Le putsch raté de Bernard Landry

Crise de leadership au PQ


Bernard Landry a oublié une seule règle de la politique : celui qui veut remplacer le chef ne doit pas avoir l’air de vouloir le job. Il doit être plébiscité par les troupes. Il doit être le choix qui s’impose de lui-même. Mais il ne peut, d’aucune façon, être celui qui tient le couteau.
La tournée d’entrevue du «militant exemplaire» Landry était rien de moins que pathétique. On a rarement vu quelqu’un faire aussi ouvertement campagne pour son ancien job et tenter de dénigrer l’occupant actuel du poste.
Parce qu’à huit semaines tout au plus du déclenchement d’une campagne électorale de 33 jours, aller faire une telle «job de bras» à son chef, ce n’est pas seulement faire mal au chef, c’est faire mal au parti tout entier. Et, dans ce cas-ci, à la cause elle-même.
M. Landry regrette d’avoir quitté la direction du Parti québécois, en juin 2005, cela est connu. Il ronge son frein depuis et a sérieusement songé à se présenter à sa propre succession. Malheureusement pour lui, malgré de beaux efforts de sa part, il n’y a pas eu de grand mouvement pour le sortir de sa retraite de Verchères.
Depuis quelques mois, il tenait des «réunions de stratégie» à Verchères, officiellement pour la cause, dans les faits, pour planifier un retour. Même s’il n’y avait pas de mouvement populaire pour le ramener aux affaires.
Et, cette semaine, voyant les mauvais sondages et la grogne qui s’installait, il a foncé tête baissée. Sentant sans doute que c’était sa dernière chance, il a tout fait pour discréditer son successeur. Mais il n’y a toujours pas eu de mouvement populaire pour le ramener à la tête du PQ.
La réalité, c’est que si M. Boisclair devait se faire frapper par un autobus, demain matin, et qu’il fallait trouver un nouveau chef de toute urgence, ce n’est toujours pas vers M. Landry que les péquistes se tourneraient.
Ils pourraient penser à Gilles Duceppe, à Pauline Marois ou même à François Legault. Mais pas à M. Landry.
Ce n’est pas pour rien. M. Landry avait conduit le PQ, aux élections de 2003, à son pire résultat électoral en 30 ans. Si le PQ et la souveraineté ont été en hausse pendant qu’il était chef de l’Opposition, ce n’était pas tant à cause de sa performance à l’Assemblée nationale, mais à cause des déboires de Jean Charest et des contrecoups du scandale des commandites qui éclaboussaient l’image de marque du fédéralisme.
Ce n’est pas le genre d’héritage qui incite les militants d’un parti à rappeler l’ancien chef aux affaires. Quelles que soient les défauts de leur nouveau leader. Et quoi qu’on puisse en penser à Verchères.


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