Le vrai Harper

Ottawa - "Énoncé économique" et crise politique



Stephen Harper fait peur à bon nombre de Canadiens qui le jugent entêté et trop à droite. Pendant la dernière campagne électorale, le chef conservateur a donné de lui-même une image rassurante, se présentant comme un leader responsable, le seul capable de gérer le pays en temps de crise économique. Sur cette base, des millions de Canadiens lui ont fait confiance.
Jusqu'au congrès du Parti conservateur il y a deux semaines, M. Harper semblait vouloir respecter ce contrat moral qui le liait aux électeurs. «Nous devrons être forts et pragmatiques, et non pas irréalistes ou idéologiques, quand nous relèverons les défis économiques complexes auxquels nous sommes confrontés», a-t-il dit à ses militants.

L'énoncé économique et financier présenté jeudi aux Communes révèle qu'en réalité, Stephen Harper reste animé par une obsession: affaiblir ses adversaires, en particulier le Parti libéral, afin que le Parti conservateur devienne le «natural governing party» du Canada. Devant cette obsession, même la pire récession mondiale depuis les années 30 passe au second plan.
Le premier ministre n'a donc aucun scrupule à utiliser la crise pour camoufler une manoeuvre honteuse visant à asphyxier financièrement les autres formations. Il n'hésite pas non plus à se servir du marasme pour faire adopter en douce des mesures destinées à plaire aux esprits les plus étroits de son parti.
C'est ainsi que l'énoncé de M. Flaherty prévoit laisser tomber le système d'équité salariale mis en place au niveau fédéral. Pourquoi? Pourquoi maintenant? Quel rapport avec les turbulences économiques?
«Nous devons écouter tous les citoyens, qu'ils nous soutiennent ou non», a aussi dit M. Harper il y a deux semaines. S'il écoute les Canadiens pendant le week-end, le premier ministre comprendra qu'une très grande majorité d'entre eux désapprouvent sa conduite et souhaitent qu'il désamorce cette crise politique créée de toutes pièces. Au moment de mettre sous presse, les signaux en provenance d'Ottawa étaient encourageants: la motion mise aux voix lundi soir ne mentionnerait pas les changements proposés au financement des partis politiques.
Si le libellé de la motion écarte les aspects le plus nocifs de l'énoncé, l'intérêt public dictera à l'opposition de ne pas battre le gouvernement. De tous les scénarios, c'est de loin le plus souhaitable.
Toutefois, si jamais le texte contient des éléments de provocation délibérée, on comprendra que les partis de l'opposition défassent le gouvernement. On ne peut quand même pas leur demander d'avaler toutes les couleuvres que leur servent les conservateurs.
Il ne saurait être question que les Canadiens retournent aux urnes trois mois seulement après le scrutin précédent. Libéraux et néo-démocrates devront s'entendre sur un programme de gouvernement, le NPD laissant tomber les éléments les plus simplistes de sa plateforme en faveur du pragmatisme exigé par la crise.
Si le premier ministre finit par entendre raison, il restera au pouvoir. Toutefois, sa crédibilité sera gravement minée. On sait, désormais, qui est le vrai Stephen Harper.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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