Le nationalisme a toujours rebuté une certaine gauche au Québec alors que cette composante sociétale est un facteur essentiel dans la construction d’un peuple. Pourquoi cette méfiance ? Cette gauche ne comprend pas que l’appartenance à un groupe ethnique sur un territoire donné est un élément incontournable dans la construction d’un peuple et des individus qui le composent. Au lieu de nier cette constante que nous retrouvons chez tous les autres peuples, cette gauche doctrinaire devrait plutôt s’appliquer à apporter des éléments progressistes dans le contenu en s’appropriant positivement ce processus organique qu’est le nationalisme.
Le peuple québécois doit au nationalisme le fait d’avoir survécu en terre d’Amérique et même de croire qu’il pourrait un jour faire le pays. À partir d’un nationalisme canadien-français basé majoritairement sur la défense de la langue française et de la religion catholique, les Québécois se sont de plus en plus identifiés à ce nationalisme axé vers la consolidation et l’expansion de la langue sur un territoire donné et même au projet souverainiste.
Les deux échecs référendaires, les impacts contradictoires de la mondialisation et l’immigration importante de groupes ethniques plus proches de la minorité anglaise et/ ou exigeant la mise en place d’un projet national communautariste pour protéger leur propre culture ont eu des effets « déstructurants » sur l’identité québécoise. Aujourd’hui, les Québécois et surtout les Montréalais vivent des problèmes identitaires et le recul perceptible de la langue française à Montréal les amène à prendre conscience du danger réel de se voir minoritaire dans leur propre ville.
La gauche doit comprendre qu’elle ne peut pas pousser sous le tapis ce sentiment de faiblesse et/ou d’impuissance qu’éprouve le peuple québécois en lui demandant une ouverture qu’il ne sent pas réciproque. L’élection de Gérald Tremblay, malgré tous les scandales, à la tête de la mairie de Montréal grâce aux votes anglophones et ethniques a eu un impact majeur chez les francophones. Si ces derniers pouvaient mettre de côté la question nationale, il semble bien que les autres communautés continuaient à voter de la même façon. Un francophone nationaliste constate maintenant qu’un candidat souverainiste n’a aucune chance d’être élu à Montréal, ville-phare du Québec. Ce constat a poussé les Montréalais francophones à exiger de leur gouvernement la mise en place d’un plan d’ensemble pour renforcer le caractère français de la ville et les Québécois à souhaiter l’adoption d’une constitution québécoise protégeant leurs acquis, geste perçue comme un acte politique nécessaire et salutaire.
Je ne peux pas croire que des gens bien intentionnés à gauche vont encore manquer ce rendez-vous avec le peuple québécois pour des raisons idéologiques désincarnées. Le nationalisme fait partie intégrante de la construction d’un peuple, il n’est pas mauvais en soi. Au contraire, il est l’élément organique qui soude les individus ensemble dans cette appartenance commune, qui crée la nation et peut-être un jour le pays.
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4 commentaires
Archives de Vigile Répondre
23 janvier 2010Est-ce qu'on est si loin du réel ici?
Archives de Vigile Répondre
19 janvier 2010Cette certaine gauche dont vous parlez, serait-elle apparue après le passage de Lucien Bouchard à la tête du PQ et sa politique de «déficit zéro» dont s’inspirent aujourd’hui «les lucides» et dont le discours est repris par l’Institut Économique de Montréal qui prône la privatisation tout azimuth des services gouvernementaux ainsi que les partenariats publiques-privés.
Je ne crois pas que ce soit un positionnement doctrinaire qui a donné naissance à Québec Solidaire,mais plutôt un virage à droite au PQ et un discours de plus en plus néolibéral .
Lorsqu’ au PQ, on dit qu’il faut créer de la richesse, pourquoi omet on de dire qu’il est tout aussi important de la redistribuer.
