Le goût de la liberté

Et les dangers du communautarisme

Tribune libre

Devant la faiblesse relative de la ferveur nationaliste et indépendantiste, le mépris des élus pour le bien commun et la complaisance des électeurs à ce sujet, on peut se questionner sur l'état de santé de la démocratie. Quelle est donc l'importance de la liberté dans la société?

On peut difficilement imaginer qu'un individu ou une société puisse s'épanouir en renonçant à sa liberté. C'est comme si on se privait de ses propres moyens pour réussir. Comme l'écrivait La Boétie vers 1548,

«Il en est une seule (chose) que les hommes, je ne sais pourquoi, n’ont pas la force de désirer: c’est la liberté, bien si grand et si doux! Dès qu’elle est perdue, tous les maux s’ensuivent, et sans elle tous les autres biens, corrompus par la servitude, perdent entièrement leur goût et leur saveur.»


La liberté est donc une condition essentielle à l'épanouissement. De même une société libre permet à un groupe de développer tout son potentiel.
La société limite cette liberté dès la naissance. L'individu doit s'adapter à son milieu et non l'inverse. L'enfant doit se soumettre à l'autorité de ses parents et maîtres pour apprendre les règles nécessaires à la vie en société. Comme ces règles sont fondées à la base sur le bon sens et la raison, on peut parler de limites raisonnables.
Traditionnellement, ces règles s'exprimaient sous la forme de la religion. Les grandes religions sont fondées sur le dogme de la révélation. L'individu devait s'y plier de gré ou de force. Mais comme il s'agissait de la sagesse commune de la société inscrite dans la culture, les individus s'y pliaient volontiers. La société s'en trouvait renforcée et les individus participaient à un projet fécond et valorisant.
«Ainsi, quel que soit l'inexpliqué originaire qui le sous-tend (révélation), aucun ordre durable (système de domination, Note de l'auteur) ne peut être absurde sur le plan pratique et, réciproquement, aucun ordre absurde ne peut être durable.» (Alain Soral, Comprendre l'empire, p. 79)

En élevant la société au-dessus du profit immédiat, le projet religieux assurait une société durable symbolisée par l'espoir d'éternité. Telles sont les valeurs, tempérées par l'humanisme classique, qui ont permis le relèvement et l'essor de la civilisation après la chute de l'empire romain. Si les individus n'étaient pas entièrement libres, ils souscrivaient dans l'ensemble au projet commun.

