Garderies privées

Les propriétaires sont généreux par intérêt pour la démocratie, dit Charest

Si on lui demande qui sont ses amis, Charest répond: NON, pas d'enquête là-dessus, et il s'imagine que tout a été dit...

Robert Dutrisac - Québec — Le premier ministre Jean Charest a soutenu hier que la générosité des propriétaires de garderie privée envers le Parti libéral du Québec s'explique par leur intérêt pour la démocratie.
Accusé par la chef de l'opposition officielle, Pauline Marois, de tolérer l'échange de places en garderie contre des contributions au PLQ, Jean Charest a répliqué que le Parti québécois établissait des liens qui n'existaient pas. «Si chaque fois que quelqu'un fait une contribution à un parti politique il faut faire un lien, on n'est pas sortis de l'auberge», a-t-il fait valoir lors de la période de questions à l'Assemblée nationale.
Selon le chef libéral, de nombreux propriétaires de garderie s'intéressent à la politique. «Le bon sens le dit, on ne va pas se compliquer la vie: il doit y avoir plein de gens qui sont dans des services de garde qui s'intéressent à la démocratie et à la politique, et on les encourage à le faire.»
Pauline Marois a rappelé que 1600 des 18 000 places attribuées depuis 2008 l'avaient été à des donateurs au PLQ, qui ont contribué pour plus de 130 000 $ à la caisse du parti, et que six membres de l'exécutif de la circonscription de LaFontaine du ministre Tony Tomassi avaient obtenu 350 nouvelles places.
Le député de Gouin et porte-parole de l'opposition officielle en matière de services de garde, Nicolas Girard, est revenu hier sur le fait que Tony Tomassi, contrairement à ce qu'il avait affirmé, avait lui-même attribué, depuis qu'il est ministre, des places en service de garde, soit 435 places à 34 services de garde, selon les données fournies par le ministère à La Presse. Vingt-trois centres de la petite enfance ont obtenu 224 places, alors que 11 garderies privées se sont partagé 211 places. Une majorité des garderies favorisées, six en tout, sont dirigées par des administrateurs ou des actionnaires qui sont des amis de M. Tomassi ou des donateurs à la caisse du PLQ. Le député de Gouin a déposé des lettres, signées par le ministre et datées du 27 novembre 2009, annonçant l'octroi de ces places à ces garderies.
Tony Tomassi s'est défendu en expliquant qu'il s'agissait d'une réaffectation et non pas d'une attribution de places. Il s'agit de places octroyées en 2008 par la ministre d'alors, Michelle Courchesne, que les promoteurs n'avaient pas réussi à fournir. «Quatre-vingt-dix pour cent des places qui ont été réaffectées étaient [dans] des services de garde qui existaient déjà», a-t-il signalé.
Par ailleurs, Nicolas Girard a révélé qu'un ami d'enfance du ministre et militant libéral, Joe Magri, qui a obtenu 130 places pour deux garderies privées à Montréal-Nord et à Blainville, s'est associé au Groupe Nemo dans sa garderie de Montréal-Nord. Or le principal actionnaire du Groupe Nemo est Frank Scaringi, un organisateur politique du ministre et un ex-membre de son exécutif. Évaluateur d'assurances de métier, M. Scaringi avait lui obtenu 67 nouvelles places pour une garderie à Mirabel.


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