Du projet au réel

Le temps reconquis

« S'il fallait attendre la perfection pour agir... » René Lévesque

Pauline Marois - entre urgence et prudence

Texte publié dans Le Devoir du lundi 1 novembre 2010
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Dans le débat qui se réanime présentement sur la question de l’avenir du Québec, nous sommes tous d'accord sur le principal : la langue française, la dignité pour chacun et une lucidité... solidaire! Très bien, mais encore? Sans une juste régulation de l’État, il n'y a ni épanouissement des personnes ni bonheur de vivre ensemble.
En effet, les missions modernes des pouvoirs publics sont d’assurer l'harmonie sociale, bonifier la qualité de vie, réglementer un néocapitalisme sauvage, régénérer une économie désormais globalisée et garantir la richesse partagée. Pour réaliser ces travaux herculéens, n’est-ce pas que seul un État fort peut remettre au centre des préoccupations, à la fois la liberté des personnes, le bien commun et la prospérité?
Nous sommes toujours nombreux à croire que, pour atteindre ces nobles objectifs, l’indépendance du Québec est essentielle. Nous aspirons à la complète liberté de nos choix et à la pleine maîtrise de nos moyens de développement. Le fédéralisme canadien a trop rétréci les espaces du rêve et des possibles devant nous. Il n’y a plus d’autre alternative à notre affirmation identitaire, à l’équilibre de nos finances publiques et à la prise en compte des nécessités sociales, économiques et mondiales contemporaines, que la souveraineté du Québec.
Avant de mener avec succès une prochaine offensive référendaire, considérons avec précision nos forces d’attaque, les fenêtres d’opportunité et les manœuvres de nos adversaires. Ces dernières pèsent lourd dans la balance, depuis le référendum de 1995 aux résultats quasi égaux.
Impatients d’accéder à l’indépendance de leur pays, quelques gérants d'estrade ruent dans les brancards avec des stratégies et des tactiques brouillonnes en exigeant, par exemple, un référendum rapide ou en sapant assidûment le leadership des dirigeants du Parti québécois. Ces empressements créent un climat de panique, de lassitude ou pire, de désengagement politique. Il n'y a de moments favorables que ceux que l'époque nous présente. Et, aller contre les vents dominants peut nous conduire à un naufrage désastreux.
D'illustres hommes politiques, comme Charles de Gaulle ou Winston Churchill, ne sont passés à l'Histoire que parce qu'ils ont eu pour destinée de voir leur caractère coïncider avec un grand événement. Chez nous, trop de nos renommés chefs politiques – René Lévesque, Jacques Parizeau, Lucien Bouchard – ont mené avec acharnement le combat de notre libération nationale, dans un environnement politique alors relativement propice... et ils ont abandonné. Un regret lancinant persiste : pourquoi les chefs du Parti québécois n’ont-ils pas repris la lutte dès le lendemain des deux échecs référendaires… qui ont fait avancer le projet souverainiste jusqu’à près de 50 % des votes exprimés?
La situation ne laisse pas de repos.
Pour le moment, je fais confiance au courage et à la manière de Pauline Marois, et à sa jeune et brillante équipe, pour nous mener là où la conjoncture ouvrira des possibles. Je la jugerai, comme premier ministre, au terme de ses cent premiers jours.
D'ici là, appliquons cette mise en garde de René Lévesque : «S'il fallait attendre la perfection pour agir, rien ne serait accompli dans ce monde». Alors, actions patientes! Force tranquille.
À l’âge postmoderne caractérisé par la complexité et les technologies, la communication – a fortiori le message sur l’avenir politique du Québec – exige une adaptation constante par rapport aux contenus, aux médias et aux moments.
C’est Jacques Parizeau, je crois, qui disait que faire de la politique c’est savoir surfer vague par vague, mais que parfois il s’avérait plus prudent d’en façonner quelques-unes soi-même!
La démocratie étant toujours une affaire d’accès à l’information, d’échanges constants, de débats publics, de participation civique et au mieux, d’engagement politique, ne serait-il pas heureux que le Parti québécois convie les acteurs de la société civile, les citoyens des régions et les surfeurs des réseaux sociaux sur Internet – avant les prochaines élections –, à des chantiers mobilisateurs sur les enjeux les plus décisifs de l’heure?
Gardons comme alliés nos idéaux, le réel têtu, l’expérience terrain, une démocratie participative réinventée, et surtout… les passions de la liberté, de la fierté et de la joie de vivre de nos compatriotes.
Gilles Châtillon
Montréal, 27 octobre 2010
L’auteur a dirigé les Commissions régionales et la Commission nationale sur l’avenir politique du Québec précédant la tenue du référendum du 30 octobre 1995 qui invitait les Québécois à se prononcer, pour une seconde fois, sur la souveraineté du Québec et qui fut rejeté par 50,58 % des votants.

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En un mot, j'aspire à être un humaniste en quête de
d'égalité et de solidarité. Une espèce rare et en perdition.

Ma vie professionnelle débute dans l'enseignement, du primaire à
l'université (1963-1970). Pour la suite, à titre de haut fonctionnaire au
Conseil exécutif du Gouvernement du Québec (1977-1984), j'ai facilité le
dialogue social et la concertation au Québec en dirigeant les Conférences
socio-économiques – les 52 « sommets » – ainsi que les dix-sept
Commissions régionales et nationale sur l'avenir politique du Québec.

De 1990 à 2006, j'ai été président-directeur général du Cercle des
présidents du Québec, un réseau sélect de 80 PDG de grandes entreprises du
Québec INC. à l'affût des signaux faibles des futurs possibles pour
éclairer leur gouvernance.

Professeur, administrateur public, dirigeant et consultant d'entreprises,
aussi carnetier sur le Web, je suis diplômé en philosophie, en pédagogie et
en administration (MBA). J'ai œuvré au sein de gouvernements, de
coopératives et d'entreprises privées.

Aujourd'hui, je suis à créer L'institut Québec – Le Monde, un lieu
de réflexion, de propositions et d'influence réunissant des experts et des
universitaires, des gens d'affaires et des artistes, des travailleurs et
des citoyens, des seniors et des jeunes, tous habités par l'idée que
l'avenir ne sait pas attendre et qu'il vaut mieux le convoquer soi-même.





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