Même si elles se placent au-dessus de la raison, les religions révélées en sont une manifestation. C'est une tentative d'expliquer les forces de la nature et de régler les rapports de l'homme avec la nature et ses semblables. Selon Wikipédia->https://fr.wikipedia.org/wiki/Dieu], «Comme entité philosophique, Dieu est le principe d'explication et d'unité de l'univers.» Pour , la révélation n'est pas "la parole de Dieu à l'homme", mais "la parole de l'homme sur Dieu".
Mais ce système dérape lorsque la classe politique ou religieuse utilise le principe religieux pour établir un pouvoir parasitaire et sans réciprocité pour la société. La religion n'est plus un idéal qui s'impose à la société pour son bien mais une justification au service d'une classe dominante. Cette classe se place au dessus des lois parce qu'elle détient le pouvoir au nom du fondement religieux ou de tout autre prétexte. Cette inégalité de base sert de motif pour toutes les autres, l'exploitation et la tyrannie. Un groupe social ainsi organisé forme un ghetto communautaire ou ethnocentrique plutôt fermé.
L'individu lucide se sens trahi dans sa foi envers le groupe auquel il s'identifie comme une partie de lui-même. Il ne peut se soustraire au pouvoir communautaire sans risquer l'exclusion. C'est pourtant le devoir d'un citoyen libre de dénoncer les travers de la société et de s'en dissocier si le système n'est pas réformable.
Devant cet ordre arbitraire et parfois odieux, la société encourage sa contestation au nom de la liberté. Cette contestation inclut sans discernement les principes qu'on associe à l'autorité. Quand les principes relèvent de la raison et du bon sens, s'agit-t-il de liberté ou de licence? L'ordre social s'en trouve affaibli.
Ce vide de légitimité du pouvoir communautaire, c'est le pouvoir économique qui vient le combler. La majorité culturelle se voit comme un peuple élu, plein de beaux principes, et grisé par la prospérité. Mais le pouvoir réel appartient à l'oligarchie capitaliste: cette hyper-classe mondialiste est le peuple élu consacré par le succès économique. Ce groupe possède le pouvoir financier, les médias d'information et de divertissement et les réseaux d'influence. Il s'agit encore d'un pouvoir arbitraire, mais cette fois il n'a même pas la justification du nombre.
La nouvelle religion est le néo-libéralisme. Pour réussir, il faut adopter ses principes de matérialisme débridé et se plier à son pouvoir mondialiste et fasciste. Les politiciens qui se sont déjà laissés corrompre par le pouvoir et l'argent s'empressent de servir leurs nouveaux maîtres parce qu'il est plus facile de trahir le peuple que d'affronter plus fort qu'eux. De plus, la population idéalise ses «élites» en les plaçant au-dessus des lois en vertu d'un principe religieux qui ne correspond plus à la réalité et qu'Emmanuel Todd appelle le «catholicisme zombie».
La population déjà intoxiquée par le consumérisme et la facilité admire et envie le succès des politiciens comme celui des vedettes de spectacle. Elle se résigne à son impuissance parce que ses élites dirigeantes ont démissionné avant elle. Rendue là, elle approuve tacitement ce matérialisme sans principe pourvu qu'elle en tire aussi profit. Ses choix politiques reflètent cette attitude purement consumériste.
N'ayant ni projet ni devoirs civiques faute de volonté politique, la majorité culturelle peine à intégrer les communautés minoritaires. Les communautés se voient comme ayants droit concurrents pour les bénéfices de la société. La majorité ayant renoncé à l'initiative de ses choix politiques se voit imposer les choix des maîtres occultes de l'économie. Pourquoi la majorité qui ne paie plus la dîme paie-t-elle la prime cachère ou halal sur les aliments? Elle accepte n'importe quoi parce qu'il faut s'occuper des «vraies affaires» c'est-à-dire celles qu'on lui impose par chantage ou propagande. Les choix politiques des citoyens se limitent à des intérêts antagonistes sans souci du bien commun. Ces choix sont suicidaires.
Le pouvoir capitaliste est en guerre contre les citoyens ordinaires et la démocratie selon un plan d'eugénisme. Autrefois producteurs, les citoyens sont devenus de simples consommateurs passifs. Les traités de libre-échange ont fait fuir les emplois payants vers des pays à bas salaire. Les citoyens endettés par la consommation et la baisse de leurs revenus ne sont plus rentables pour les maîtres de l'économie. L'étranglement par la finance les guette. Il ne leur reste plus que l'esclavage ou l'élimination.
Les moyens de cette élimination ne sont pas seulement économiques . Il y a les guerres profitables seulement pour ses promoteurs. Puis il y a les empoisonnements : produits génétiquement modifiés, pesticides, malbouffe, médicaments, vaccins, pollution.
Les tensions sociales sont alimentées par les flux d'immigration et le chaos, la dégradation des conditions de vie, le terrorisme fabriqué par l'état->https://resistance71.wordpress.com/tag/paul-craig-roberts-washington-mene-le-monde-au-chaos/], et [la propagande mensongère et manipulatrice des médias. Les mœurs sont perverties par les médias de divertissement, la culture abâtardie par une pop-culture abrutissante, l'éducation rapetissée jusqu'à l'abêtissement et la religion réduite à un fanatisme superstitieux.
Les citoyens doivent assumer la responsabilité qui vient avec leur liberté et leur conscience. La majorité est en droit de défendre son héritage et ses intérêts. Pour être durable, ce projet doit viser le bien commun. En pratique, combien ont pensé boycotter les partis corrompus ou bien les compagnies responsables de dégâts environnementaux? Combien ont pensé s'affranchir des produits toxiques ou des médias abrutissants? La tradition et le conformisme prescrivent l'obéissance au pouvoir établi, mais la conscience et le jugement prescrivent la liberté et le combat pour la dignité et la vie. Ce combat demande courage, solidarité, patriotisme, et lucidité.
Conclusion
La liberté est essentielle pour assurer l'épanouissement et la dignité de l'individu et de la société. La société impose des restrictions à la liberté au nom de l'intérêt commun. Traditionnellement cet ordre social est fondé sur un idéal religieux. Cet idéal est fondé sur la raison : il fait appel à l'adhésion volontaire et non à l'obéissance aveugle.
La société renverse cet idéal commun pour justifier un pouvoir arbitraire religieux ou politique. Ce pouvoir est communautaire ou ethnocentrique selon le groupe qui le soutien. Mais la société légitime aussi la contestation du pouvoir au nom de la liberté et de la diversité des valeurs. Il s'ensuit que l'ordre social commun est affaibli.
Devant ce vide de légitimité, le pouvoir économique et objectif domine les pouvoirs normatifs et subjectifs des communautés concurrentes. Ce pouvoir est celui de l'oligarchie capitaliste. Il s'agit encore d'un pouvoir arbitraire sauf que ce groupe détient les pouvoirs essentiels : la finance, les médias d'information et de divertissement, et les réseaux d'influence. La religion qui s'impose à tous est maintenant le néo-libéralisme.
Mais le pouvoir capitaliste fait la guerre aux citoyens ordinaires pour réaliser son objectif de dominer le monde.
Avons-nous encore le courage de défendre notre liberté, nos intérêts et notre vie-même? Ou bien préférons-nous le confort du bétail à l'engrais en attendant l'abattoir.

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Michel Matte50 articles

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