Plaines d’Abraham

Les patriotes craignent une véritable bataille

Voir l’armée britannique prendre d’assaut les Plaines, même dans le cadre d’une reconstitution historique, ne fait pas ­l’affaire de nombreux souverainistes, même parmi les plus modérés.

1759-2009 : la résistance




Voir l’armée britannique prendre d’assaut les Plaines, même dans le cadre d’une reconstitution historique, ne fait pas ­l’affaire de nombreux souverainistes, même parmi les plus modérés. Archives Le Journal de Québec
Agence QMI Michel Hébert - La commémoration de la bataille des Plaines d’Abraham profite au mouvement souverainiste mais ­plusieurs caressent des projets de violence extrême.

«Si les deux camps restent braqués, ce ne sera pas joli sur les Plaines, cet été», laisse tomber Patrick Bourgeois, militant du Réseau Résistance du Québécois, une branche radicale du mouvement souverainiste du Québec. «Mais c’est sûr que, nous, on ne lâchera pas», ajoute-t-il.
Jamais depuis dix ans, voire depuis la création du Québécois en 1996, la ferveur souverainiste n’a été aussi vive.
Les livres et les T-shirts à caractère patriotique s’envolent comme des petits pains chauds. Nul doute que l’idée de commémorer la victoire de Wolfe a mis le feu aux poudres. Même chez les modérés.
«J’ai jamais rien vu de tel. Du monde de partout, tout le temps. Les gens nous appellent, les dons de cent dollars, on en a tous les jours. Des lettres d’appui, on en a reçu plus de 3300 en trois jours», nous a-t-il dit, hier.
Appréhensions
Mais Patrick Bourgeois et le RRQ appréhendent la suite des choses. «Il y en a qui nous font toutes sortes de suggestions. Des citoyens ordinaires, pas des militants du PQ ou du Bloc. Mais il y en a qui y vont pas mal raide. Très raide même. Ils disent vouloir tirer des «paint balls» mais il y en a d’autres qui veulent pas juste ça. Ils font de véritables appels au meurtre», nous a confié M. Bourgeois au cours d’un entretien, hier.
Le RRQ prépare son plan de match pour saboter le projet de la Commission fédérale des champs de bataille nationaux de célébrer le 250e anniversaire de cet événement qui a fait basculer le Canada aux mains des Britanniques en 1759.
«Une opportunité unique et ponctuelle pour accroître la visibilité du gouvernement fédéral dans la ville de Québec», signale le dernier rapport annuel de la commission (qui ne nous a pas rappelé, hier).
Que les fédéralistes veuillent bomber le torse met le cinéaste Pierre Falardeau hors de lui. «On va leur en faire un hos… de party. On va aller leur brasser le cul aux loyalistes», nous a-t-il dit, hier.
Les jeunes
Il est fier des jeunes souverainistes qui, selon lui, «sauvent l’honneur de notre peuple pendant que les vieux dorment au gaz». Surtout les péquistes. Selon Falardeau, Ottawa veut profiter du 250e anniversaire de la bataille des plaines d’Abraham pour consolider son pouvoir politique.
«Eux autres, ils jouent pour gagner, avec de l’argent. Nous autres, on se promène avec des balounes, pis on fait des chansons. Mais là, les fédéralistes, ils veulent montrer qu’on s’est fait fourrer à l’os. Ça marche plus», ajoute-t-il, intarissable.
«Il n’y a qu’en Irlande du Nord où on voit les protestants parader pour commémorer la défaite des catholiques. Et on sait ce que ça donne», dit-il encore.
Pour Patrick Bourgeois, les risques de violence sont grands. Lui-même reçoit des menaces ces temps-ci. Les souverainistes appréhendent aussi l’intervention éventuelle de la police, comme aux premiers jours du mouvement souverainiste.
«On me dit qu’on va me péter la gueule si je débarque à Québec. On va avoir besoin d’un gros dispositif de sécurité parce qu’il y a trop de monde qui s’en promet. Ça risque de virer en Samedi de la matraque Prise Deux», craint-il.
Le Réseau résistance du Québécois profite toutefois de cette controverse et a désormais des antennes à Sherbrooke, Gatineau, Trois-Rivières, Montréal, etc. Tous ses membres, des milliers maintenant, promettent de converger vers Québec au jour J.


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