«Le dossier est clos!»

N'importe quoi...



(Québec) On peut être en désaccord avec Pauline Marois, mais on ne peut lui reprocher de se réfugier derrière des faux-fuyants sur les questions de principe et d'éthique. «Le dossier est clos», a-t-elle répondu dimanche, lorsque les médias ont tenté de voir si elle pourrait revenir sur sa décision d'interdire à ses députés d'acheter de la publicité dans Le Québécois, ce média souverainiste dirigé par Patrick Bourgeois, à qui on a reproché d'avoir incité les gens à la violence dans le débat sur la bataille des Plaines. À défaut d'excuses, la chef du Parti québécois ne reviendra pas sur sa décision.
Sa prise de position rappelle sa sortie publique de 2002, en plein conseil national, pour dénoncer le copinage de certains dirigeants du PQ et proches de Bernard Landry dans le dossier d'Oxygène 9. Là comme en fin de semaine, Mme Marois a été catégorique et sans complaisance. Pas question de tolérer les appels à la violence au sein du parti de René Lévesque.Il est toujours difficile pour un chef de parti de sévir contre des militants, surtout quand il s'agit de gens qui oeuvrent pour la cause et qui ont la sympathie de certains députés, comme c'est le cas de Patrick Bourgeois. Pauline Marois a causé un malaise au sein de son caucus en interdisant aux députés d'annoncer dans Le Québécois. Mais le PQ, tout comme le PLQ ou l'ADQ, serait très vulnérable à la critique s'il tolérait les appels à la violence, au racisme ou à l'intolérance. Mario Dumont a grandement souffert de sa campagne sur les accommodements raisonnables. Jacques Parizeau a démissionné de ses fonctions après avoir fait porter à l'argent et au vote ethnique l'odieux de l'échec référendaire de 1995. [???] Il n'y a pas de place pour la demi-mesure en ce domaine, et Pauline Marois a eu raison de mettre les points sur les i.
Il y a également une leçon à tirer de cette affaire, du côté du Québécois et de tous les groupes plus radicaux qui gravitent dans la mouvance souverainiste. Il y a une place, dans une société libre, pour les gens ou les organismes de gauche plus radicaux ou plus critiques de l'ordre établi, tout comme il y a une place pour la pensée de droite. C'est l'équilibre entre ces deux courants qui permet à une société de progresser.
Mais la liberté a ses contraintes. Un organisme ou un média qui réclame une liberté totale doit s'imposer la même liberté dans son financement. En acceptant les subventions ou la publicité des péquistes et des bloquistes, Le Québécois s'est lié à des partis politiques qui prônent des changements importants, mais à l'intérieur d'un cadre démocratique et sans recours à la violence, ne serait-elle que verbale. C'est cette contrainte que Patrick Bourgeois n'a pas respectée et pour laquelle il paie maintenant le prix. En perdant les commandites du PQ et du Bloc québécois, il reprend sa liberté de critiquer ces partis et leurs dirigeants, tout comme il le faisait jusqu'à maintenant pour les libéraux.
Souverainiste convaincu, il lui appartient maintenant de déterminer si son combat sera plus efficace à l'extérieur des paramètres établis par le PQ et le Bloc, ou en harmonie avec eux.
Quant à Pauline Marois, elle a coupé un lien à cause de propos qu'elle aurait sans doute dénoncés même si elle n'était pas à la direction du Parti québécois. Elle aura peut-être un prix à payer chez certains militants, mais le prix pour le PQ aurait été encore plus grand si elle avait fermé les yeux ou tenté d'excuser ces propos.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé