Depuis l'élection du gouvernement Couillard, le nombre de chômeurs a souvent été supérieur à celui qui existait à la fin du gouvernement péquiste précédent.
Au printemps 2014, pourtant, un vote libéral devait signifier avant toute chose un vote pour la création d'emplois. Tandis que le Parti québécois devisait autour du référendum sur la souveraineté, le chef libéral Philippe Couillard, centré sur «les vraies affaires», se vantait de donner la priorité absolue à «l'économie et l'emploi». Il faisait miroiter le chiffre magique de 250 000 emplois créés en cinq ans, si on votait pour lui.
Or, 17 mois plus tard, il y avait plus de chômeurs au Québec qu'au moment de l'élection des libéraux. En données trimestrielles, à la fin du premier trimestre de 2014, le Québec comptait 340 500 chômeurs. Au terme du troisième trimestre de 2015, selon les données officielles les plus récentes de l'Institut de la statistique du Québec, on en dénombrait 347 300.
Heureusement pour les libéraux, la situation de l'emploi s'est améliorée au cours de l'automne. Selon les indicateurs économiques mensuels, il y avait 340 000 chômeurs en octobre et 330 500 en novembre.
Le premier ministre Couillard maintient l'objectif de 250 000 emplois créés avant la prochaine échéance électorale, soit en octobre 2018.
Pour y arriver, il compte notamment sur «l'effet libéral», ce surplus de crédibilité supposément associé au Parti libéral du Québec et devant attirer les investisseurs, stimuler l'économie et créer un climat favorable à la multiplication des emplois.
Force est d'admettre que «l'effet libéral» se fait toujours attendre, alors que la mi-mandat approche à grands pas.
Et c'est sans compter les emplois annoncés, et aussitôt perdus avant même d'avoir existé. L'exemple le plus récent: l'entreprise espagnole FerroAtlantica a renoncé en décembre à implanter une usine de silicium à Port-Cartier, un projet de 382 millions $. Pas moins de 345 emplois venaient de s'envoler.
Bon an, mal an, le nombre d'emplois s'accroît de toute façon d'environ 40 000 annuellement, peu importe les fluctuations de l'économie ou les politiques gouvernementales.
Le manque à gagner de 50 000 emplois, pour atteindre la cible de 250 000 d'ici 2018, devra donc être comblé par «l'effet libéral».
Dans l'ensemble, depuis l'élection des libéraux, le taux de chômage est demeuré relativement stable, légèrement en hausse, passant de 7,7 à 7,8 pour cent.
Dans l'évaluation de la performance libérale, il faut aussi regarder le type d'emplois créés. En novembre dernier, par exemple, les emplois à temps partiel ont augmenté bien davantage (plus 5,8 pour cent) que ceux à temps plein (plus 1,3 pour cent).
Et quand on examine la situation de l'emploi selon les groupes d'âge, on constate que les changements démographiques font leur oeuvre: celui qui a connu la plus forte croissance est formé des personnes âgées de 65 ans et plus (en hausse de 9,1 pour cent). Celui des 15-64 ans était en baisse, signe inéluctable de l'inversement de la pyramide des âges.
Le premier ministre Couillard a dit également miser sur les politiques mises en place par son gouvernement pour atteindre sa cible de 250 000 emplois.
L'expression-clé de l'année 2015 aura été «austérité budgétaire», selon certains, ou «rigueur budgétaire», selon les autres.
Quel que soit le vocabulaire choisi, le résultat aura été le même: un gouvernement déterminé à éliminer coûte que coûte le déficit en 2016, et prêt à imposer un contrôle serré des dépenses, lié à une vague d'importantes compressions budgétaires pour y parvenir. Tout indique qu'il respectera son engagement, après six années de déficits, et pourra sabler le champagne lors du prochain budget, en mars. Mais à quel prix?
Dans l'appareil de l'État, personne n'a été épargné, pas même les secteurs névralgiques de l'éducation et de la santé, qui ont dû sabrer plusieurs centaines de millions dans leurs dépenses et leurs programmes. Malgré l'engagement pris par le gouvernement de ne pas toucher aux services directs à la population, l'importance des coupes effectuées a eu tôt fait de soulever la grogne dans la population, inquiète de constater qu'elle n'avait soudainement plus accès à divers services qu'elle tenait pour acquis.
Un des secteurs les plus affectés aura été celui des garderies. Après avoir revu le mode de financement, et renié au passage la promesse de limiter les hausses de tarif à l'inflation, Québec aura décrété des coupes budgétaires de l'ordre de 300 millions $ dans le réseau, de 2014 à 2016, tout en remettant récemment en question son mode de gestion.
Devant la grogne populaire, le gouvernement a tenté de calmer le jeu, en promettant de réinvestir d'éventuels surplus budgétaires dans les programmes et services à la population, une fois que l'équilibre budgétaire sera enfin atteint.
Sauf que si le gouvernement maintient son engagement électoral, 50 pour cent des surplus à venir seront consacrés à des baisses d'impôts et 50 pour cent devront servir à rembourser la dette. Combien restera-t-il d'argent à réinvestir dans les services à la population?
Le premier ministre Couillard a toujours dit qu'il n'était pas question de renouer avec le cycle des déficits, une fois que l'équilibre budgétaire sera chose acquise. Le régime de rigueur budgétaire continuera donc de s'appliquer.
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