ENVIRONNEMENT

Le laxisme de Québec fragilise ses objectifs

Le commissaire au développement durable se montre très critique

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Le constat est implacable

Portrait incomplet et suivi inadéquat des pesticides utilisés au Québec, retards dans le plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre et protection déficiente des espèces fauniques et de leurs habitats. Le rapport du commissaire au développement durable publié jeudi est truffé de sévères critiques envers le gouvernement quant à sa gestion d’enjeux environnementaux majeurs.

Ainsi, même si les pesticides posent des risques sérieux pour la santé humaine et l’environnement, le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) ne fait pas suivi adéquat de leur utilisation.

« Le MDDELCC n’a pas de portrait complet de l’utilisation des pesticides pour le milieu agricole, ce qui limite la précision de son calcul des indicateurs de risque pour la santé et l’environnement », souligne le commissaire Jean Cinq-Mars dans son rapport de 150 pages déposé à l’Assemblée nationale.

Le constat est d’autant plus préoccupant que le commissaire a constaté que l’augmentation des ventes de pesticides « se poursuit » et que « les indicateurs de risque » qui y sont associés sont à la hausse. Le gouvernement a pourtant promis à plus d’une reprise de réduire le recours à ces produits toxiques. Leur utilisation a plutôt connu une croissance de 27 % entre 2006 et 2012, alors que les surfaces cultivées reculaient.

Des dangers pour la santé

Cette augmentation des pesticides a des impacts concrets sur l’environnement, indique par ailleurs le rapport de M. Cinq-Mars. En effet, la qualité de l’eau des rivières testées en milieu agricole se dégrade. « Des pesticides, parmi ceux les plus susceptibles de nuire à la santé et à l’environnement, se trouvent parfois dans les rivières à des concentrations qui dépassent les critères déterminés pour protéger la vie aquatique. D’ailleurs, l’indicateur suivi pour évaluer la qualité de la biodiversité indique un état “ précaire ” ou “ mauvais ” dans plusieurs rivières. »

Pire, des pesticides « sont détectés en faible concentration dans l’eau potable ». Et ce ne pourrait être que la pointe de l’iceberg puisque des pesticides « que l’on trouve fréquemment dans l’eau des rivières et dont les concentrations dépassent les critères qui ont été déterminés pour protéger la vie aquatique commencent à peine à être testés et les résultats ne sont pas publiés ».

Qui plus est, le rapport souligne qu’« un nombre restreint d’aliments sont testés et la présence de certains pesticides largement utilisés au Québec n’est pas évaluée », et ce, alors que « l’impact sur la santé de la présence de plusieurs pesticides différents en même temps dans un aliment est peu connu ».

Protection insuffisante

Jean Cinq-Mars a en outre constaté des lacunes évidentes dans la protection de la faune. Il estime que les mesures prises par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) à l’égard de la protection des espèces « en situation précaire » sont tout simplement « insuffisantes ». Qui plus est, « il n’y a aucun plan de rétablissement pour plusieurs espèces en situation précaire. Lorsque des plans sont produits, de nombreuses actions prévues ne sont pas mises en oeuvre. Le MFFP n’a protégé que très peu d’habitats pour ces espèces ».

Dans un contexte où des espèces comme les carpes asiatiques pourraient envahir les cours d’eau de la province, le MFFP « ne dispose pas de plan d’action afin de lutter efficacement contre les espèces exotiques envahissantes », déplore le commissaire au développement durable.

Le gouvernement a également négligé la mise en valeur de la faune, et ce, même si ce secteur constitue un moteur économique dont les retombées sont estimées annuellement à plus de 900 millions de dollars. Et les agents de la faune chargés d’assurer la protection des ressources fauniques sont de moins en moins présents sur le terrain. Le commissaire juge d’ailleurs que la présence est carrément « insuffisante ».
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