Pourquoi devant une catastrophe comme le tremblement de terre à Haiti ou une crise comme le verglas fait on appel à la solidarité de tout le monde alors que devant un éventuel problème économique de l’état on veut faire payer les plus démunis en coupant dans le filet social. Cette dernière façon de faire relève d’une attitude doctrinaire.
C’est sûr que la langue c’est important et que présentement elle se trouve à mariner dans le vinaigre, mais un toit sur la tête ainsi que 3 repas par jour est-ce trop exigeant pour notre bourgeoisie néolibérale souverainiste. Il y a aussi un autre phénomène à part l’anglicisation qui se passe à Montréal et dans plusieurs villes du Québec, c’est l’augmentation de la population de sans-abris parallèlement à la pénurie de logement et que font les élites nationalistes de droite? Quel discours tiennent-ils concernant cette situation en période électorale? Rien, pas un mot…On peut se demander aussi est-ce qu’un discours suffit à convaincre si les gestes ne suivent pas? J’aimerais que vous m’expliquiez plus en détail ce que vous entendez par une certaine gauche doctrinaire?
Archives de Vigile Répondre
17 janvier 2010Cette "gauche" a compris que le seul pouvoir qui reste est dans le communautarisme. D'ailleurs, les autres partis l'ont compris tout autant. Il leur suffit de servir toutes les communautés et les groupes d'intérêts, car ce sont ces seules collectivités que le droit reconnaît en tant qu'unités au même titre que des individus. La nation québécoise, elle, est reconnu comme majorité et donc une masse d'individus aux droits individuels (non collectif).
Les partis ont compris que leur seul rôle en tant que gouvernement est de servir les droits individuels (décidés par les juges) et des minorités (communautés-groupes d'intérêts) en suivant les chartes des droits.
C'est pourquoi on voit pondre ici et là de nouveaux groupes d'intérêts, de nouvelles collectivités qui s'identifient de toutes les façons possibles (religion, sexe, race, ethnie, handicapt, etc...) dans le but d'obtenir les services et privilèges du gouvernement qui se comporte en socialiste pour servir des chartes libérales quel que soit le parti.
La majorité, n'ayant pas d'État pour reconnaître son identitaire collectif a perdu son pouvoir en échange de droits individuels. Elle n'a plus de cohésion. Pourquoi voter, puisque l'individu a ses droits assurés ?
Ce sont donc les collectivités minoritaires qui votent en masse et font le poids qui fait pencher la balance du pouvoir. Ils ont le pouvoir.
C'est pourquoi la majorité poursuivra son éclatement en groupes d'intérêts pour espérer obtenir des privilèges.
L'érosion québécoise de Montréal ne s'est pas faite autrement.
Archives de Vigile Répondre
17 janvier 2010Bonjour M. Archambault,
Il ne faut pas limiter à la «gauche» du Québec de snober le nationalisme. Le dédain du national est très ancré dans la tradition de «gauche» et il sévit en France, plus largement en Europe et ici même, comme vous le savez. Les racines de cette phobie du national, si je passe sur la souillure du national-socialisme dont les crimes sont mis commodément par la «gauche» lambda sur le dos du seul nationalisme plutôt que sur le compte de l'impérialisme-capitalisme, sont profondes dans l'histoire du socialisme. Elles sont devenues dogmatiques.
Lénine a renouvelé le marxisme, Trotsky s'est distingué du léninisme, mais les deux étaient de fervents internationalistes. C'était à l'époque des bourgeoisies nationales encore puissantes mais dont Lénine avait prévu le déclin.
Aujourd'hui, dans une coquille de noix, nous pouvons dire que la troisième et la quatrième Internationale étaient à la deuxième Internationale, ce que le nationalisme anti-oligarchique est à la «gauche». Cette «gauche» qui ne consent à se rapprocher du nationalisme qu'avec des gants chirurgicaux et des pincettes est devenue l'idiot utile de l'oligarchie mondialiste. Désolé pour le manque d'explicitation et de nuance, je ne peux écrire un texte beaucoup plus long.
Gilles Verrier