Le président Nicolas Sarkozy vient de piéger le candidat Sarkozy. Comment s'y est-il pris? En accomplissant un effet boomerang qui commence sur le flanc économique avant de se conclure sur le front politique. Mais encore? Après que l'agence de notation Standard and Poor's eut lancé en novembre dernier son avertissement selon lequel la valeur de la maison France était inscrite à la rubrique «Perpective négative», l'actuel occupant de l'Élysée s'est emparé du dossier. Pire, pour lui s'entend, il s'est impliqué en dramatisant à outrance les conséquences inhérentes à une réduction de la crédibilité financière de la deuxième puissance économique du Vieux Continent. Plutôt que d'imiter Barack Obama qui, en pareilles circonstances en août dernier, avait adopté profil bas, le chef de l'exécutif français a multiplié les assauts en impliquant bien de ses ministres, et le premier d'entre eux, sur le mode suivant: tout sera fait pour que l'on conserve ce sésame financier. Résultat immédiat de cette boulimie de gestes, on a assisté à une médiatisation aussi ample que répétitive du dossier triple A qui, selon les économistes, a eu pour contrecoup de convaincre les Français qu'il était temps de conjuguer le verbe économiser dans tous les temps. Bref, le commerce de détail a enregistré une de ses pires performances lors des fêtes de Noël. Qui plus est, au cours de cette période, Sarkozy et le premier ministre François Fillon ont dévoilé un plan d'austérité ayant réveillé chez les investisseurs comme les courtiers la fibre de la rigolade et non du sérieux. De quoi s'agit-il? Sur le ton de la solennité, Fillon avait annoncé qu'une augmentation de la taxe sur les sodas et sur les tickets d'entrée aux parcs d'attraction serait décrétée. On s'en doute, le plan en question fut perçu par les personnes concernées, et notamment de Standard and Poor's (S&P), comme de la fumisterie en conserve. Aujourd'hui, parce qu'il s'est beaucoup agité en promettant que tout serait fait pour conserver les AAA, Sarkozy est considéré par ses concitoyens comme étant plus imputable que ses ministres des Finances, du Budget, etc. Son action a été d'autant plus bête que cela fait des mois et des mois que les marchés ont intégré dans leur panoplie de véhicules financiers la réduction d'un cran de la valeur de la France. À preuve, les Bourses ont très peu réagi. D'autant que ni Moody's ni Fitch n'ont emboîté le pas à S&P. Dans la foulée de cette décote, le niveau de confiance des Français à l'égard de Sarkozy n'a jamais été aussi bas depuis sa victoire de 2007. Dans le cas d'une finale opposant celui-ci au champion des socialistes François Hollande, ce dernier l'emporterait par une marge, pour l'instant du moins, énorme (68 % contre 32 %). Lors de cet épisode, le président a joué avec brio la scène de l'arroseur arrosé.
La décote de la France
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé