Un an après la première victoire électorale des troupes de Jean Charest, Le Devoir reprenait certains extraits d’un débat tenu dans les pages de la revue Éthique publique sur le thème « Que reste-t-il du bien commun ? » Le 26 juillet 2004, le journal nous présentait l’intervention de son ex-journaliste Jean-Pierre Proulx, alors président du Conseil supérieur de l’éducation.
L’article, intitulé « L’éducation, un bien commun très particulier », réaffirmait la position du CSE et les grandes lignes de son rapport annuel 2000-2001 sur la nature du bien que constituent l’éducation et les fonctions de l’État dans le domaine. Le titre du rapport : À qui appartient l’école ? Une lecture à reprendre à la lumière du conflit étudiant.
D’abord, il y est question de l’éducation comme d’un bien public encadré par certaines normes et certains principes philosophiques universels qui, au Québec, ont été intégrés dans la législation. Pour Jean-Pierre Proulx, la responsabilité de l’État en éducation tient précisément à son caractère public.
Ainsi, le CSE stipule que « l’organisation et le fonctionnement [de l’éducation] relèvent de la responsabilité de la société dans son ensemble et de ses instances politiques », ou encore que « l’État doit assumer un rôle fondamental quant à l’organisation, au financement et à la gouverne d’un système d’éducation qui ne saurait être confié à la seule responsabilité des individus, des familles ou de groupes privés ».
Liberté de conscience
L’auteur rappelle que, pour le CSE, « l’État est une réalité plurielle qui recouvre aussi bien l’Assemblée nationale, le gouvernement que le ministre et le ministère de l’Éducation ». En effet, rappelons que l’une des conséquences de la (re) création d’un ministère de l’Éducation au Québec a été d’imposer à la liberté académique un détour par l’État démocratique.
Le CSE insiste sur le fait qu’il n’appartient pas à cet État, par-delà la question de la gouverne, de monopoliser l’éducation et d’imposer une conception de la vie bonne, ce dernier point devant être laissé à la liberté de conscience des citoyens et des parents.
Actions possibles
Ainsi, et pour l’essentiel, le CSE réitérait, au nom du caractère public de l’éducation, la nécessité de situer l’organisation d’ensemble du système, y compris les questions du financement, dans le processus politique démocratique. Si cette vision est toujours valide, quelles sont les actions possibles pour les parties impliquées ?
Pour les étudiants, la grève demeure un recours. Aux employés de l’État qui à la fois comprennent le sens de l’institution et voient la nécessité et le sérieux de la désobéissance dans la situation actuelle, on peut rappeler cette phrase qu’Henry David Thoreau réserve au fonctionnaire : « Si vous voulez vraiment faire quelque chose, démissionnez. » Il semble que personne n’en soit là. Mais ce n’est pas dire que la gronde est sans fondement.
À l’électorat de parler
En conférence de presse vendredi dernier, le premier ministre a rejeté avec force la suggestion voulant que les propositions gouvernementales fussent le fruit d’une tactique électorale. Peut-être faut-il le croire.
Néanmoins, il se peut que les libéraux soient obligés de recourir au processus démocratique au nom des prérogatives de l’État, ou plus vraisemblablement, au nom de leur légitimité à les incarner, pour pouvoir mettre fin aux perturbations.
Comme le signalait l’intègre député Louis Bernard, par ailleurs docteur en droit, sur son blogue : il faudra ultimement laisser à l’électorat la décision finale de ce dossier.
Grève étudiante
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