait que détruire le pouvoir politique de la majorité nationale du Québec. L’incessante division de ce même pouvoir francophone a rendu possible que JJ. Charest, le mercenaire politique d’Ottawa, soit à la tête de l’État québécois. Le contrôle qu’il exerce sur l’appareil étatique de manière totalitaire depuis 2003 donne aujourd’hui comme résultat prévisionnel un Québec se trouvant en crise politique, financière, institutionnelle et culturelle. Une crise provoquée par la négation de la gauche qui considère que l’articulation et la disjonction qui s’opèrent entre le multiculturalisme et la primauté du caractère ethnique national ne doivent pas se faire au dépend de l’égalité (sic) et de la justice ethnoculturelle, même envers les communautés dont les valeurs sont incompatibles à celles de la nation d’accueil.
C’est ainsi que cette gauche carriériste et dénationalisée de ses origines historico-culturelle en proclamant haut et fort « Il n’y a plus d’ethnie canadienne-française » joue le jeu complice de la stratégie politique divisionniste de P.E. Trudeau, dénoncée par Gilles Bibeau :
« Le multiculturalisme ne serait au fond, pense Bissoondath, qu’une concession que P.E. Trudeau a faite au Canada anglais qui avait refusé le biculturalisme et qui acceptait mal le bilinguisme ‘’coast to coast’’ de l’anglais et du français. En combinant la dualité des langues au pluralisme des cultures au sein d’une même politique, le gouvernement du Canada réduisait d’un côté le Québec à sa seule dimension linguistique. »(1)
Alors, nous savons aujourd’hui dans quelle direction nous conduit cette « dimension linguistique » au Québec avec l’obstruction systématique de la Cour suprême du Canada concernant la Charte de la langue française (loi 101). En effet, la constitution canadienne comprend une dynamique de pouvoir centralisateur et de fragmentation sociale et politique allant à l’encontre du peuple québécois ―la loi sur le multiculturalisme, enchâssée dans les amendements constitutionnels en 1982, en est un exemple―, du fait de la primauté accordée au droit fédéral sur les droits nationaux du Québec.
Seule une action politique radicalement démocratique et effective peut nous redonner le contrôle de la voie à suivre afin d’assurer la survivance de notre nation canadienne-française qui se bat pour exister, tel qu’elle le fait depuis 250 ans. Si nous ne comptons pas avec les réformistes souverainistes, le Québec se retrouvera à nouveau dans une autre impasse de sa démarche collective consistant à défendre ses intérêts nationaux. En définitive, la gauche du multiculturalisme, incapable d’entreprendre les changements qui s’imposent dans ce contexte de crise politique, financière, institutionnelle et culturelle en raison qu’elle est constamment prise en otage par son propre piège idéologique, il en résulte que le Québec ne peut, dans un tel contexte, sortir de cette crise nationale.
Jean-Louis Pérez
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*. Ce retour des réformistes souverainistes est plus que jamais indispensable afin de rendre hommage à ceux qui ont lutté pour un Québec digne et indissociable à sa raison d’être comme nation, laquelle persiste à refuser l’assimilation :
« La génération patriote avait vécu d’espoirs, elle avait tenté de jeter les bases d’un monde nouveau ; la génération réformiste a été hantée par la débâcle militaire de 1837. Confrontée à l’Acte d’Union de 1840, alors synonyme d’assimilation, au début d’une vague d’émigration des Canadiens français vers les États-Unis et à des défis sociaux inédits, la génération réformiste du milieu du XIXème siècle a hérité d’un monde incertain. »(2)

1. Rapportant aussi ce qu’affirmait Gilles Bibeau dans le même chapitre :
« Il convient de rappeler que la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme (1964-1965) avait indiqué dans ses conclusions la possibilité de créer un Canada qui serait non seulement bilingue mais également biculturel, anglais et français. Cet autre Canada dont rêvait André Laurendeau, un des deux coprésidents de la Commission, était binational. C’est à ce rêve, sans doute partagé par une majorité de Québécois ―plutôt, de Canadiens français―, que Trudeau s’est opposé avec la politique du multiculturalisme. Je rappelle que Trudeau a été élu premier ministre du Canada en juin 1968 et que quelques années lui ont suffi pour remplacer le rêve de Laurendeau d’un Canada biculturel par un bilinguisme assorti du multiculturalisme. »(3)
2. Passage extrait de la Présentation du livre écrit par Éric Bédard, « Les Réformistes. Une génération canadienne-française au milieu du XIXème siècle », Les Éditions du Boréal, 2009.
3. Extrait de la note 12 du chapitre intitulé « Qui a peur des ethnies ? » écrit par Gilles Bibeau, professeur titulaire au département d'anthropologie de l'Université de Montréal, et coauteur du livre cité.


