Les dérapages du multiculturalisme

Multiculturalisme - subversion intégrale! - 2


La décision des autorités scolaires ontariennes d'accéder aux demandes d'établir des écoles à vocation «noire» illustre la nature cyclique des opinions et croyances.
Il y a 50 ans les citoyens noirs des États- Unis, assistés d'autres éléments progressistes, réussirent à convaincre la Cour suprême des États-Unis que le slogan de la ségrégation «séparé mais égal», veut dire «inégal» en pratique. Cette proposition demeure la pierre angulaire de l'idéologie de la démocratie sociale. Pourtant, quand les chefs de la minorité la remettent en question, trop souvent nous finissons par acquiescer.
Bien sûr, notre gêne vient du constat évident que l'intégration n'a pas donné la véritable égalité et que les citoyens noirs n'ont pas atteint la parité économique et sociale. Cependant, un repli vers un communautarisme noir ne peut avoir qu'un effet désastreux.
Même si les nouvelles écoles seront techniquement ouvertes à tous, il est certain que la ségrégation sera totale parce que les autres citoyens ne seront pas intéressés par un curriculum concentré sur la construction d'une culture noire. De plus, d'autres minorités ne manqueront pas de demander les mêmes privilèges. Lors de la récente élection provinciale, les citoyens de l'Ontario ont rejeté le financement des écoles religieuses. Maintenant, une décision administrative semble les condamner à une fracturation du système d'éducation sur une base raciale.
Il faut dire que la notion d'école noire est particulièrement problématique. Comment définit-on la culture noire? Est-elle africaine, antillaise ou américaine? Anglophone ou francophone? Existe-t-il une culture blanche qui correspond à ce concept?
Enfin, pourquoi faut-il que les étudiants à peau foncée étudient surtout l'histoire ou la littérature des gens de la même couleur? Aucune donnée scientifique n'attribue des qualités culturelles ou intellectuelles à la couleur. Il est évident que la ségrégation a pour effet de créer des distinctions où elles n'existent pas.
Problèmes d'intégration
Il est facile de blâmer le dérapage ontarien sur l'idéologie du multiculturalisme. Dépourvue de tout contenu sérieux, cette idéologie se prête facilement à des projets pernicieux comme celui-ci. Mais le Québec qui rejette le multiculturalisme n'est pas à l'abri.
Depuis des décennies et contrairement aux autres provinces, nous subventionnons plusieurs réseaux d'écoles privées minoritaires, notamment les écoles arméniennes, juives, grecques et musulmanes. Il y a 40 ans, la majorité des membres de ces groupes fréquentaient l'école publique. C'est de moins en moins le cas. Ceci a un effet profondément négatif sur la qualité de nos écoles publiques en les privant de beaucoup d'excellents étudiants. D'ailleurs, contrairement à la situation des Noirs, il n'existe aucune preuve d'une injustice ou discrimination majeure envers ces minorités dans notre société.
La fragilité du français rend cela encore plus grave. Ce n'est pas au niveau collégial ou universitaire où les institutions de langue anglaise rendent un grand service au Québec qu'il faut intervenir, mais bien au niveau secondaire.
La présence de la ségrégation ethnique augmente les difficultés de la francisation. Ce n'est pas tellement la langue qui constitue le problème principal puisque les écoles ethniques observent la loi 101, mais l'absence d'une intégration culturelle ou sociale entre les citoyens de toutes les origines. Les barrières qui devraient disparaître restent en place d'une génération à l'autre.
Ceux qui souhaitent vivre dans une société d'égalité, de solidarité et de justice sociale doivent donc rejeter systématiquement les demandes de ségrégation. Qu'elle soit ou non bien intentionnée, la nouvelle initiative ontarienne est rétrograde. Nous devons plutôt nous interroger sur la meilleure façon de fusionner tous les systèmes scolaires.
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