Le scénario néo-démocrate

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Le genre de spéculation qui accrédite des faussetés






Il y a quelques mois encore, on aurait difficilement imaginé le NPD prenant le pouvoir à Ottawa sans s’allier avec le PLC. Tout comme il avait fallu que l’Allian­ce canadienne s’unisse avec le Parti conservateur pour remporter les élections.




Mais il semble bien que l’histoire puisse s’écrire autrement. Le NPD pourrait bien gagner seul. Cela provoquerait un tremblement de terre à Ottawa.




Un gouvernement NPD créerait une situation politique inédite. Surtout, une partie importante de sa députation proviendra du Québec, où il semble bien qu’un très grand nombre de nationalistes, et même de souverainistes, voteront pour lui.




D’une certaine manière, il se retrouverait structurellement dans la position du Parti conservateur au milieu des années 1980, qui avait repris le pouvoir avec une puissante aile québécoise, elle aussi composée de nationalistes.




Le nationalisme




Que peut-on attendre de lui? D’un côté, le NPD est terriblement centralisateur. Il empiétera comme jamais sur les compétences provinciales. Santé, éducation, garderies, affaires municipales, rien ne l’arrête. Pour lui, le vrai gouvernement est à Ottawa. Et il a beau s’être modéré avec les années, il a encore un biais socialisant qui le pousse à croire que le gouvernement a la réponse à tous les problèmes.




Mais le NPD est aussi, des trois grands partis fédéraux aspirant à former le gouvernement, le seul qui reconnaît vraiment le droit du Québec à l’autodétermination comme il l’a fait avec sa déclaration de Sherbrooke.








Un gouvernement NPD créerait une situation politique inédite








Cela ne veut pas dire que ça lui plaît. Thomas Mulcair est un fédéraliste de la ligne dure. Mais il reconnaît la légitimité du projet souverainiste et il serait probablement prêt à consentir à l’indépendance si elle arrivait.




On peut, de là, extrapoler un peu. Nul besoin de se rendre jusqu’à l’indépendance pour tester la flexibilité du NPD sur la question nationale. Imaginons qu’il lance ses fameux program­mes pancanadiens empiétant sur les compétences du Québec.




Serait-il prêt à reconnaître au Québec un droit de retrait ou à lutter contre les dédoublements? Et si le Québec formulait des revendications précises, inscri­tes dans la logique du fédéralisme asymétrique, pourrait-il s’y ouvrir?




Quelles revendications ?




Le grand problème, c’est que de telles revendications n’existent plus. Le PLQ pratique devant le Canada anglais la soumission intégrale. Quant au PQ, il ne s’intéresse plus au Cana­da. Il veut l’indépendance et c’est tout. Il ne voit pas pourquoi il se contenterait d’en demander des morceaux. Il ne veut pas construire une société distincte dans le Canada, mais un pays normal délivré de son emprise. On le comprend.




Cela libère néanmoins un espace politi­que pour un nationalisme autonomiste. C’était l’espace traditionnellement occupé par le Parti libéral de Robert Bourassa ou par l’Union nationale. C’est désormais l’espace de la CAQ, qui pourrait devenir, en matière de relations interprovinciales, le meilleur interlocuteur du NPD.




Évidemment, la première est de centre droit et le deuxième est de gauche. Sur la question nationale, ils pourraient néanmoins se comprendre.




Spéculation hasardeuse, me répondra-t-on. Elle est néanmoins imaginable dans le scénario d’un gouvernement majoritaire néo-démocrate. Évidemment, dans un monde idéal, le prochain gouvernement fédéral, minoritaire, reposerait sur l’appui conditionnel du Bloc qui aurait aussi sa liste de revendications chirurgicales.




Mais ici, on passe du monde idéal au monde rêvé. Restons sur Terre.




 



 




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