Législatives au QUÉBEC - 2012

Leçons d'une élection en 10 points

Leur travail de sape, presque imperceptible, de tout ce qui était porteur de souveraineté a permis aux libéraux de la Province de garder 50 sièges.

Tribune libre

À présent que le rideau sur la scène de la campagne électorale est baissé, il importe à présent, d'une part de panser les blessures de celles et de ceux qui n'ont pas gagné la confiance des électeurs qu'ils soient Libéraux, Péquistes, Caquistes ou solidaires et d'autre part de laisser sécher les larmes de joie de celles et de ceux qui ont réussi l'examen de passage.

Les faits saillants sont souvent parlants et significatifs disent les politologues, les spécialistes et les observateurs avertis. Prenons quelques-uns que je classe parmi les dix plus novateurs générés par cette campagne électorale.

1. L'Attentat qui vraisemblablement avait pour cible la vainqueur de ces législatives et qui s'est terminé par un mort, un blessé et un trauma béant dans la démocratie Québécoise incitera sans aucun doute les principaux concernés à revoir en premier lieu la sécurité des élus et la sureté de l'environnement ambiant dans lequel ils baignent. Le fondement même d'une telle sécurité exige que la violence, qu'elle soit le fait d'un acte isolé ou d'un groupe organisé, soit bannie. Mais en tout état de cause cet acte donne à réfléchir.

2. Pour la première fois depuis que les femmes québécoises ont obtenu le droit de voter le 25 avril 1940, c'est une femme, chef de parti, qui est élue Première Ministre de la Province.

3. Ces élections voient aussi la consécration d'un jeune, Léo Bureau Blouin, devenu, à force de persévérance et de détermination dans la mobilisation des forces vives de la jeunesse québécoise, le plus jeune parlementaire de l'histoire de la province. Leader talentueux parmi ceux du mouvement estudiantin, il a su se tailler une place solide dans une forteresse libérale face à un ténor de cette mouvance. LBB a avec ses coreligionnaires réveillé la société québécoise et la sortie de sa somnolence.

4. C'était devenu quasiment la nécessité du moment que de voir, après sa belle prestation, lors du 1er débat des chefs, la féministe Françoise David se faire élire dans son quartier contre un adversaire solide du Parti Québécois qui aspirait à un autre mandat. Le score final a été sans appel.

5. Nicolas Girard et Djemila Benhabib, pour ne citer que ces deux candidats, ont été défaits. Leur parcours inhabituels font de l’une et de l’autre deux éléments essentiels de la configuration nouvelle que le PQ voudra se donner en perspective des prochaines échéances qui, selon toute vraisemblance, se tiendront à moyen terme.

6. La non élection du Premier ministre sortant dans son propre comté pourrait être interprétée comme la réponse donnée à son arrogance et à son obstination par une population excédée et offusquée par les présomptions de corruption qui minaient son gouvernement.

7. Le taux de participation lors de cette élection a été, selon le DGE, de 74,64 % et 54 042 bulletins ont été rejetés. Il y avait 5.919.778 personnes inscrites sur la liste électorale pour l'élection, ce qui donne 4.146.798 citoyens qui se sont exprimés. Une force démocratique qu'il faudra considérer avec une attention particulière lors des prochaines échéances.

8. Alors que 14 anciens députés ne ses sont pas représentés, tous les transfuges des vieux partis vers la Coalition Avenir Québec (CAQ) n'ont pas été réélus. C'est là un facteur - celui de la fidélité aux convictions - que les électeurs apprécient différemment. Gare aux prochains!

9. Les grandes idées des programmes électoraux des partis en lice ne seront pas réalisés notamment la souveraineté et la charte de la laïcité par le PQ, la création des 250.000 emplois par le PLQ, la suppression des commissions scolaires et de l'agence de la santé par la CAQ, la gratuité de l'éducation nationale et l'élimination de la suprématie de la Loi sur les mines par QS.

10. Enfin deux autres éléments ont retenu mon attention, le premier est celui de la place des grands titres de la presse écrite et des médias audio-visuels de la province. Les uns comme les autres n'ont eu de cesse à délivrer des messages à forte connotation fédéraliste, ce qui a sans aucun doute influé sur les suffrages exprimés. La subjectivité était non seulement avérée par les éléments d'analyse et les commentaires servis sur les différents plateaux et aux différents micros, notamment autour des sondages, mais il y avait le contenu des messages totalement orientés et brillant par leur uniformité. Il n'est pas question ici des médias du Reste Of Canada.

Le second paramètre est que la disparition du Bloc Québécois a laissé la porte grande ouverte aux fédéralistes de tous bords. Leur travail de sape, presque imperceptible, de tout ce qui était porteur de souveraineté a permis aux libéraux de la Province de garder 50 sièges.

Le paysage politique au Québec est en transition depuis le 04 septembre
2012. Les paramètres de ce changement sont perçus différemment. Ils balisent la voie à suivre par celles et à ceux qui ont une vision d'un Québec à plusieurs facettes et, il ne saurait en être autrement.

Ferid Chikhi

De Longueuil

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Algéro-Canadien, Ferid Chikhi vit au Québec depuis 2001. Conférencier et formateur, il est membre de plusieurs groupes et collectifs d’études. Contributeur de presse il est auteur d'articles, de réflexions et d'analyses tant politiques qu’économiques. Il a publié divers textes sur les problématiques d’accueil et d’intégration des immigrants au Québec. Ferid est membre du Conseil d'administration des IPSOs ; membre fondateur de l'Association des Nord-Africains pour la Laicité (AQNAL) ; membre du Groupe d'Études et de Réflexions Méditerranée Amérique du Nord (GERMAN) et l'animateur du site www.convergencesplurielles.com





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