Durant plus de vingt ans, le 1er janvier, je réunissais une centaine d’invités, enfants compris. Tout ce monde était endimanché. C’était avant les vêtements mous.
Je ne lésinais jamais sur le buffet. Fruits de mer, tourtières, jambon à l’os et gâteaux aux cerises, au chocolat attiraient même les obsédés de leur ligne. Et le champagne et les vins, contribution volontaire des invités, coulaient à gogo.
Coconut
Mes amis étaient fédéralistes, péquistes, athées, catholiques, forts en gueule, excités. Les hommes flirtaient, les femmes séduisaient, les enfants vidaient le fond des coupes de champagne qui traînaient. C’était avant la rectitude politique.
Des amis français venus nous voir ont assisté à une scène impensable en France. Lisa Frulla, alors ministre libérale québécoise, dansa un slow avec feu Marcel Masse, ministre conservateur à Ottawa. Lisa a enroulé le drapeau québécois autour de Marcel pendant que Jacques Parizeau les bénissait tous deux.
Rires
Lorsque la joie d’être ensemble soude pareille assemblée, personne ne commet d’impairs ni ne tient de propos déplacés. N’existaient que des Québécois, quelques-uns d’adoption, qui s’aimaient dans un éclat de rire qui perdurait à la fin de la soirée lorsque le froid s’abattait sur eux.
Quelques individualistes faisaient toujours le party dans la cuisine. On aurait juré qu’ils complotaient. Car dans toutes les soirées, certaines personnes restent à l’écart. Elles aiment fêter dans la tranquillité. Même au jour de l’An.
Quelques années plus tard, mon nouveau mari nous imposera sa tradition anglaise. Une de plus ! Il entraînera les hommes à l’extérieur quelques minutes avant minuit pour que les femmes les fassent rentrer au coup de minuit. Mais les facétieuses Québécoises les feront geler quelques minutes avant de leur ouvrir. « Venez vous réchauffer », diront les coquines en les embrassant, l’un après l’autre.
Bonne année à tous. Que l’amour soit avec vous.