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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    27 octobre 2010

    Lors des référendums dans les pays baltes, seuls les Baltes d'origine ont eu le droit de vote. Le Canada a reconnu les 3 pays.
    Au Kosovo, aucun référendum. On a voté en chambre un dimanche matin. Les députés serbes étaient restés à la maison.

  • Archives de Vigile Répondre

    26 octobre 2010

    Monsieur Perez,
    Êtes-vous Castillan, ou Espagnol? Seriez-vous Castillan-espagnol? Les Catalans sont-ils Catalans-espagnol, ou bien Catalans tout court? Et le Galiciens? Des Galiciens-ibériens? Des Galiciens-castillans-espagnols? Cela suffit.
    À l'origine, les Canadiens, c'est nous. Une fois conquis par les armes, on recrée notre identitée en s'ajustant au territoire réel, et l'État s'ensuit. Nous sommes des Québécois et cessez de nous importuner avec vos vieilleries issues d'un paradigme franquiste.
    Vous êtes avec nous? Alors appelez-nous "Québécois". Et vous êtes un Québécois itou. Entende, o comprende?

  • Marcel Haché Répondre

    26 octobre 2010

    L'assise de l'indépendance,ce n'est pas la territorialité.C'est le peuple souverain,l'assise, qui pourrait même accepter une partition pour se libérer d'un régime politique.
    Sans peuple, pourquoi l'indépendance ? Pour libérer un territoire ? Des lacs et des montagnes ? De ce strict point de vue,le Canada serait un merveilleux pays.Pourquoi vouloir en changer.
    Le multiculturalisme devra être extirpé de nos institutions.Cela va bien plus loin que de se chicaner sur les mots québécois ou canadiens-français.Ce que la gauche n'est pas prête à admettre,c'est le sentiment anti-québec de la minorité anglo.C'est très précisément cette minorité qui se réclame le plus de la valeur candienne du multiculturalisme.

  • Jean-Louis Pérez-Martel Répondre

    26 octobre 2010

    M. Poulin,
    Vous affirmez :
    « L’appellation Canadien-français n’existait pas avant la constitution de 1867 et elle n’a pas été le fait des descendants des colons mais des Anglais, qui ont subtilisé le nom de Canadiens au profit de leur création impérialiste. »
    Pour bien connaître l’Histoire des Canadiens français il y a d’excellentes œuvres écrites par d’imminents historiens. Afin d’éviter le ‘’parti-pris’’ que pourraient avoir, selon certains démagogues et négationnistes, des historiens canadiens-français, je vous recommande l’œuvre en deux tomes écrite par l’historien et professeur américain Mason Wade, titrée « Les Canadiens Français de 1760 à nos jours » (Tome I, 1760-1914) et (Tome II, 1914-1963). Cette œuvre à été traduite de l’anglais au français par Adrien Venne et publiée par Le Cercle du Livre de France, Paris, 1963.
    Bonne et patiente lecture.
    Cordialement,
    JLP

  • Raymond Poulin Répondre

    26 octobre 2010

    Que la question de l’indépendance se résolve par un referendum ou une élection référendaire, il n’en reste pas moins que tous les habitants du Québec majeurs et citoyens canadiens auront légalement le droit de voter, comme ç’a toujours été le cas. En quoi le fait de renommer Canadiens-français les descendants des colons établis ici sous le Régime français rendrait-il plus facile d'obtenir un oui? L'appellation Canadien-français n'existait pas avant la constitution de 1867 et elle n'a pas été le fait des descendants des colons mais des Anglais, qui ont subtilisé le nom de Canadiens au profit de leur création impérialiste. Par ailleurs, il va de soi que l'assise de l'indépendance, c'est d'abord la dimension territoriale qui circonscrit le futur État indépendant. Pourquoi reprendre une désignation qui englobe les Canadiens du reste du Canada partageant les mêmes racines, alors que ces derniers ne peuvent, logiquement et légalement, avoir voix au chapitre? Que certains aiment ou n'aiment pas s'identifier par le vocable de Québécois, une fois le nouvel État advenu, je ne vois pas comment on pourrait nommer autrement ses citoyens.