Il y a une belle phrase dans le roman L’élégance du hérisson, de Muriel Barbery, qui est aussi une importante leçon de vie...
«La diplomatie échoue toujours lorsque le rapport de force est équilibré. On n’a jamais vu un plus fort accepter les propositions diplomatiques de l’autre...»
Les mains vides
En d’autres mots: il ne suffit pas de demander poliment une chose pour l’obtenir.
Il faut établir un rapport de force, appliquer de la pression et faire comprendre à la partie d’en face 1) que c’est dans son intérêt de répondre à nos demandes ou 2) que tout refus de sa part entraînera un coût qui risque d’être élevé.
Comme une grève, une révolte ou un ralentissement de travail.
Pour citer un film qui célèbre ses 50 ans cette année, il faut que tu fasses une offre que ton interlocuteur ne pourra pas refuser...
Voilà pourquoi Justin Trudeau n’a pas hésité une seconde à claquer la porte dans la face de François Legault lorsque celui-ci lui a demandé poliment qu’Ottawa transfère tous les pouvoirs en matière d’immigration au Québec.
Parce que Legault s’est présenté là les mains vides et en position de faiblesse.
Quoi qu’en pensent les petits lapins, la vie n’est pas un jardin de roses peuplé de licornes, mais un rapport de force.
Ce n’est pas celui qui a les plus beaux yeux qui gagne, ou celui qui est le plus gentil, c’est celui qui applique le plus de pression.
Comme le dit l’adage, «Les mendiants ne peuvent pas choisir...»
Le Joker
Avant, quand on négociait avec Ottawa, on avait une carte essentielle dans notre jeu.
La menace souverainiste.
Même Robert Bourassa l’a brandie au lendemain de la mort de Meech!
«Le Canada anglais doit comprendre de façon très claire que, quoi qu'on dise et quoi qu'on fasse, le Québec est, aujourd'hui et pour toujours, une société distincte, libre et capable d'assumer son destin et son développement.»
Je me souviens où j’étais quand j’ai entendu ce discours. J’étais au volant de mon automobile et j’ai failli faire un accident tellement cette sortie m’a surpris!
Aujourd’hui, elle est où, cette carte?
On s’apprête à la déchirer!
À la brûler!
La menace PKP
Le problème, aujourd’hui, est que le Québec ne fait plus peur à personne.
Pourquoi pensez-vous que les Canadiens anglais ne se gênent plus pour nous traiter de tous les noms dans leurs journaux?
Ils savent que nous sommes en position de faiblesse.
Legault le dit haut et fort: il ne jouera pas la carte souverainiste.
Il va se contenter de cogner à la porte d’Ottawa, comme un petit gars à l’Halloween... en espérant que le fédéral mettra beaucoup de bonbons dans son sac.
Rappelez-vous comment ont réagi les Canadiens quand Pierre Karl Péladeau est devenu chef du PQ.
Ils ont chié dans leurs culottes.
PKP aurait-il pu sortir le PQ des limbes? Aurait-il pu ressusciter l’option souverainiste?
On ne le saura malheureusement jamais.
Mais il leur a fait peur en simonac.
C’est ce qu’il manque au Québec.
Monsieur Legault est un bon gars.
Mais on ne renverse pas des rapports de force en étant bon.