Un feu lent mais constant, un feu qui n'a pas pour l'instant la force de la destruction, sillonne les couloirs de la maison UMP, la formation du président Nicolas Sarkozy. La cause? Ce dernier tardant à officialiser sa candidature, il sème le doute au sein de son parti. Et ce, au profit de son principal adversaire, le socialiste François Hollande, qui se balade, se balade, se balade.
Bien évidemment, les journalistes invités à questionner le président sortant lors d'un débat télévisé regardé par 16 millions de citoyens lui ont demandé d'emblée s'il se portait candidat. Sa réponse, récitée sur le mode de la crispation, fut non ou plus exactement pas tout de suite. Car lui en poste a des responsabilités que les autres n'ont pas. Lesquelles? Tirer la France de sa torpeur économique, lui éviter des «rêves bon marché». CQFD: ceux qu'a proposés Hollande lors du lancement officiel de sa campagne, par ailleurs qualifié de réussi par un contingent de commentateurs et de politicologues, et lors d'une longue émission télé où il a croisé le fer avec Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères.
Empruntant à la liturgie churchillienne, Sarko s'est donc dit condamné à prendre de la hauteur, condamné à rester le plus longtemps possible président de la République, car des décisions doivent être prises afin de remonter le moral d'une nation qui, selon une récente étude, s'avère la plus déprimée au monde. Toujours est-il que lors de cet entretien au cours duquel il a harponné — il ne peut pas s'en empêcher — des journalistes pourtant conciliants, il a annoncé encore une fois une ribambelle de réformes. Et notamment l'instauration d'une TVA sociale.
Sur cette dernière, il faut s'arrêter, car elle résume cette inclination marquée qu'à Sarkozy pour la précipitation, car elle symbolise le malaise qui habite un certain nombre de députés de son camp et les retournements dont leur président est parfois coutumier. De quoi s'agit-il? Réduire le coût du travail en supprimant par exemple les cotisations patronales de la catégorie famille. Signe particulier de cette mesure qui va alourdir la responsabilité financière de tous les ménages? On n'envisage pas son application avant octobre prochain, soit cinq mois après... les élections présidentielles. On comprend qu'un député de l'UMP ait comparé cette proposition à «un suicide politique». À preuve...
À preuve ce sondage réalisé après sa prestation et celle d'Hollande qui avance que ce dernier continue de progresser au point qu'advenant un second tour opposant ces deux prétendants, le champion des socialistes l'emporterait très largement, par 16 %. Cela rappelé, tout un chacun aura deviné que bien des députés UMP sont déprimés, d'autres en colère, car ils devinent que l'écart de la présidentielle risque fort de se reproduire lors des législatives qui se tiendront un mois plus tard. Bref, ils appréhendent d'ores et déjà la perte de bien des circonscriptions.
Pour renverser la vapeur, la base de l'UMP, militants et députés confondus, multiplient les appels à une déclaration de candidature à court terme afin de requinquer le moral de troupes qui jugent que la stratégie arrêtée par Jean-François Copé, le patron de l'UMP, concernant Hollande, soit «la stratégie du massacre à la tronçonneuse», a été un échec. Entre la posture choisie par Sarko et l'échec de Copé, c'est à se demander si ces deux-là ne sont pas les tontons flingueurs de la droite.
Présidentielles en France
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