Le 12 juin 2014 demeurera une date mémorable dans l’histoire politique de l’Ontario en raison de l’élection d’une première femme première ministre. Ce que les médias n’ont pas dit c’est que Mme Wynne est aussi une grande francophile. Non seulement a-t-elle fait l’effort de parler le français à trois reprises au cours de son discours de remerciement à la population de l’Ontario qui lui a donné un mandat majoritaire, mais elle a démontré qu’elle est à l’écoute des préoccupations des francophones de la province. De plus, la reconduction de Madeleine Meilleur au prestigieux poste de procureure générale de l’Ontario — également la première femme francophone à ce poste — est un deuxième signe précurseur qu’il y aura des progrès importants dans ce dossier.
Compte tenu de ce brillant succès électoral, il serait tout à fait opportun que l’Ontario, en tant que province la plus populeuse du Canada, se penche sur son avenir constitutionnel et sur celui du Canada et, ainsi, que notre première ministre puisse mettre sur pied un groupe de travail sur l’avenir constitutionnel des francophones en Ontario.
Le moment est d’autant plus opportun qu’en 2017 sera célébré le cent cinquantième anniversaire de la Confédération canadienne et que l’Ontario devra faire le récit de sa contribution à la fondation, à l’unité et à l’avancement du Canada. En cette période de paix constitutionnelle, Mme Wynne arrive au pouvoir à un bon moment de notre histoire en vue de poursuivre l’oeuvre inachevée de ses prédécesseurs. Depuis les années 1980, les gouvernements ontariens successifs, toutes tendances confondues, ont appuyé le développement de la communauté francophone de l’Ontario, et ce, malgré l’épisode sombre sous la gestion de Mike Harris, où sa présumée révolution du bon sens n’en a eu aucun pour les francophones de l’Ontario, et fut même par eux payé lourdement, si l’on se souvient, entre autres, de la triste histoire de la tentative honteuse de fermer l’hôpital Montfort, le seul hôpital de langue française pour tout l’Ontario parmi les 94 autres hôpitaux de langue anglaise existants.
Ottawa bilingue
Trois chantiers prioritaires devraient être développés par Mme Wynne et son gouvernement.
Premièrement, elle devrait immédiatement inviter ses collègues à appuyer le projet de nombreux Canadiens de voir un jour la capitale de leur pays, Ottawa, devenir enfin « officiellement bilingue », comme le réclamait la Commission B B il y a plus de 45 ans. Reconnaître dans la législation le bilinguisme officiel de la capitale de notre pays est un acte élémentaire de justice sociale, de respect à l’égard des huit millions de francophones et des millions de francophiles bilingues au Canada. C’est aussi un pas vers une plus grande ouverture d’esprit à l’intention des 250 millions de francophones à l’échelle planétaire qui apprécieraient de voir le Canada comme un pays plus ouvert et plus accommodant. Ce serait une occasion en or pour stimuler le commerce, le tourisme et l’économie dans la capitale du pays et dans la province de l’Ontario. Un premier pas serait d’inviter le maire Jim Watson à faire preuve d’un peu plus de générosité et de courage et à oser se prononcer pour le bilinguisme officiel d’Ottawa au lieu de se défiler en invoquant à titre d’excuse les pressions négatives du pseudo-lobby francophobe d’une toute petite minorité vocale dans la région.
Les services en français dans la Constitution
Deuxièmement, Mme Wynne devrait annoncer qu’elle demandera au gouvernement fédéral d’inscrire la Loi sur les services en français (la loi 8) dans la Constitution canadienne. Elle pourrait au même moment annoncer un ensemble de mesures favorables à l’avancement du français en Ontario, que ce soit la reconnaissance du bilinguisme officiel dans la capitale canadienne, du bilinguisme dans le domaine des médias, de la culture et de l’enseignement supérieur, l’acceptation et l’intégration d’un plus grand nombre d’immigrants francophones ou le développement de l’économie, des finances et des affaires en langue française en Ontario. Les idées ne manquent pas, et la communauté francophone est plus que prête à assumer de nouvelles responsabilités.
Enfin, l’élection de deux gouvernements libéraux majoritaires à Québec et à Toronto augure bien pour les relations entre les deux provinces fondatrices du pays. Mme Wynne devrait inviter les Québécois à accroître leurs échanges commerciaux avec les francophones de l’Ontario. Plus le Québec investira dans l’économie francophone de l’Ontario, plus la communauté franco-ontarienne travaillera à son épanouissement grâce à ces nouveaux partenariats et marchés potentiels et plus l’Ontario, le Québec et le Canada tout entier prospéreront.
Kathleen Wynne a non seulement la possibilité de passer à l’histoire pour avoir été la première femme première ministre de l’Ontario, mais aussi parce qu’elle aura su poursuivre l’oeuvre de fondation du Canada.
ÉLECTION DE KATHLEEN WYNNE
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé