Le problème McGill

Un gouffre financier sans fin pour le Québec.

Chronique de Louis Lapointe

Tous les analystes le moindrement perspicaces auront compris que l’université McGill est un réel problème pour le réseau universitaire.

Si McGill ne jetait pas l’argent des Québécois par les fenêtres en formant des diplômés qui ne rembourseront jamais leurs dettes à la société québécoise, il ne serait jamais venu à l’idée du gouvernement d’augmenter les droits de scolarité des étudiants de toutes les universités de façon aussi dramatique.

McGill est le maillon faible du réseau universitaire québécois parce que, contrairement aux autres universités, elle ne fait pas ses frais. Une proportion importante de ses diplômés paieront leurs impôts dans une autre juridiction.

Tant que le gouvernement du Québec ne redressera pas la barre, l'université McGill demeurera un gouffre financier sans fin pour le Québec.

Comme on ne peut pas couper les vivres de la plus réputée des universités du Québec, le gouvernement du Québec a décidé de demander à toutes les universités du réseau universitaire de s’adapter au modèle d’affaires de l’université McGill.

En augmentant les droits de scolarité de tous les étudiants, on augmente également ceux des étudiants de l’université McGill qui quitteront le Québec au terme de leurs études, la fiscalité n'étant pas la solution au problème que constitue l'université McGill.

Le véritable défi du gouvernement du Québec consisterait donc à facturer le coût réel des études universitaires aux étudiants qui quitteront le Québec après leurs études sans pénaliser les autres étudiants qui choisiront d'y demeurer.

Le régime fiscal étant impuissant à régler ce problème, il faudrait se tourner vers le régime de prêts et bourses.

À mon avis, le régime de prêts et bourses pourrait avancer directement aux universités, pour chaque étudiant qui y étudie, les sommes correspondant aux coûts réels de leurs études.

Les étudiants qui choisiraient de demeurer au Québec après leurs études verraient leurs prêts transformer en bourses sans que cela n’ait aucun impact monétaire pour eux, alors que les étudiants qui quitteraient le Québec devraient rembourser 100% de leurs dettes d'études, donc 100% des coûts réels.

Je peine à croire que cette hypothèse n’a pas été discutée avec les recteurs.

Une hypothèse qui affecterait essentiellement l’université McGill parce qu’elle pourrait faire fuir une partie importante de sa clientèle qui souhaite quitter le Québec après y avoir étudié à rabais.

Dans cette perspective, on comprend mieux pourquoi, à l’approche du sommet, Heather Munroe-Blum, principale de l’université McGill, prend ses distances des autres recteurs.

PS. Après mûres réflexions, il serait probablement exagéré de réclamer de tous les étudiants québécois qui quittent le Québec 100% des coûts réels de leurs études. On ne peut pas exiger d’eux plus qu’on demande aux étudiants étrangers qui viennent étudier au Québec, en particulier ceux qui bénéficient d’un programme de réciprocité. Il faudrait plutôt établir une juste proportion et prévoir des exceptions à un tel programme de remboursement.

Toutefois, malgré ses limites, une telle hypothèse mériterait certainement d'être étudiée en y prévoyant les exceptions et adaptations nécessaires.

***

Sur le même sujet:

Quelle crise des universités?

Quand succès scolaire et gratuité universitaire vont de pair

La « louisianisation » de l’Université québécoise

Punir McGill

Featured bccab87671e1000c697715fdbec8a3c0

Louis Lapointe534 articles

  • 880 731

L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





Laissez un commentaire



7 commentaires

  • Alain Maronani Répondre

    22 février 2013

    @Laurent Desbois
    Ce n'est pas parce que les autres sont maltraités qu'il soit nécessaire d'imiter les maltraiteurs...
    Ce débât sur la situation privilégié des universités anglophones tourne toujours autour de l'équation, ils ont plus que nous...ca nous coûte cher, les étudiants quittent le Québec.
    La fille de l'auteur de cet article, tout comme la mienne, a étudiée a Mc Gill, et entre autres....
    "Hivon was first graduate of McGill University with a degree in common law after brief studies at the University of Ottawa in political sciences. She also had a master's degree in planning and analysis of social politics from the London School of Economics and Political Science."
    Hivon est ministre.
    Duchesne a étudié a la London School of Economics (Londres),
    Drainville a étudié a Ottawa et a la London School of Economics (Londres)
    Je me demande si quelqu'un leur a reproché d'être des étrangers qui quittait Londres ou l'Ontario après leurs études, subventionnées par les Britanniques ou les Ontariens ?
    Ce qui est bon pour eux ne l'est pas pour les autres ?
    Cette tradition d'échanges et d'études ailleurs est aussi ancienne que la création des universités, soit le Moyen-Age...
    Les étudiants étrangers, qu'est-ce qu'un étranger d'ailleurs ?, rapportent à l'économie québécoise la somme de 600 millions de $ par année (logements, subsistance, distractions, achats, etc.). Prenez le nombre d'étudiants étrangers et multipliez par 12.000 $ par année, vous aurez le nombre....
    Pour ceux qui ne possèdent pas ces chiffres il faut 300.000 $ pour créer un emploi en haute technologie...faites le calcul.
    Québec n'accorde pas de bourses aux étudiants étrangers.
    Ils ont obligatoirement des assurances médicales et ne coutent rien au système de santé.
    Ceci a permis de créer de nombreux emplois, ici pas en Chine..., d'embaucher de nombreux professeurs, pas assez du Québec, car nous ne formons pas assez de gens avec des doctorats, budgets de recherche faméliques, etc...
    McGill est riche, plus de 1 milliard de $ en réserve, mais elle est riche aussi, grâce à un réseau d'anciens élèves, généreux...et riches, qu'elle sait cultiver, solliciter, etc..
    Nous préférons nous enthousiasmer quand Karl Peladeau veut injecter 400 millions de $ pour créer un club de pousseurs de puck à Québec, ou quand le clown du Cirque du Soleil, s'envoie en l'air pour 25 millions de $, avec l'admiration générale des gogos...Question de choix...
    25 millions de $ permet de dégager la somme pour former 80 personnes pour l'obtention d'un doctorat en informatique, en physique ou en biologie...
    Si vous utilisez le lien suivant, gracieuseté de statistiques Canada, vous découvrirez, après une analyse sommaire que;
    En 1993, Québec avait 25 % de la population canadienne et 23 % des étudiants en effectif universitaire.
    En 2011 Québec avait 23.5 % de la population canadienne et a peine 20 % des étudiants en effectif universitaire.
    Si le poids de notre effectif universitaire était proportionnel à notre poids démographique, l’effectif universitaire du Québec serait plus riche de 26 700 étudiants....
    Etudes pratiquement gratuites, bourses, etc, nous sommes a la traîne des autres provinces, et notre écart se creuse.
    Comment ose t-on appeler ceci un succès ? Parler d'excellence ?
    J'ai lu que la PM, va encore proposer la mise en place d'une usine a gaz administrative et que le ministre se félicite des résultats avant le sommet !!! Quels résultats ?
    http://www5.statcan.gc.ca/cansim/a26?lang=fra&retrLang=fra&id=4770019&paSer=&pattern=&stByVal=1&p1=1&p2=-1&tabMode=dataTable&csid=
    Un bien mauvais procès qui manque la cible...sauf si endommager ce que nous avons peut consoler et réjouir certains...

  • Archives de Vigile Répondre

    21 février 2013

    Quitter le Québec après ses études
    On peut créer un compte de frais d'étude similaire aux bourses ou RAP.
    On ajoute les frais de scolarité d'étudiant étranger pour chaque session.
    Quand l'étudiant finit ses études, on diminue ce compte de moite d'impôt
    a payer. Ex. salaire 40milles impôt 16% fait 6400 donc on soustrait 3200.
    Si la personne finit la résidence permanant au Québec, elle doit payer
    la balance qui reste. On peut jouer avec des paramètres et indexée le compte
    par l'inflation.
    On obtient une gratuité des études universitaire pour les résidents.
    Chacun paiera ses études au même temps.
    On suppose que les gens veulent devenir riches.

  • Laurent Desbois Répondre

    21 février 2013

    L’ASSÉ et QS ont peur de voir LE vrai problème…
    https://www.facebook.com/#!/photo.php?fbid=417434881680760&set=a.123482801075971.27631.100002427553230&type=1&theater

  • Laurent Desbois Répondre

    21 février 2013


    https://www.facebook.com/photo.php?fbid=422020734514084&set=a.324109114305247.73488.156743514375142&type=1&theater#!/photo.php?fbid=422393157810175&set=pb.156743514375142.-2207520000.1349577763&type=1&theater
    Alors que les francophones d'Ontario n'ont que des miettes pour leurs services universitaires, les anglophones du Québec jouissent de trois (3) universités dans leur langue, une situation absolument unique sur cette planète pour une minorité.

  • Michel Pagé Répondre

    20 février 2013

    Attention, je le redis, vous faites fausse route en ciblant McGill, une université de renom et d’excellence. …
    J'avais rédigé un texte sur le sujet dans mon analyse datant de mars dernier, au tout début du mouvement de grève/boycott. La brochure suivante demeure pertinente et utile : Financement des universités et hausses des droits de scolarité :solidarité citoyenne, contrat social, saine gestion et des non-dits. (révision 10 mars 2012, disponible à la librairie Zone libre et Librairie UMTL), nommément la section Déséquilibre systémique et récurrent entre le secteur anglophone et francophone et des effets pervers du mode de financement.

    Ce déséquilibre est en effet inséparable du mode de financement au pro rata du nombre d'élèves/étudiants. La montée fulgurante de l'université Concordia coïncide largement avec l'introduction de ce mode par le gouvernement québécois à la fin des années 90. Ce sont deux non-dits sur lesquels j'ai tenté d'attirer l'attention du ministre responsable.
    Cela dit, on peut alors comprendre la réticence du milieu à dénoncer ce déséquilibre: il est lié à des privilèges et à des avantages...

    Par ailleurs, vous comprendrez que je cible plus singulièrement l'université Concordia. Son conseil d'administration ... Son mode de marketing du savoir est dynamique, voire agressif, et elle recrute une large proportion d’étudiants de pays anglophones ( Pakistan, Indes..). à bas prix relatif, le Québec participe alors au financement international d’étudiants anglophones étrangers - sans conditions normales d'apprentissage de la langue commune - dont un certain nombre obtiendront la citoyenneté canadienne après leurs études subventionnées…

    Il faut aussi préciser qu'à part l'université Moncton, le Canada anglais n'a pas d'université francophone indépendante importante, que des campus affiliés ou des universités bilingues sous la gouverne de Ca anglophones .

    Ainsi le paramètre du déséquilibre doit ëtre inclus dans un Sommet de fond, ou éventuellement dans des discussions ultérieures.
    Je vous réfère à nouveau au texte de la dite brochure et à Suggestion constructive en vue du Sommet sur l'enseignement supérieur : inclure tous les paramètres importants et des non-dits
    Voici le lien URL de ce texte:
    http://quebec.huffingtonpost.ca/michel-page/capharnaum-sommet-education_b_2712139.html

    Bien votre

  • Michel Pagé Répondre

    20 février 2013

    Mais attention, je le redis, vous faites fausse route en ciblant McGill, une université de renon et d’excellence. …
    J'avais rédigé un texte sur le sujet dans mon analyse datant de mars dernier, au tout début du mouvement de grève/boycott. La brochure suivante demeure pertinente et utile : Financement des universités et hausses des droits de scolarité :solidarité citoyenne, contrat social, saine gestion et des non-dits. (révision 10 mars 2012, disponible à la librairie Zone libre et Librairie UMTL), nommément la section Déséquilibre systémique et récurrent entre le secteur anglophone et francophone et des effets pervers du mode de financement.

    Ce déséquilibre est en effet inséparable du mode de financement au pro rata du nombre d'élèves/étudiants. La montée fulgurante de l'université Concordia coïncide largement avec l'introduction de ce mode par le gouvernement québécois à la fin des années 90. Ce sont deux non-dits sur lesquels j'ai tenté d'attirer l'attention du ministre responsable.
    Cela dit, on peut alors comprendre la réticence du milieu à dénoncer ce déséquilibre: il est lié à des privilèges et à des avantages...

    Par ailleurs, vous comprendrez que je cible plus singulièrement l'université Concordia. Son conseil d'administration ... Son mode de marketing du savoir est dynamique, voire agressif, et elle recrute une large proportion d’étudiants de pays anglophones ( Pakistan, Indes..). à bas prix relatif, le Québec participe alors au financement international d’étudiants anglophones étrangers - sans conditions normales d'apprentissage de la langue commune - dont un certain nombre obtiendront la citoyenneté canadienne après leurs études subventionnées…

    Il faut aussi préciser qu'à part l'université Moncton, le Canada anglais n'a pas d'université francophone indépendante importante, que des campus affiliés ou des universités bilingues sous la gouverne de Ca anglophones .

    Ainsi le paramètre du déséquilibre doit ëtre inclus dans un Sommet de fond, ou éventuellement dans des discussions ultérieures.
    Je vous réfère à nouveau au texte de la dite brochure et à Suggestion constructive en vue du Sommet sur l'enseignement supérieur : inclure tous les paramètres importants et des non-dits
    Voici le lien URL de ce texte:
    http://quebec.huffingtonpost.ca/michel-page/capharnaum-sommet-education_b_2712139.html

    Bien votre

  • Archives de Vigile Répondre

    20 février 2013

    Il serait temps que le gouvernement mette son pied à terre
    pour ne pas dire redirige Mc Gill sur la bonne voie.Il est temps
    qu'il y ait de l'équité dans le réseau universitaire.