LA ROMAINE

Les Innus doivent négocier, dit Québec

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Couillard choisit un bien mauvais dossier pour se montrer paternaliste

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, presse la communauté de la réserve de Nutashkuan de privilégier la voie de la négociation à celle de la confrontation, qui est vouée à l’échec.

« Il faut choisir dans la vie. On choisit la voie de la négociation ou on choisit la voie de la confrontation. La voie de la négociation risque de réussir, celle de la confrontation ne réussira pas », a-t-il déclaré en marge du Conseil de la fédération jeudi après-midi.

Le ministre responsable des Affaires autochtones, Geoffrey Kelley, avait demandé en début de journée au chef Rodrigue Wapistan de lever la barricade bloquant l’accès au mégachantier de La Romaine, à proximité de Havre-Saint-Pierre. Il a appelé le leader de la communauté innue à « retourner à la table [des négociations] ». Personne ne veut revivre la crise d’Oka, qui, « il y a 25 ans, n’a fait que des victimes », a-t-il souligné lors d’un impromptu de presse.

M. Wapistan a posé une condition : un tête-à-tête avec le premier ministre Philippe Couillard, à Havre-Saint-Pierre, afin de trouver une issue au bras de fer entre Nutashkuan et Hydro-Québec. Les protestataires estiment que la société d’État bafoue leurs droits territoriaux sur la Côte-Nord en « mett[ant] en péril » l’environnement avec son mégaprojet hydroélectrique.

Le chef du gouvernement québécois n’a pas acquiescé à sa demande. « Ce n’est pas à moi de dire aux Innus qui serait leur représentant. Ce n’est pas à eux de [dire] qui sera notre représentant », a fait valoir M. Couillard. « C’est impossible. Si tout le monde commence à bloquer des routes pour avoir accès au premier ministre… la société ne peut pas fonctionner comme ça », a affirmé de son côté M. Kelley.

Les Innus persistent

Sans tarder, les Innus ont fait savoir au gouvernement Couillard qu’ils bloqueront l’accès au chantier de la Romaine jusqu’à ce que le premier ministre accepte de les rencontrer en personne. « Nous avons suffisamment perdu notre temps à discuter avec les fonctionnaires d’Hydro-Québec et du gouvernement sur des questions qui nous touchent et sur lesquelles nous devrions avoir les pleins pouvoirs, a fait valoir le chef Wapistan. Le non-respect par Hydro-Québec de l’entente Nanemessu-Nutashkuan conclue en 2008 avec notre communauté n’est qu’un des exemples de la mauvaise foi du gouvernement à notre égard. »

La société d’État répond que cette entente — confidentielle — est respectée et que des discussions sont actuellement en cours avec une entreprise de la communauté pour confier des travaux à venir.

Le ministre responsable des Affaires autochtones a qualifié de « minimes » les impacts du barrage de la route menant au chantier d’Hydro-Québec sur la rivière La Romaine. « À court terme, pas sûr qu’il y ait des coûts liés à ça », a-t-il dit.

De son côté, la porte-parole d’Hydro-Québec Marie-Élaine Deveault a indiqué que les travailleurs qui voulaient quitter le chantier jeudi ont pu le faire. « C’est certain que plus le temps va passer, plus les impacts pourraient se faire sentir », a-t-elle précisé.

Si elle le souhaite, Hydro-Québec pourrait ordonner le démantèlement de la barricade grâce à une injonction valide jusqu’en septembre, précise Mme Deveault. Aucune démarche n’a été faite en ce sens pour l’instant.

« Une injonction d’Hydro-Québec ne ferait qu’attiser notre colère et notre détermination. Ce dossier est de nature politique, pas juridique », a réagi le chef Rodrigue Wapistan.

Par ailleurs, le ministre Kelley s’expliquait mal la levée de boucliers des Innus de Nutashkuan. Les négociations entre la nation innue et le gouvernement du Québec vont « bon train », a-t-il soutenu. « On fait beaucoup avec les Innus actuellement », a poursuivi M. Couillard, disant du même souffle être disposé à conclure avec les représentants innus une entente de cogestion forestière calquée sur celle avec les Cris.

M. Kelley s’est engagé à relire l’Entente Nanemessu-Nutashkuan conclue entre la communauté et le gouvernement en juillet 2008 « pour s’assurer que les obligations [y figurant] ont été respectées ».

Le Secrétariat aux affaires autochtones et le ministère de la Sécurité publique demeureront en « contact constant » aussi longtemps que les barricades tiendront, a-t-il précisé.


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