Partis politiques

Le modéré Amir Khadir

Enquête publique - un PM complice?



Est-il possible de faire de la politique autre chose qu'un sport extrême où tous les coups sont permis, y compris les insultes personnelles? La réponse est bien sûr oui, pour peu que l'on sache faire preuve de retenue, comme nous l'a démontré ces derniers mois le député de Mercier, Amir Khadir. Pendant que Jean Charest et Pauline Marois échangeaient chaque jour des coups de feu à l'Assemblée nationale, le solitaire député de Québec solidaire jouait de contraste, adoptant un ton modéré pour poser des questions qui n'en faisaient pas moins les manchettes.
Les Québécois ont aimé l'attitude du député de Mercier qui, dans le Baromètre des personnalités politiques de Léger Marketing dont nous publiions les résultats dans notre édition d'hier, arrivait deuxième avec une appréciation de 50 %, 2 rangs avant Pauline Marois et 18 avant le premier ministre Jean Charest. Lors du baromètre de décembre 2009, il avait obtenu 42 % d'approbation. Il n'est dépassé que par Pierre Curzi qui, s'il bénéficie de sa notoriété d'ancien comédien, n'est pas non plus à classer dans le camp des vindicatifs.
La performance d'Amir Khadir est remarquable. Ses questions à l'Assemblée nationale sont rationnées: une seule question principale toutes les sept séances, soit une question toutes les deux semaines. Même si les autres partis ne lui laissent que très peu d'espace, il est plus connu que tous les députés péquistes, exception faite de Pauline Marois et de tous les ministres et députés libéraux, exception faite du premier ministre Jean Charest. Le seul libéral dont la notoriété approche la sienne est Tony Tomassi. On sait pourquoi.
Au lendemain de son élection à l'automne 2008, Amir Khadir avait été tenté de se démarquer par des gestes d'éclat. On se souviendra de son lancer de soulier devant le consulat des États-Unis lors d'une manifestation contre le président Bush. Il a vite compris qu'il risquait de devenir le clown de la politique québécoise avec des gestes comme celui-là. Il a alors misé sur le travail de fond. Ses rares interventions sont bien préparées. Souvent, il ira sur des terrains où lui seul peut s'avancer, comme sur la politique des redevances minières ou encore l'exploitation des fibres d'amiante, deux sujets où le Parti québécois a les mains liées. Sur ces questions, comme sur les déboires de la Caisse de dépôt et placement, son ton mesuré ne l'a pas empêché d'émettre des opinions fortes. Tout au contraire. Et il a pu ainsi mieux se faire entendre.
En un an et demi de présence parlementaire, Québec solidaire aura réussi, grâce au travail d'Amir Khadir, à confondre les sceptiques. Il recueille aujourd'hui 8 % des intentions de vote, ce qui est plus que le double des votes obtenus à l'élection du 8 décembre 2008, cela sans qu'il soit besoin de se démarquer en criant à tue-tête. Une leçon à retenir pour libéraux et péquistes.
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bdescoteaux@ledevoir.com


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