Le sapin de Noël, quelle merveille

...de fils en aiguilles!

Tribune libre


J'ai reçu ce message ce matin. C'est un petit joyau que je vous partage. Cela fera changement des récriminations habituelles.
Ivan Parent
"Le sapin de Noël est en voie de disparition. Plusieurs commerces et endroits publics l’ont abandonné. Ils préfèrent afficher la neutralité plutôt que le roi des forêts. Pourtant, l’arbre du temps des Fêtes n’est pas un symbole religieux. Dans sa traversée du désert, Jésus n’a jamais vu de sapin. Aux noces de Cana, il n’a pas changé l’eau en bière d’épinette. Le Christ n’avait pas un petit sapin qui sent bon sur son chameau.
Suspendre des boules à une branche est un geste laïque. Même Bernard Drainville doit le faire. Ça remonte à bien avant Jésus-Christ. Le culte du vert sommet était courant dans l’Europe païenne.
Pourquoi décore-t-on un sapin ? Pourquoi ne décore-t-on pas un bouleau ou un peuplier ? Quel est donc l’exploit réussi par le conifère pour mériter une décoration ? C’est simple et extraordinaire à la fois, le sapin est un superhéros. Un survivant. Le sapin est plus fort que le froid et la mort. Le sapin est le symbole de la vie éternelle. Le seul être toujours vert. Pendant qu’en hiver, tous les autres arbres ont l’air de poteaux d’Hydro-Québec, le sapin demeure majestueux. Pendant que tous les autres ne sont que squelettes, le sapin est bien touffu, bien dodu. Pour le féliciter de son exploit, on le récompense. On l’invite chez soi.
Viens-t’en, mon sapin ! On tasse tous les meubles du salon pour le mettre bien en valeur. On le couvre de boules et de glaçons, puis on l’allume. Et on fait wow ! On le contemple, on le trouve beau. Dès que la visite arrive, on le pointe avec fierté : « As-tu vu mon arbre ? » Comme si c’était une Ferrari. C’est mieux que ça. C’est la vie. C’est un arbre, comme il y en a des millions dehors, mais dans notre maison, il est unique. Parce qu’on l’a choisi, qu’on l’a porté, installé et couvert de lumières.
Vous me direz que le 2 janvier, il va finir dans un sac vert, c’est vrai, mais au moins il aura été, durant quelques jours, plus important que notre télé, plus important que nos bébelles. Ses branches nous auront rebranchés sur l’univers vert.
En décorant un sapin, c’est à toute la nature que l’on offre la Légion d’honneur. Regardez un enfant, le jour où l’on fait un sapin, il n’en revient pas. Il trouve ses parents complètement fous. Entrer un sapin dans la maison, ça ne se fait pas ! C’est trop gros. C’est salissant. Ça met de la neige sur le plancher. C’est déraisonnable. Ça prend toute la place. Ça perd ses aiguilles. Ça sent fort. Ce qu’un enfant admire, pendant que vous décorez l’arbre avec lui, c’est plus que l’étoile sur la cime. Ce sont les étoiles dans vos yeux. Il ne savait pas que ses parents étaient aussi des enfants. Ça lui fait du bien. Ça le rassure. Il se sent plus près d’eux.
Alors pourquoi, si c’est si plaisant, les commerçants jouent-ils de plus en plus aux Scrooge ? Pourquoi gâchent-ils notre plaisir en ne faisant plus de sapins dans leurs établissements ? Ce n’est pas par respect pour ceux qui ne croient pas à Noël. La rectitude politique a le dos large. La vraie raison est la seule qui explique tous leurs gestes : pour sauver des sous. Ça paraît bien de dire que c’est par respect pour la clientèle, alors qu’au fond, c’est tout le contraire. La vue d’un sapin ne heurte aucune sensibilité, à moins que vous le frappiez à 140 km/h sur la 20. On se cache derrière cette excuse pour réduire les dépenses. Ils épargnent sur l’achat de l’arbre et le temps des employés qui le décorent. C’est ben moins de trouble. Les commerçants ne posent jamais de gestes irrationnels. Juste pour le plaisir. Juste pour être enfant. Tout est calculé. Avant, ils mettaient un sapin pour attirer des clients. Maintenant, ils pensent en attirer en n’en mettant pas. Ils se trompent.
Malgré tous les gigantesques buildings qui l’entourent, ce qui attire le plus les touristes à New York, durant le temps des Fêtes, ce qui les pousse le plus à lever la tête et à sourire d’admiration, c’est l’arbre du Rockefeller Center. Le sapin a toujours son pouvoir d’attraction.
Les vendeurs du Temple sont en train de se jouer un bien mauvais tour en réduisant le budget des décorations de Noël. Car en faisant disparaître tout ce qui met dans l’esprit des Fêtes, ils le feront perdre aux gens. Et le 25 décembre deviendra un jour comme les autres, un 6 avril. Donnez-vous des présents à tout le monde le 6 avril ? Non. Ce qui va sous le sapin, ce sont les cadeaux ; si le sapin disparaît, les cadeaux disparaîtront aussi. Et c’est tout leur chiffre d’affaires qui sera dans le rouge. Le rouge de la faillite, pas celui du père Noël.
Arrêtez de nous passer un sapin et remettez-le dans votre magasin ! Le sapin n’appartient pas aux chrétiens. Le sapin appartient à tous ceux qui ont déjà été enfants. Et vous en faites partie, même si c’est difficile à croire.
Joyeux sapin, tout le monde ! Je vous souhaite un beau Noël.
Le temps des Fêtes n’est rien d’autre que le temps de dire aux gens qu’on aime qu’on les aime. Je vous aime".







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2 commentaires

  • Serge Jean Répondre

    23 décembre 2013

    Votre éloge de notre beau sapin roi des forêts, m'a émerveillé. Merci beaucoup.
    Serge Jean

  • Archives de Vigile Répondre

    23 décembre 2013

    Un peu dans le même sens que votre texte, un article très pertinent sur Noël en France par Michel Geoffroy; comme quoi le phénomène de l'abandon des traditions de Noël s'étend dans tous les pays occidentaux de tradition chrétienne. Monsieur Geoffroy note:
    "Ainsi dans un certain nombre de pays anglo-saxons on ne veut déjà plus célébrer Noël au motif de ne pas « heurter » ceux qui ne sont pas chrétiens : on retire les sapins des écoles et l’on évoque les « fêtes » en général pour ne pas prononcer le mot maudit, au prétexte du multiculturalisme et de l’inclusion des allogènes. Lentement ce changement s’insinue aussi dans notre pays.
    En France on a choisi, en outre, manifestement de transformer Noël en fête de la consommation. L’offensive contre la symbolique identitaire de Noël prend ainsi la forme emblématique du marché : on met ainsi de plus en plus Noël sous le patronage de Mammon, le seul vrai dieu de l’oligarchie. On réduit Noël à une affaire de shopping, comme l’on dit."
    http://www.polemia.com/les-marches-de-noel-ca-suffit/