Pierre Karl Péladeau, député péquiste de Saint-Jérôme , prochainement un candidat officiel à la chefferie du Parti québécois et surtout, meneur de la course, vient d’apprendre tout le sens de deux petits mots bien importants en politique – désolée pour l’anglais –, soit «damage control».
Dans une réunion partisane tenue la semaine dernière, il aurait laissé tomber, en toute franchise, que le Bloc québécois n’aurait servi qu’à justifier le fédéralisme. Une fois la nouvelle sortie, PKP n’a pas nié avoir tenu les dits propos.
Et donc, de manière tout à fait prévisible, le ciel lui est tombé sur la tête en moins de temps qu’il n’en prend à Obélix pour dévorer un sanglier rôti.
La chose étant de bonne guerre, les candidats déjà déclarés à la chefferie qui, flairant la belle occasion de critiquer le meneur, se sont précipités pour jurer de l’utilité incontournable du Bloc à Ottawa.
Dévoilant un petit côté jovialiste qu’on ne lui connaissait pas, le chef intérimaire du PQ, Stéphane Bédard, a même tenu à saluer le «travail formidable» du Bloc à Ottawa.
L’ancien chef du Bloc, Gilles Duceppe, a quant à lui parlé de l’«erreur» commise par PKP.
Le ciel lui ayant tombé sur la tête, PKP a dû «préciser» sa pensée.
Jurant maintenant de la pertinence du Bloc à Ottawa, il s’expliquait ainsi :
«C’était une interrogation. Nous avons le droit de nous interroger. Parce que la question, aussi, c’est de déterminer si on combat le fédéralisme ou si on travaille avec le fédéralisme. Alors, les forces souverainistes doivent se mettre toutes ensemble pour le combattre.»
Le chef actuel, Mario Beaulieu qui, lui-même avait goûté à la même médecine lorsqu’il avait osé dénoncer le «défaitisme» du Bloc sur son option, était bien évidemment ravi de la «précision» de M. Péladeau.
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Maintenant, que nous enseigne cet épisode de la vie politique bien de chez-nous?
Première leçon : à chacun son métier
Que lorsqu’un politicien confond le métier d’analyste politique avec le sien, un sérieux mal de bloc, voire une dissonance politico-cognitive majeure, peut facilement en résulter…
Un autre candidat à la chefferie nettement moins populaire que le meneur, soit l’ex-journaliste, ex-conseiller et ex-ministre Jean-François Lisée, en est un spécimen de premier ordre.
Au point où ses nombreuses critiques de ses adversaires, surtout du meneur, de même que ses attaques visant la charte des valeurs du gouvernement Marois et ce faisant, son porteur principal, Bernard Drainville – une charte que M. Lisée avait pourtant défendue lui-même comme ministre -, semblent faire de plus en plus abstraction du fait qu’il n’est plus analyste depuis 2012…
Deuxième leçon: ne jamais tirer sur une ambulance amie
Que comme aspirant chef du PQ, tirer sur l’ambulance de son seul allié d’outre-Outaouais, n’est pas l’idée du siècle.
Et ce, même si, dans les faits, cette idée est partagée par bien des analystes et même bien des souverainistes qui, depuis la quasi disparition du Bloc à l’élection fédérale de 2011, en ont déjà fait leur deuil (1). Qu’ils apprécient d’ailleurs ou non le travail de Mario Beaulieu.
Troisième leçon : attendre que les vrais juges rendent leur verdict
Qu’en bout de piste, la «pertinence» du Bloc dépend des électeurs eux-mêmes.
En mai 2011, la grande majorité des électeurs du Québec lui ont radicalement tourné le dos. Les électeurs décideront à nouveau de son sort à l’élection de 2015.
La vraie question est à savoir ce qu’il adviendrait du Bloc s’il ne réussissait pas à remonter la pente le soir de la prochaine élection? Une question qui, dans de telles circonstances, serait de toute évidence rhétorique.
Quatrième leçon : patience & vitamines
Qu’avec une élection du prochain chef prévue à la mi-mai 2015, la course au PQ sera longue, très longue…
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Addendum
Ce «deuil» du Bloc par plusieurs souverainistes, comme je l’appelle ci-haut, un sondage CROP paru ce matin au lendemain de la mise en ligne de ce billet s’ajoute en fait à la longue liste d’indices forts allant dans ce même sens depuis le soir de l’élection fédérale de mai 2011.
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